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France Inter : Trips sur ordonnance : quand la médecine psychédélique peut soigner

NDLR : Une émission qui permet de découvrir l’usage de stupéfiants sous un jour favorable, dans le cadre d’un usage médical supervisé. Pour en savoir plus, écoutez l’émission... Et de signer cette pétition "Psychedelicare à l’échelle européenne https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-08-janvier-2025-1184073

Avec
Dominique Nora : Ex-directrice de la rédaction de l’Obs ;

Plusieurs décennies après l’interdiction des substances psychédéliques, les études sur leur potentiel médical repartent de plus belle. L’enjeu est grand : répondre à l’impasse thérapeutique de nombreuses personnes. Voyage dans les médecines psychédéliques et les défis qu’elles soulèvent.

Dans les champs d’Europe, un champignon discret mais redoutable, l’ergot de seigle a semé la terreur pendant des siècles parasitant les céréales. Cette petite sclérotique noire provoquait chez ceux qui le consommaient des brûlures internes, des hallucinations et des gangrènes. Au début du XXᵉ siècle, alors que les mystères de l’ergot de seigle attirent l’attention des chercheurs, les laboratoires Sandoz de Bâle décident d’explorer les propriétés pharmacologiques des composés qu’il renferme. Et en 1918, est identifié l’ergotamine, l’un des alcaloïdes toxiques du champignon.
Cette découverte ouvre la voie à des avancées médicales notables, notamment dans le traitement des migraines et des troubles circulatoires. Et puis dans les années 1930, un jeune chimiste suisse, Albert Hoffmann, cherche à synthétiser des dérivés capables de réguler la pression sanguine. C’est ainsi qu’en 1938, il crée un composé inédit, le LSD 25 ou acide lysergique diethylamide.

Le 19 avril 1943, Albert Hoffmann réalise une auto expérimentation en prenant une dose de 250 microgrammes de LSD 25

Cette dose, qu’il croit modeste, représente en réalité une quantité colossale pour une substance aussi puissante. Peu après, il ressent des étourdissements, des angoisses et des troubles de la vision. Le trajet de retour à son domicile effectué à vélo entrera dans l’histoire. Alors qu’il pédale, son champ de vision se transforme en un kaléidoscope de couleurs mouvantes. Les arbres, les maisons, et même le ciel semblent distordus et vibrants d’énergie. Arrivé chez lui, Hoffmann est plongé dans un tourbillon d’hallucinations, alternant entre des formes terrifiantes et des visions d’une beauté transcendantale. Le lendemain matin, il se réveille en pleine forme, convaincue d’avoir découvert une substance aux propriétés psychiques et thérapeutiques extraordinaires.

Hoffmann surnomme le LSD son enfant à problèmes, car si la molécule est prometteuse, elle suscite immédiatement des débats intenses. Les laboratoires Sandoz mettent le LSD à disposition des chercheurs et de nombreuses études sont menées dans les années 1950 et 1960. Les résultats sont parfois spectaculaires. Le LSD aide certains patients à surmonter des traumatismes, des dépressions profondes ou des addictions. Cependant, les effets imprévisibles et les risques de bad trip limitent son adoption à grande échelle. Dans les années 1960, le LSD quitte les laboratoires pour pénétrer la contre culture en suscitant l’inquiétude des gouvernements. Classé comme substances illégales en 1966, son usage thérapeutique est interdit. Marquant un coup d’arrêt brutal aux recherches.

Ces dernières années, certaines substances psychoactives suscitent à nouveau l’intérêt pour de nouveaux traitements dans certains troubles psychiatriques résistants aux molécules actuellement disponibles.

Une vraie piste d’innovation depuis le Prozac

Reprendre les recherches qui avaient été entamées dans les années 1950 et 1960, c’est tout l’enjeu actuel. Elles ont été interrompues pendant une cinquantaine d’années. Pour Dominique Nora, qui publie Voyage dans les médecines psychédéliques aux éditions Grasset, il s’agit aussi pour la France de rattraper son retard : « Nous avons 10 à 15 ans de retard sur les Etats-Unis, l’Angleterre et la Suisse dans cette recherche et cette science, qui peut être appliquée médicalement, est une vraie piste d’innovation en santé mentale telle qu’il n’y en a pas eu depuis 30 ans et l’apparition du Prozac ».

La psilocybine pour soigner la dépression, et la MDMA, le stress post-traumatique

Ces substances qui reviennent sur le devant de la scène médicale et suscitent à nouveau l’intérêt scientifique ne datent pas d’aujourd’hui puisque c’est à la fin des années1990 et surtout au début des années 2000 que les pionniers de la recherche des années 1950 60 ont repris ces recherches car le cadre réglementaire s’était assoupli : « À partir de 2006, on a vu des études cliniques très prometteuses publiées notamment sur la psilocybine et le traitement de la dépression profonde, mais aussi sur les addictions et la MDMA, le principe actif de l’ecstasy, sur le stress post-traumatique. Il y a actuellement 300 études cliniques en cours sur la planète, et en France, on vient tout juste de démarrer ».

Pour en savoir plus, écoutez l’émission...

Voir en ligne : L’émission de la Terre au Carré de Mathieu Vidard sur France Inter

Dans  Actualité , Idées

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