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Revue de presse du 19 avril au 22 juin 2009

Par Aude L. à partir de la revue de presse hebdo de la MILDT

Revue de presse du 19 avril au 22 juin 2009
Sources : Première Ligne, Techno+, Libération, Le Monde, Rue89

EUROPEENNES : 4000 petits votes pour Cannabis sans frontières

POLITIQUE PUBLIQUE-FRANCE : Tribune d’Anne Coppel dans Libération : « Pour la fin du cannabis hors-la-loi » ; Le poppers n’est plus interdit en France

REDUCTION DES RISQUES : À l’occasion de la deuxième journée internationale contre les hépatites, un collectif d’associations prône l’ouverture de « salles de consommation »

ETUDES : Une étude internationale montre que les patients VIH considèrent le cannabis médical comme plus efficace que d’autres médications

DECRO : Près d’une personne dépendante sur deux arrive à décrocher sans soutien médical.

PREVENTION : Des Suisses lancent sur internet un « guide de survie pour les ados fêtards »

CONSOMMATION : résultats de l’enquête ESCAPAD 2008 (jeunes de 17 ans) : les jeunes consomment de plus en plus de drogues "rares" (cocaïne, amphétamines, héroïne, poppers). Mais la consommation du cannabis diminue, de même que celle du tabac.

RAVES : Au Teknival du 1er mai, décès d’un jeune homme de 26 ans, et saisies massives de matériel.

PRODUITS : GBL et GHB font des ravages dans les soirées

TRAFIC, POLICE, JUSTICE, etc. : Accord entre Bogota et Paris pour renforcer la lutte antidrogue ; Trois personnes écrouées après le démantèlement d’un réseau de fabrication de cannabis à Châteauvieux (Loir-et-Cher) ; Entretien dans Libération avec Roberto Saviano & Misha Glenny : « Les mafias anticipent les crises » ; Affrontements avec la police et trafic de drogues à la Courneuve ; Au Mexique, des requins farcis à la cocaïne ; La Bretagne accro à l’héro ?

INTERNATIONAL : AFGHANISTAN : saisie de 3 tonnes de morphine prête à être transformée en héroïne ; MEXIQUE : l’Eglise demande une protection contre les cartels de la drogue ; ETATS-UNIS : Schwarzenegger encourage le débat sur la légalisation du cannabis ; Reportage du Monde sur la culture et la consommation de cannabis en Californie ; Obama veut que la justice traite le crack comme la cocaïne ; La BELGIQUE autorise le testing ; En ALGERIE la consommation de cannabis explose ; L’IRAN compte 1,2 million de toxicomanes ; L’ALLEMAGNE et la SUISSE autorisent la prescription médicale d’héroïne ; Les PAYS-BAS limitent l’accès aux coffee-shops ; Au CANADA 3% des soldats se droguent, et le pays continue de débattre sur les « sites d’injection supervisée »

DROGUES LEGALES : ALCOOL : L’art de survivre sur son lieu de travail un lendemain de cuite : enquête de Libération ; Sur Facebook, un groupe de filles revendique son goût pour la bière ; Interdiction totale de la vente d’alcool dans les stations services d’autoroute ; TABAC : Une cour d’appel fédérale américaine estime que l’industrie du tabac a « sciemment trompé les fumeurs » ; En France un décret est en cours pour apposer des images chocs sur les emballages de cigarettes

DOPAGE : Richard Gasquet nie avoir pris de la cocaïne ; Tribune de spécialistes (addictologues entre autres) à l’occasion de cette affaire : « Nous sommes tous des usagers ! » ; Laurent Fignon effleure tout juste la question dans "Nous étions jeunes et insouciants", livre qu’il vient de faire paraître ; Entretien dans Libération avec Patrick Laure, médecin spécialiste des conduites dopantes, sur les liens entre cancer et dopage.

EUROPEENNES


4000 petits votes pour Cannabis sans frontières
Par Arnaud Aubron | Rue89 | 09/06/2009 

Contre toute attente, la diffusion à la télé des "Experts Miami", dimanche après-midi, n’a pas bénéficié à la liste Cannabis sans frontière. Elle doit donc se contenter de 3988 voix. Soit précisément, selon mes savants calculs, 0,142% des suffrages exprimés. Pas de remboursement de frais de campagne en vue donc.

Evidemment sans bulletin imprimés dans la plupart des bureaux de vote, difficile d’espérer mieux. Les électeurs potentiels devaient en effet imprimer eux-mêmes leurs bulletins. Ecologie et pauvreté obligent. A Paris toutefois, dans mon bureau du XIe arrondissement, des sympathisants s’en étaient chargés.

Dans le communiqué post-élections de Cannabis sans frontières, Farid Ghehiouèche, animateur de la liste, s’émeut comme les autres têtes de liste de l’abstention. La lutte contre l’abstention était en effet au coeur du programme de Cannabis sans frontières, qui espérait offrir à certains mous du bulletin une raison de se déplacer : "Ce n’est qu’un début, la campagne continue : nous nous battrons pour que « l’alternative écologique » défendue par nos 12 propositions ne puisse plus être écartée de l’horizon, et ceci tout particulièrement dans le contexte de la victoire éclatante de la liste Europe écologie. De cette victoire nous ne pouvons que nous réjouir, que ce soit pour l’ensemble de la gauche enfin renouvelée ou pour la cause anti-prohibitionniste que nous défendons."
Prochain épisode : l’Appel du 18 joint, 18 heures à la Villette à Paris et dans d’autres villes de France. Reste à savoir si les 4000 électeurs de dimanche seront bien présents.

POLITIQUES PUBLIQUES– FRANCE :


Pour la fin du cannabis hors-la-loi

Par Anne Coppel, sociologue.

LIBERATION – 27.05.09

Après plus d’une décennie de guerre totale aux drogues aux Etats-Unis, le coût de ce combat est évalué à 40 milliards de dollars par an et ce coût est d’autant plus lourd que les incarcérations massives ne limitent ni la consommation ni le trafic. Il faut changer la politique des drogues en commençant par le plus simple : dépénaliser l’usage de cannabis. 13 Etats l’ont déjà fait et 37 autres s’y préparent. Le problème du trafic reste entier : la violence, les meurtres, la corruption engendrés par la guerre à la drogue font du Mexique un pays dévasté, et ces menaces pèsent désormais sur le sud des Etats-Unis. La guerre à la drogue est un échec, Peter Reuter, professeur de criminologie aux Etats-Unis en a fait récemment la démonstration dans un rapport rendu à la Commission européenne. Un changement radical de cette politique n’est pas possible dans l’immédiat et le rapport Reuter n’aboutit pas à des recommandations précises. Du moins peut-on éviter de s’engager trop avant dans l’escalade.

Loin de tirer les leçons de cet échec, la France s’applique à le reproduire : interpellations massives des consommateurs, sanctions systématiques, comparutions immédiates, peines plancher. Nous nous engageons chaque jour davantage dans une sale guerre qui se mène en silence. Le discours officiel est celui, consensuel, de la santé publique, et l’on dit volontiers que l’usage serait dépénalisé de fait, mais en 2008, il y a eu 172 964 interpellations pour drogue dont 85 % pour cannabis, avec une augmentation de 64,6 % depuis 2002. Avec les sans-papiers, les usagers de drogue contribuent pour 40 % à la progression du taux d’élucidation des crimes et délits dont se targue le gouvernement mais le cadre législatif qui autorise cette dérive n’a pas été remis en cause. On déplore la surpopulation des prisons, mais personne ne cherche à savoir qui sont les prisonniers. Nous préférons croire qu’il n’y aurait pas d’incarcération pour usage. Pourtant, en 2003 déjà, environ la moitié des 10 000 personnes incarcérées pour drogue l’étaient pour usage et détention, transport ou acquisition.

La réduction des risques liés à l’usage de drogue, avec distribution de seringues et traitements de substitution, privilégie la santé plutôt que la répression. Officiellement, cette voie, ouverte depuis 1994, n’a pas été remise en cause, compte tenu de ses résultats (baisse de 80 % des overdoses, baisse spectaculaire des nouveaux cas de sida), mais, dans les faits, cette voie s’est progressivement refermée. La logique guerrière l’a emporté : avec le cadre législatif le plus sévère, la France est le pays d’Europe occidentale qui, depuis une dizaine d’années, a connu la plus forte progression de la consommation de cannabis.

De tels résultats auraient dû nous interroger : comment les Pays-Bas procèdent-ils pour qu’environ un jeune de 17 ans sur quatre expérimente l’usage de cannabis alors que la proportion est d’un jeune sur deux en France ? Peu importe pour le gouvernement qui prétend que si la répression n’est pas efficace, c’est qu’elle n’est pas appliquée. Appliquer la loi, c’est ce qu’imposent désormais les peines plancher : un an de prison pour l’usage « simple », sans détenir de produit, dix ans pour usage et détention quelles que soient les quantités, et même vingt ans pour la production y compris pour l’autoproduction.

Quelle que soit la volonté des magistrats d’appliquer la loi, ils se heurtent à un obstacle majeur : il n’y a pas aujourd’hui suffisamment de place en prison. Ce n’est pas rassurant pour autant : ceux qui sont sanctionnés paient le prix fort. On se doute qu’il s’agit essentiellement de jeunes des quartiers populaires, et surtout des plus bronzés d’entre d’eux mais on ne sait pas combien commencent leur vie avec un casier judiciaire. Ce que l’on sait, c’est que ce handicap est difficilement surmontable.

A ce titre, on ne peut que se féliciter que la grande majorité des 2,4 millions de personnes interpellées pour drogue depuis 1970 aient échappé à toute sanction. Avec les peines plancher, l’enfermement dans des carrières délinquantes devient de plus en plus probable. On sait aussi que la peur de la sanction ne limite ni la consommation ni le trafic.

Il faut rompre ce cercle infernal. Pourquoi pas alors ne renoncer à la prohibition ? La question commence à se poser en Amérique du Nord comme en Amérique du Sud. Au nord, c’est la légalisation du cannabis qui est en débat, au sud, c’est la légalisation de la culture de la coca (1).
Ces mesures, difficiles à mettre en œuvre, ne pourraient résoudre qu’une part des problèmes mais c’est aller dans le bon sens. Le changement de la politique des drogues ne peut se faire que pas à pas, dans une démarche de réduction des risques. De nouveaux modes de gestion des drogues doivent être expérimentés en fonction des problèmes précis qui se posent sur le terrain. Le développement de ces expérimentations sera fonction des résultats obtenus.
Les bons résultats sont ceux qui concourent à la pacification avec moins de morts et moins de prisonniers. C’est déjà le cas de la prévention, des traitements et de la réduction des risques qui doivent être développés largement. C’est aussi le cas de la dépénalisation de l’usage que la plupart de nos voisins en Europe ont déjà adoptée sans conséquences néfastes. Soustraits à la clandestinité, les consommateurs ont un meilleur accès aux soins et à la prévention. Cette mesure serait cohérente avec une politique de santé qui a déjà su faire appel à la responsabilité, comme l’accès aux seringues stériles. La reconnaissance du droit de l’usager limiterait enfin les interpellations systématiques. Ce n’est pas tout, mais ce n’est pas rien.
(1)Voir Courrier international n°965, dossier « Et si on renonçait à la prohibition ? »


Le poppers n’est plus interdit en France
Par Fabien Wiktor | Têtu.com | 18/05/2009

Le poppers retrouve comme une odeur de sainteté. Le Conseil d’Etat vient en effet d’annuler aujourd’hui le décret du 22 novembre 2007 qui interdisait la fabrication et la commercialisation de ce liquide vasodilatateur. Un produit utilisé principalement au cours des rapports sexuels pour ses effets décontractants et euphorisants. Attention, il s’agit bien du poppers contenant des nitrites d’alkyle, qui restait encore disponible dans le commerce après l’interdiction en 1990 du poppers à base de butyle et de pentyle, plus dangereux.
Concrètement, on peut donc à nouveau fabriquer et commercialiser ce type de produit sans risquer de poursuites.
Recours du distributeur et du fabriquant
« Le Premier ministre a adopté une mesure excessive et disproportionnée au regard des risques que représente la commercialisation de ce produit pour la santé et la sécurité des consommateurs » indique le Conseil d’Etat, pour motiver sa décision. En 2007, François Fillon avait interdit « la fabrication, l’importation, l’exportation, la mise en vente et la distribution des produits contenant des nitrites d’alkyle » sur recommandation du ministère de l’Economie. Men’s, le principal distributeur du produit en France, et FCC, le fabriquant, avaient alors déposé un recours devant le Conseil d’Etat. Le Syndicat national des entreprises gaies s’était associé à cette démarche, craignant que les gays ne se tournent vers des produits stimulants plus dangereux à cause de cette interdiction.

REDUCTION DES RISQUES

SALLE DE CONSOMMATION
Hépatite C : des associations alertent sur l’épidémie chez les usagers de drogue
Première Ligne : 18.05.2009 - Source : AFP

PARIS - Pour tenter d’endiguer l’épidémie d’hépatite C chez les usagers de drogues, des associations spécialisées réclament des “mesures concrètes” permettant de les aider à réaliser leurs injections dans de meilleures conditions d’hygiène.
La consommation de drogue est le principal mode de contamination de l’hépatite C en France, a rappelé Médecins du Monde dans un rapport publié à l’occasion de la journée mondiale des hépatites le 19 mai. Sur les 5.000 nouvelles contaminations chaque année, 70% sont associées à l’usage de drogues, notamment par injection, alors que l’épidémie ne cesse de s’aggraver avec 221.000 personnes infectées et 2.640 décès associés à l’hépatite C chaque année.
Le plan hépatites 2009-2012 présenté en février par le ministère de la Santé a déçu les associations qui l’attendaient depuis deux ans. “On revit le même cauchemar qu’au début du VIH/sida”, résume Valère Rogissard, vice-président de l’Association française de réduction des risques liés aux drogues (AFR). “On est face à un problème de santé publique gravissime et les pouvoirs publics font la sourde oreille et refusent, par idéologie et manque de courage politique, d’expérimenter des réponses pragmatiques”.
Selon les enquêtes spécialisées, près de 60% des usagers de drogues sont infectés par le virus de l’hépatite C (VHC) et environ un tiers l’ignorent.
L’hépatite C est une atteinte du foie. Le virus ne se transmet que par le sang mais a un pouvoir de contamination 10 fois plus élevé que le VIH et se montre beaucoup plus résistant.
Ainsi une seringue utilisée par une personne infectée reste contaminante trois semaines, contrairement au VIH qui ne résiste pas à l’air libre. Chez les usagers de drogue, le VHC se propage également par le petit matériel d’injection : bidon d’eau, filtre, garrot…
“Il y a urgence, des usagers de drogues sont en train de mourir, c’est l’hécatombe”, s’indigne Pierre Chappart, d’Asud (association d’usagers de drogue). “Il faut mettre en place des mesures concrètes comme l’accompagnement à l’injection ou les salles de consommation même si elles sont tabous en France”.
La première mesure consiste à convaincre un usager de sortir de l’isolement pour pratiquer une injection devant deux intervenants - des infirmiers ou éducateurs - capables de lui expliquer les risques et de lui recommander des pratiques plus sûres ou évoquer d’autres modes de consommation voire un sevrage.
La seconde vise à fournir à des usagers précaires s’injectant dans la rue ou dans des conditions peu hygiéniques un lieu calme et propre, encadré par du personnel médico-social, et baptisé Structure d’accueil avec possibilité de consommer à moindre risque des drogues psychoactives (SCMR).
Dans les deux cas, la drogue n’est en aucun cas fournie et les intervenants n’aident pas à la prise.
Il existe aujourd’hui près de 80 SCMR réparties à travers le monde, dont 31 au Pays-Bas, 20 en Allemagne, 17 en Suisse, trois en Espagne et trois en Afghanistan.
Lundi, les associations Act-Up, Anitea, Gaïa, Safe, Fnars, SOS Hépatites, et Asud ont prévu de braver la loi en faisant un “premier pas pour convaincre les pouvoirs publics” en installant à Paris une telle structure.
Selon elles, les salles de consommation peuvent aussi réduire “les nuisances associées à l’usage de drogues dans des lieux publics” et, à terme, les dépenses de santé.

Prévention contre répression. Des associations prônent l’ouverture de « salles de consommation ».

L’HUMANITE – 19-05-2009

À l’occasion de la deuxième journée internationale contre les hépatites, de nombreuses associations étaient réunies hier pour présenter l’ensemble des problématiques liées au sujet. ASUD, ActUp, Gaïa, SOS hépatites, Médecins du monde et beaucoup d’autres se sont exprimées d’une même voix pour dénoncer « une politique plus sécuritaire que de santé publique ». Elles proposent également un réel plan national de lutte contre les hépatites et contre le VIH, qui passerait en premier lieu par une grande campagne de vaccination et par l’instauration d’une politique de réduction des risques pour les usagers de drogues. « Le silence sur les hépatites en France est assourdissant. Les hépatites tuent chaque année plus de personnes que les accidents de la route, et cela dans une totale indifférence », soulignait l’association SOS hépatites. Selon les différents représentants associatifs en présence, « la réduction des risques n’est toujours pas comprise par la société », et cela est dû tant au « manque de volonté politique qu’au silence médiatique. La France est toujours en guerre contre les drogués ».
La principale revendication avancée hier est l’ouverture de salles de consommation, à l’instar de l’association genevoise Quai 9, qui présentait hier les progrès que cette politique avait pu apporter au niveau de la santé publique en Suisse. En effet, ces salles permettent de réduire les risques de maladies infectieuses, les overdoses fatales, de favoriser le lien et la compréhension sociale, et de promouvoir l’éducation aux risques liés à l’usage de drogue. La France est un des seuls pays d’Europe de l’Ouest à condamner ce genre de dispositifs.
Marion Sevenier


Des toxicos en lieu sûr
METRO - 19-05-2009

Des associations lancent le débat sur les "salles de consommation", interdites en France

Deux pièces spacieuses, l’une pour l’accueil et la convivialité, l’autre pour l’usage de drogues, avec matériel stérile et seringues neuves. Rue de Belleville (XIXe), six associations* ont ouvert avant-hier et hier une "salle de consommation” destinée à accueillir des usagers engrande souffrance. Une réplique exacte mais virtuelle du Quai 9, créé en 1991 à Genève, l’une des 17 structures mises en place en Suisse pour mettre fin à la
consommation à ciel ouvert. “De nombreux pays s’y sont mis, comme le Canada, les Pays-Bas et l’Espagne, explique Jean-Louis Bara, président de l’association Safe. En France, la loi de 1970 interdit toujours ces structures”.
"La sécurité des riverains"

Pour les associations, ce type de consommation “encadrée” a fait ses preuves. “Les salles permettent aux usagers de sortir de la clandestinité, de garder une hygiène raisonnable et d’être suivis sur les plans médical et social, note Jean-Louis Bara. On sait que 50 à 70% des usagers de drogue sont infectés par l’hépatite C. Mais cela apporte aussi la sécurité aux riverains. A Genève, ils ont été associés à la création du lieu, et participent à des réunions de suivi régulières”

Une équipe médicosociale

Ces structures dites de “réduction des risques” sont généralement installées sur les lieux habituels de consommation de drogue. “Contrairement à ce qu’on raconte, elles n’attirent pas de nouveaux usagers, mais ceux qui étaient là, assure Bernard Bertrand, auteur d’ouvrages sur le sujet. Et jamais personne n’est mort d’overdose dans une salle de consommation”. Car le dispositif a ses règles : les usagers sont encadrés par une équipe de bénévoles (souvent eux-mêmes des usagers), d’infirmiers et de travailleurs sociaux, ainsi que par un médecin. Il leur est strictement interdit de revendre de la drogue et ils doivent respecter les règles d’hygiène. A Paris, selon les associations, plusieurs quartiers où la consommation est forte pourraient être ciblés, comme ceux de la gare du Nord et de la Chapelle, avec un avantage évident en termes de sécurité. Reste à convaincre les pouvoirs publics… et les futurs riverains de l’utilité de changer la loi. A Genève, la création du Quai 9 a pris dix ans.

Asud, Act Up Paris, Anitea, Gaïa, Safe, SOS hépatites Paris.
Plus d’infos : www. salledeconsommation.fr


Pierre Chappard, chef de projet de l’association ASUD : "La prévention de l’hépatite C a 20 ans de retard sur le sida"
LEMONDE.FR | 19.05.09 | 19h21 • Mis à jour le 20.05.09 | 08h27


L’hépatite C (VHC) tue près de quatre mille personnes par an dont une grande majorité de toxicomanes. A
l’occasion de la Journée mondiale contre les hépatites, des associations de prévention des risques liés à la
drogue ont installé à Paris une "salle de consommation à moindres risques" pour alerter l’opinion et les
pouvoirs publics.

Pierre Chapard est responsable du forum consacré aux conseils de réduction des risques aux usagers de
drogues sur le site Internet de l’association ASUD (Auto-support des usagers de drogues).

Où en est actuellement la prévention des risques liés à l’usage de drogues en France ?

La politique de prévention est basée sur la réduction des risques, l’accès au soin et à la substitution ainsi que la prévention "primaire", c’est-à-dire la dissuasion de prendre les produits. Il y a des dispositifs techniques, comme les automates distributeurs et récupérateurs de matériels stériles. Il y a aussi des lieux
institutionnalisés : les Caarud (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers
de drogues), qui offrent des programmes d’échange de seringues, des premiers soins et un accès aux
couvertures sociales. Cela fonctionne assez bien et a montré son efficacité avec le virus du sida. Dans ce
cadre, la politique de prévention a fait diminuer le taux d’overdoses et le taux de prévalence du sida : pour les "consommateurs-injecteurs", ce taux est passé de près de 30 % dans les années 1990 à 2 % aujourd’hui. Mais pour l’hépatite C, on en est au même point qu’il y a vingt ans pour le sida. Aujourd’hui, le plan Hépatites ne
répond pas du tout à nos besoins. Il ne propose pas de nouvelles mesures de prévention alors que ça devrait être une priorité. On a l’impression de prêcher dans le désert et de ne pas être écoutés quand on dit que de nombreux usagers de drogues meurent d’hépatite.

Comment fonctionne une salle de consommation à moindres risques ?

Une salle de consommation à moindres risques ressemble à un centre d’accueil où est ajoutée une salle consommation. Les usagers peuvent y prendre leur drogue, en injection, en la sniffant ou en fumant du crack ou de l’héroïne. Le tout sous la supervision d’un professionnel. Celui-ci peut prévenir le SAMU ou les pompiers en cas de problème. Dans le cadre de la prévention de l’hépatite C, il peut intervenir au plus près des pratiques et écarter les risques. En effet, le virus de l’hépatite C est beaucoup plus résistant que le VIH. Il résiste une semaine à l’air libre, du coup la réduction des risques est plus compliquée. Il ne suffit pas de distribuer des seringues mais il faut expliquer comment les utiliser, ce qui est un véritable geste technique. Dire que ces salles vont créer des concentrations de drogués est inexact. On se rend compte au contraire que ces salles ne sont pas une incitation et ne font pas augmenter le nombre de consommateurs. Les utilisateurs les plus précaires vont dans les Caarud mais n’ont ensuite aucun lieu pour prendre leur drogue. Alors ils le font dans la rue, dans les cages d’escaliers, devant les passants, etc. Ce qui crée un stress pour la population, qui voit des gens s’injecter devant eux, qui voit les seringues par terre. Les salles de consommation à moindres risques pacifient la relation entre le milieu urbain et les usagers de drogues. moindres risques pacifient la relation entre le milieu urbain et les usagers de drogues.

Quels retours avez-vous des salles fonctionnant à l’étranger ?

A l’étranger, cela fonctionne bien. Il faut déjà noter qu’il n’y a jamais eu le moindre mort d’overdose dans une de ces salles. Si au début certaines ont du mal à s’installer, ensuite les riverains demandent leur ouverture vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour qu’il n’y ait pas de retour à la rue des usagers lorsque la salle est fermée. L’impact sanitaire est considérable sur les infections au VIH et sur le nombre d’overdoses. Il y a aussi un gain économique pour la société à ne pas laisser les gens être contaminés par l’hépatite C. En effet, le traitement sur plusieurs années coûte des dizaines de milliers d’euros. Cependant, nous sommes conscients que ces salles ne suffisent pas à résoudre le problème. Il faut un ensemble de mesures comme un meilleur accès au dépistage et aux traitements, des échanges de seringue en prison. propos recueillis par Antonin Sabot


Les toxicos en première ligne
20 MINUTES - 19.05.09 Maud Noyon

Des salles d’injection, avec du matériel propre et des conseils, ouvertes aux toxicomanes. Le concept peut choquer, mais à l’étranger, il cartonne. Baisse considérable des infections, informations sur les comportements à risque : ces salles ont un impact positif sur les usagers, en première ligne face aux hépatites, mais aussi pour le voisinage qui ne côtoie plus les seringues dans la rue. Pour la deuxième Journée mondiale des hépatites, un collectif d’associations, parmi lesquelles les branches parisiennes d’Act up et de SOS Hépatites, présente ce que pourrait être une salle de consommation à moindre risque. Pour l’instant interdite par les autorités françaises. « Les institutions ont une politique de réduction des risques mais font la guerre contre les drogués », s’insurge Pierre Chappard de l’association Asud (auto-support des usagers de drogue). Il juge, à l’instar de Médecins du monde, qui vient de publier un rapport alarmiste, que la réponse politique, à travers notamment le plan national de lutte contre les hépatites présenté en février dernier, est inadaptée. En France, selon le collectif, 70 à 90 % des « injecteurs » sont concernés par l’hépatite C. En plus des 600 000 personnes infectées par une hépatite B ou C, 8 000 personnes sont contaminées et 4 000 meurent chaque année, dont une majorité sont des usagers de drogue. « Les kits, c’est bien », explique Malik, la trentaine, consommateur désormais soigné de son hépatite. « Et je n’échange jamais mon matériel. Mais quand on se shoote dans un endroit sale, ça reste dangereux. » « Ces structures n’entraînent pas de hausse de la consommation et n’attirent pas non plus de nouveaux consommateurs », assure Anne François, médecin responsable de Quai9, salle pour usagers installés à Genève. « On y constate, par contre, une baisse très forte des hépatites parmi les toxicomanes. » W

Des « shoots » médicalement encadrés -
LIBERATION 19/05/2009 Par MARIE-JOELLE GROS


Drogues. Des associations luttant pour la prévention ouvrent pour un jour à Paris une salle d’injection.

C’est une « salle de shoots » pour toxicomanes, ouverte seulement aujourd’hui, dans le quartier populaire de Belleville, à Paris. Dans cette pièce, des seringues neuves et tout le matériel nécessaire à une injection sans risques de contamination virale ou bactérienne. Une telle structure n’existe pas en France. Elle est même illégale puisque la loi de 1970 interdit l’usage des drogues. Mais c’est précisément cette « exception culturelle française » qu’un collectif d’associations qui travaillent au contact des toxicomanes (1) cherche à dénoncer à travers cette action éphémère.
La plupart des pays européens se sont en effet résignés à ouvrir ce genre de lieux, dans le seul but de limiter les contaminations virales et les morts par overdose. La Suisse compte 31 salles d’injection, l’Allemagne une vingtaine, le Luxembourg une, l’Espagne trois… Pourquoi ces pays et toujours pas la France ? Aux yeux des associations organisatrices, la politique de réduction des risques « manque de volonté politique » en France. « Il ne suffit pas de distribuer des seringues de temps en temps. Il faut instituer un projet cohérent. C’est un enjeu de santé publique et de politique de la ville ».

Hépatites. En France, les toxicomanes les plus précaires se piquent dans la rue, les bouches de métro, les toilettes des cafés. Dans des conditions d’hygiène « effroyables ». Les associations ont donc saisi l’occasion de la journée contre les hépatites pour tirer la sonnette d’alarme : « Une nouvelle contamination toutes les heures en France, et personne n’en parle. Le silence est assourdissant », dénonce la fédération SOS hépatites, associée à cette action. Ce virus-là résiste entre seize heures et quatre jours, même sur des surfaces sèches, alors que le VIH est beaucoup plus fragile. Pour appuyer l’opération coup-de-poing française, un médecin suisse a fait le déplacement. Anne François travaille au sein de « Quai 9 », une salle de consommation installée à Genève depuis 1991. Elle souligne qu’il a fallu un certain « courage politique » aux autorités suisses pour décider de l’ouverture de ce lieu. Des opposants ont aussitôt dénoncé une « incitation à la consommation » et « une boîte à fantasmes ». Mais la salle de shoots s’est imposée comme « une aide à la survie », encadrée par des médecins et des infirmiers. Et le médecin suisse est catégorique : « Il n’y a pas eu d’effet d’attraction pour de nouveaux consommateurs. »

Traitements. Cet encadrement des toxicomanes a en revanche permis de réduire à zéro le nombre des overdoses et de limiter les contaminations. Il maintient en outre un lien avec les usagers des drogues et permet de les orienter vers des traitements. Personnel hospitalier, travailleurs sociaux, municipalité et police sont membres du comité de pilotage. Les concierges de la ville ont même reçu une formation. Le voisinage voudrait le voir ouvert 24 heures sur 24. Montée à toute vitesse sur le modèle suisse de Quai 9, la salle d’injection de Belleville disparaîtra ce soir. Trop court pour « bousculer les mentalités, martèle le collectif d’associations, alors que le temps presse ».
(1) Asud (usagers de drogues), ANITeA (soins aux toxicomanes), Act Up-Paris, SOS hépatites

Salle de shoot virtuelle chez ASUD : pavé dans la mare de la prohibition ou coup de seringue dans l’eau ?

Première Ligne : 04.06.2009 Le Megalodon.net. Texte : Marjorie Bidault.

Le 19 mai 2009 avait lieu la deuxième journée mondiale des hépatites, et à cette occasion ASUD a décidé d’installer une Salle de Consommation à Moindre Risque (SCMR) dans ses locaux, avec la caution d’autres associations. Une conférence de presse a été organisée dans ce lieu, avec la présence du docteur Anne François, médecin à la salle d’injection de Quai 9 à Genève.

La Commission Nationale Addiction, réunie le 12 mai 2009, s’est vue proposée par le gouvernement un Plan hépatites qu’elle a jugé insatisfaisant.
Bien que les associations présentes ont émis le même avis, il n’en demeure pas moins que leurs intentions sont, entre autres, la mise en place de salles de consommation à moindre risques dans les grandes villes françaises, lieux traditionnels de passage et de consommation de drogue, notamment par des usagers précaires.

Ces salles permettent d’assurer une certaine sécurité sanitaire pour les usagers de drogues (espace calme, propre, avec équipe de professionnel à leur disposition) dans le but de réduire les risques sanitaires liés à l’injection (par exemple les risques hépatiques, le VIH, des infections diverses…).

Il en est de même pour la sécurité et la tranquillité des riverains habitants les quartiers concernés : les espaces publics et semi-publics (les cages d’escalier…) sont amenés à être débarrassés des déchets suite à une injection (seringues) dont les risques potentiels sont importants. De plus un tel lieu encourage les consommateurs à entrer en contact avec les professionnels, afin d’entamer dans les meilleurs des cas un parcours vers les soins.

Ainsi des salles de consommation semblables à celle-ci sont visibles dans de nombreux pays européens, d’où la présence du docteur Anne François qui fait part de son expérience au centre “Quai 9″ de Genève (C’est en 1986 à Berne, en Suisse également, que la première SCMR a été établie) : « C’est le début d’un long processus. Il y a encore beaucoup d’autres associations qui doivent être là pour discuter de tout cela, pour se mettre autour de la table et faire un projet.[…] Il y avait déjà aujourd’hui un jolie tour de table. […] J’espère que ce processus-là va mené à une réflexion assez approfondie pour pouvoir ouvrir des salles de consommation en France. »

Des Salles de Consommation à Moindre Risque (SCMR) pour réduire les risques d’infections.

La représentation des usages de drogues et des usagers a largement évolué. Les acteurs sanitaires et sociaux ont œuvré vers la responsabilisation des usagers au regard des risques sanitaires et sociaux.
Les résultats de la réduction des risques liés à l’usage de drogues sont aujourd’hui incontestables : le nombre d’overdose ainsi que le taux de prévalence VIH chez les usagers de drogues ont considérablement baissé.
Mais malheureusement il n’en est pas de même pour les contaminations par l’hépatite C. 70% à 90% des injecteurs qui fréquentent les structures de soins sont contaminés par le VHC. Par an, 8000 contaminations sont dues aux hépatites B et C, et 4000 morts en découlent (majoritairement des usagers de drogues).
Par le biais de SCMR, ces contaminations se verraient restreindre. L’opération coup de poing lancé à l’initiative d’associations parisiennes ne durera que 48H mais à le mérite d’être soulignée.

ETUDES

CANNABIS. Science : d’après une étude, les patients atteints du HIV perçoivent le cannabis comme un médicament au moins aussi efficace que ceux qui leur sont prescrits.

Un groupe de scientifiques internationaux a réalisé une étude sur des patients atteints du HIV et a noté que ces derniers considèrent le cannabis médical plus efficace que d’autres médications destinées à traiter les symptômes de l’anxiété, de la dépression, de la fatigue, de la diarrhée, des nausées et de neuropathie secondaire (douleur nerveuse). Cette étude a porté sur 775 patients originaires des États-Unis, d’Afrique, et de Porto-Rico. La comparaison confrontait le cannabis à des médications prescrites et vendues en pharmacie (OTC).

Les participants ont été questionnés pendant deux ans, et 27 % d’entre eux ont déclaré utiliser le cannabis à des fins médicales. Les auteurs ont écrit que l’usage du cannabis « se révélait légèrement plus efficace que les antidépresseurs prescrits en cas d’anxiété et de dépression, que l’imodium pour la diarrhée, que les médicaments vendus en pharmacie pour la fatigue et les antiépileptiques et les traitements de la neuropathie. Le cannabis était perçu comme légèrement moins efficace pour les nausées que les médicaments prescrits ou vendus en pharmacie. » Ils ont conclu que le cannabis « est perçu par ses usagers comme étant au moins aussi efficace que les médicaments prescrits pour la gestion des symptômes. »

(Source : Corless IB, Lindgren T, Holzemer W, Robinson L, Moezzi S, Kirksey K, Coleman C, Tsai YF, Sanzero Eller L, Hamilton MJ, Sefcik EF, Canaval GE, Rivero Mendez M, Kemppainen JK, Bunch EH, Nicholas PK, Nokes KM, Dole P, Reynolds N. Marijuana Effectiveness as an HIV Self-Care Strategy. Clin Nurs Res 2009 ;18(2):172-93.)

DECRO

Addictions : s’en sortir tout seul

LIBERATION – 3/06/09 - Par MARIE-JOËLLE GROS

Santé. Près d’une personne dépendante sur deux arrive à décrocher sans soutien médical.

C’est une réalité qui ne cesse de secouer le petit monde des addictologues : près d’une personne sur deux décroche de sa dépendance sans avoir recours à une aide extérieure, et quel que soit le produit consommé - cocaïne, héroïne, alcool, tabac, etc. Ce phénomène porte un non, le self change ou la rémission naturelle sans traitement. C’est une telle énigme pour tous les professionnels qui réfléchissent aux moyens d’aider des toxicomanes que désormais tout colloque d’addictologie se penche sur la question. En Europe comme ailleurs.
Modestie. Mais c’est aussi une question taboue : si on peut guérir seul d’une maladie, à quoi servent les médecins ? Beaucoup le vivent comme une remise en question et se vexent, quand d’autres se réjouissent tout simplement. Pour les sceptiques, « la tentation est grande de semer le doute dans l’opinion, en insinuant que si des gens se débrouillent par eux-mêmes, c’est peut-être qu’ils n’étaient pas si dépendants que ça. Ou qu’ils ont reçu une aide sans l’avouer », épingle Philippe Batel, addictologue à l’hôpital Beaujon, à Clichy.
La compilation récente de 39 études scientifiques internationales, menée par un médecin suisse, Harald Klingemann, est pourtant sans appel : les rémissions naturelles sont les plus fréquentes. Mieux, certaines personnes parviendraient même, au bout de plusieurs années, à consommer avec modération la substance qui leur posait problème. De quoi écorner le dogme de l’abstinence totale comme seule issue. Mais dans le domaine des addictions, la modestie semble de mise : « Il n’existe pas une seule façon de s’en sortir, mais presque autant qu’il y a d’individus, assure Jean-Pierre Couteron, président de l’Association des intervenants en toxicomanie (Anitea). Ce qui fera solution pour l’un posera problème pour un autre. Chaque parcours de vie est différent. »
Béquille. Pour les addictologues les plus ouverts, admettre les self changes revient à reconnaître que « le plus habilité à soigner son addiction, c’est le malade lui-même ». Etudier de près ces transformations permet en outre de comprendre « les logiques » qui conduisent à sortir d’une dépendance. Car certains facteurs se croisent souvent. Ainsi, on a plus de chances de parvenir à vivre sans la béquille d’une substance en prenant de l’âge. Ou quand se produit un événement intime comme une naissance, une rupture ou au contraire un nouvel amour. Enfin, dénominateur commun à tous les ex-accros qui sont parvenus à mobiliser leur ressort personnel : la force de liens familiaux ou amicaux qui ont perduré malgré la dépendance.


« J’assimilais toute aide à de la répression »

LIBERATION – 3/06/09 - Par MARIE-JOËLLE GROS

Isabelle raconte comment elle a arrêté de prendre de l’héroïne :

Isabelle, 41 ans, a renoncé seule à l’héroïne après sept années de défonce.
« J’ai décroché seule de l’héroïne il y a presque vingt ans. Mais je sais que j’aimerais toujours ça. Je suis quelqu’un d’excessif, j’aime les sensations fortes. Je m’en suis sortie quand j’ai compris qu’il n’y avait aucun avenir dans la défonce. Mon stimulus, ça a été de rattraper le temps perdu, à fond la caisse. Une vie médiocre m’aurait fait replonger. Je crois que la came ne comblait pas un vide, je la voyais davantage comme un plus. Le jour où tout est devenu sordide autour de moi, j’ai pris peur. »
« Provoc ». « Aujourd’hui, je peux comparer cela à une histoire d’amour qui se termine. J’ai tourné la page, c’était fini, ça avait duré sept ans, et je pouvais passer à autre chose. J’étais très immature quand j’ai commencé. J’avais 15 ans. Shit, coke, héro, j’aimais la provoc. A partir de 17 ans, je me suis mise à sniffer que de la blanche. Je me faisais virer de tous mes bahuts. Et je me shootais quelques fois. C’étaient les années sida, je suis passée à travers. Il y a eu des overdoses autour de moi. »
« J’ai pris une peine de prison ferme, et j’ai vécu cette incarcération comme une profonde injustice. Aujourd’hui encore, j’estime que c’est une aberration d’emprisonner des toxicomanes. Ce n’est pas ce qui m’a fait arrêter. J’ai repris de plus belle en sortant. En prison, j’avais vu un psy, mais le courant ne passait pas. C’était un prescripteur de cachetons. Je ne pouvais pas imaginer que quelqu’un de l’extérieur puisse m’apporter une aide quelconque. Je l’assimilais à une forme de répression ou d’inquisition. Le problème étant en moi, j’estimais que personne ne pouvait le résoudre à ma place. »
« Ma chance, c’est que mes amis et ma famille ne m’ont jamais lâchée. Il faut dire que je n’ai pas cherché à les arnaquer. J’ai toujours gardé ce filet de sécurité : des gens qui m’aimaient. Avec eux, même dans les pires années, je continuais à faire des choses normales, aller au cinéma, faire de bonnes bouffes. Je vivais deux vies parallèles : la défonce d’un côté, mes amis de l’autre. Sans l’assurance de cet amour-là, je ne sais pas ce qui se serait passé. »
« Rage ». « J’avais également besoin de faire des pauses. Je ne supportais pas l’idée de la dépendance, elle me foutait en rage. Quand un plan foirait, c’était une pause obligée. Et j’essayais de tenir un petit peu plus longtemps avant de retrouver un plan qui marche, pas du tout pour me sevrer, mais pour pouvoir mieux recommencer. Mon mec et moi étions embarqués dans le même délire. Mais lui cherchait toujours à aller plus loin, plus fort. J’ai eu peur pour lui. Je ne supportais pas l’idée que toute notre vie tourne autour de ça : trouver un plan dans la journée. C’était de moins en moins "fun". J’ai compris que ça ne pourrait pas durer. Je ne voulais pas qu’une connerie de jeunesse devienne un mode de vie. J’avais 23 ans, je voulais vivre, et pas comme ça. Ma décision était prise. »

PREVENTION


SUISSE. Un guide de survie pour les ados fêtards
Première Ligne - 04.05.2009 - Source : Tribune de Genève

PRÉVENTION

On sait depuis quelque temps que les bitures express et autres comportements à risque sont à la mode chez les ados. Pour les aider à ne pas trop mal finir, quatre étudiants en médecine ont créé un site Internet très pragmatique. Cette plate-forme destinée aux 15-20 ans, qui tourne depuis un an environ, devrait être complétée cet été par de nouveaux conseils que les ados accros aux sorties recherchent, sans parfois oser s’adresser à leur entourage.

Lifenight.ch est un vrai petit guide de survie pour le jeune qui aime faire la fête. Au menu, cinq thèmes. Sexe, alcool, drogue, urgences, transports : chaque domaine a été traité par l’un de ces étudiants en deuxième année, dans le cadre d’un cours à option de médecine préventive à l’Université de Genève. Des conseils de terrain, distillés dans un langage urbain mais aussi un peu plus scientifique, afin de signaler la composition des substances consommées. « Nous voulions les informer, mais autrement, sans leur dire « Ne fais pas ça », explique Aurélie Lamon, l’une des étudiantes impliquées. « Nous pensons qu’un site créé par des jeunes pour des jeunes fonctionne mieux qu’une brochure écrite par des adultes. »

Qu’est-ce qui rend ivre, comment retrouver ses esprits ou rentrer à la maison après une cuite ? Le site renseigne l’ado sur ce qu’est l’ivresse et les moyens d’éviter qu’elle dégénère. De multiples questions, difficiles à poser à des parents, y figurent. « Entre mes potes, on boit pareil mais certains finissent plus vite bourrés, pourquoi ? » ou encore « Je ne veux pas terminer ivre mort mais j’aimerais bien boire, que faire ? »

Afin d’éviter les drames, le jeune peut également apprendre les gestes qui sauvent si l’un de ses copains tombe dans un coma éthylique, par exemple. A savoir, est-ce qu’il répond et est-ce qu’il respire ? S’ensuit une démonstration en image du massage cardiaque et de la respiration artificielle. Le stade du coma est également précisément décrit afin que l’ado sache le distinguer de l’ivresse, durant laquelle il est « encore plus désinhibé, parle de moins en moins bien et peut vomir ». Alors que lors d’un coma, « tu perds connaissance, ton corps se refroidit et tu peux en arriver à t’uriner dessus », précise le site.

Une énorme partie de ce dernier contient des informations sur les drogues, classées par genres. Pas de morale : on informe directement sur les effets ressentis lors de la montée – lorsque la substance commence à agir – et de la descente, ainsi que la durée de ce processus et ses dégâts. On rappelle également que les mélanges sont parfois carrément inutiles pour le consommateur (et dangereux, bien sûr) : « Les effets « peace et câlins avec tout le monde » que l’on pourrait ressentir sous ecstasy sont réduits ou non existants », apprendra le jeune consommateur qui hésite à mêler ecstasy et amphétamines.

Enfin, le site informe également sur les mesures à prendre, souvent consécutivement à l’absorption d’alcool ou de drogue, lors d’un viol ou d’un rapport non protégé. Lifenight.ch devrait bientôt être réactualisé grâce à d’autres questions, parfois basiques, que se posent certains ados. « Par exemple, certains aimeraient simplement savoir que faire si un copain vomit ! » explique Aurélie Lamon.

CONSOMMATION


Les liaisons dangereuses des jeunes avec la cocaïne
LE MONDE | 11.06.09 - Martine Laronche

Les jeunes consomment de plus en plus de drogues "rares" (cocaïne, amphétamines, héroïne, poppers). Mais la consommation du cannabis diminue. De même que celle du tabac. Et dans une moindre mesure, de l’alcool - ivresses mises à part -. Tels sont les principaux enseignements de l’enquête Escapad, rendue publique mercredi 10 juin et réalisée en 2008 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) auprès de 40 000 jeunes de 17 ans participant aux journées d’appel de préparation à la défense. La première étude avait été menée en 2000.

Même si elle reste à des niveaux faibles, l’augmentation de l’expérimentation (avoir consommé au moins une fois un produit dans sa vie) des substances psychoactives illicites - hors cannabis - est préoccupante. La cocaïne et les amphétamines se diffusent particulièrement parmi les jeunes. Elles avoisinent des taux de 3 % et sont passées respectivement de 0,9 % à 3,3 % et de 1 % à 2,7 % entre 2000 et 2008. "On s’y attendait un peu, analyse Jean-Michel Costes, directeur de l’OFDT. Le niveau de consommation en France était encore assez faible comparé au niveau européen. La France est en passe de rattraper le Royaume-Uni, l’Espagne ou l’Italie."

Pourquoi cet engouement ? "Les stimulants, dont la cocaïne, bénéficient d’une représentation très positive auprès des jeunes", poursuit le directeur de l’OFDT. La cocaïne est associée à la fête, à un milieu favorisé, celui de la jet-set, à la réussite sociale. Ceux qui la consomment considèrent que cette drogue se gère facilement et croient, à tort, qu’elle n’a pas de fortes répercussions sur la santé.

Les consommations de crack - de la cocaïne "basée" qui peut se fumer -, de kétamine, un produit à l’origine anesthésiant utilisé en médecine vétérinaire, et d’héroïne, sédatif opiacé, affichent également une hausse mais ne concernent environ que 1 % des jeunes de 17 ans. L’ecstasy, quant à elle, est en baisse depuis 2002 mais conserve un niveau élevé (2,9 %).

La percée la plus spectaculaire est celle des produits inhalants. L’expérimentation des poppers a connu une très forte progression passant de 2,4 % en 2000 à 13,7 % en 2008. Les poppers sont au départ des produits vasodilatateurs qui se présentent sous la forme d’un produit très volatil dans un flacon. Les jeunes inhalent ces produits dans les fêtes pour ses effets euphorisants et aphrodisiaques de quelques minutes. A l’OFDT, on s’explique mal la progression de cette substance qui n’est pas classée comme stupéfiant mais avait été interdite de fabrication et de vente en novembre 2007 avant que le Conseil d’Etat n’annule ce décret, en mai 2009.

Une très forte disponibilité sur Internet et l’hypothèse d’un déstockage important au moment de l’interdiction sont avancées. Néanmoins, la progression des poppers inquiète moins les spécialistes que celle de la cocaïne dans la mesure où les conséquences sanitaires sont moindres. L’expérimentation des produits inhalants (colle et solvants) est également en augmentation. Elle est le fait de jeunes adolescents (12 à 14 ans) qui abandonnent en général assez rapidement cette pratique.

La progression des drogues considérées comme rares ne doit pas masquer la baisse de la consommation de tabac (29 % de consommateurs quotidiens en 2008 contre 41,1 % en 2000), d’alcool (9 % d’usagers réguliers, c’est-à-dire au moins dix fois dans le mois, contre 14,5 % en 2003) et surtout de cannabis (12,3 % d’usagers réguliers en 2003 contre 7,3 % en 2008). L’expérimentation est repassée en dessous de la barre des 50 %, à 42,2 % des jeunes de 17 ans. Près de 25 % des jeunes fument au moins une fois dans le mois contre 32,3 % en 2003.

Pour Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie (Mildt), la baisse de la consommation de cannabis montre que "les campagnes de prévention et d’information sur le sujet commencent à porter mais qu’il existe encore une méconnaissance des jeunes et des adultes sur les dangers des drogues plus rares comme la cocaïne". En septembre, une campagne d’information sera lancée sur les dangers des drogues et, à la fin de l’année, sur le cadre légal de ces produits. "Quelque 32 % des Français pensent qu’il est autorisé de consommer de l’héroïne ou de la cocaïne à leur domicile. Ces chiffres montent à 49 % pour le cannabis", assure le président de la Mildt qui prévoit aussi d’ouvrir le chantier des addictions au travail - qui favoriseraient accidents et absentéisme - avec les partenaires sociaux, les fédérations professionnelles, le Medef et la direction générale du travail. Un premier forum régional se tiendra le 2 juillet à Angers et des états généraux devraient être organisés en 2010.

"Faire la fête" plutôt que se "défoncer"
LE MONDE | 11.06.09 - Martine Laronche

La consommation de produits psychoactifs licites et illicites apparaît fortement liée au parcours scolaire. Les jeunes en apprentissage et ceux qui sont sortis du système scolaire sont plus nombreux que ceux en filière générale, technique ou professionnelle à déclarer fumer quotidiennement, boire régulièrement de l’alcool, connaître des ivresses répétées, fumer du cannabis ou avoir pris de la cocaïne.
En revanche, toutes choses égales par ailleurs et notamment à niveau scolaire semblable, les enfants issus de milieux favorisés consomment davantage ces produits que ceux issus de milieux défavorisés (ouvriers, chômeurs), à l’exception du tabac.
Pour la première fois, l’enquête Escapad s’est intéressée aux motifs de consommation de l’alcool, du tabac et du cannabis. On consomme de l’alcool essentiellement pour "faire la fête et s’amuser" (80 %), moins pour se "défoncer" (11 %) et peu "pour surmonter des difficultés" (4 %). Le cannabis est lui aussi associé à la fête (61 %) mais aussi à la défonce (38 %). Il sert à "se calmer" (23 %), et "à surmonter des difficultés" (11 %). Enfin, on fume des cigarettes d’abord "par habitude" (47 %), parce qu’on est "dépendant" (34 %), pour "se calmer" (31 %), moins pour faire la fête (24 %). A l’opposé, les principaux motifs de non-consommation d’alcool, de tabac et de cannabis sont d’abord parce que les jeunes "n’en voient pas l’intérêt" et presque autant parce qu’ils estiment que "c’est dangereux pour la santé".


Les jeunes délaissent le joint pour la coke
LIBERATION - 10-04-2009

L’expérimentation de l’alcool, du tabac et du cannabis chez les adolescents est en baisse constante. Mais celle de la cocaïne, quoiqu’encore marginale, est en hausse.
« Pour une fois, nous avons de bonnes nouvelles à annoncer, et quelques sujets d’inquiétudes », se réjouit Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt).
La bonne nouvelle, c’est que l’expérimentation d’alcool, de tabac et de cannabis chez les adolescents âgés de 17 ans est en baisse constante depuis 2003. L’inquiétude vient du constat d’une hausse de l’ivresse alcoolique et de la cocaïne.
Pour établir les variations des usages de drogues licites et illicites chez les mineurs, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a distribué en mars un questionnaire anonyme pendant la journée d’appel à la préparation à la défense, qui inclut les filles depuis 2000.
A l’arrivée, cela donne cette enquête nommée Escapad. Pour l’édition 2008, sixième du genre, les réponses de 39 542 adolescents de 17 ans ont donc été analysées. Elles permettent de situer les jeunes Français dans la moyenne de consommation des Européens.

Les filles en tête pour le tabac

Dans les détails apparaissent divers aspects sociologiques. Ainsi, les enfants de cadres et d’agriculteurs fument moins que les autres mais sont plus souvent ivres. Tandis que les enfants d’artisans, de commerçants, de chefs d’entreprise sont les plus importants consommateurs de tabac, d’alcool, d’ivresses, de cannabis et de cocaïne.
A l’inverse, les enfants de chômeurs présentent des niveaux de consommation les plus faibles. Autre paramètre intéressant, les jeunes en apprentissage et ceux qui sont sortis du système scolaire sont plus nombreux que ceux qui sont restés dans une scolarité classique à consommer régulièrement de tout.
Enfin, la consommation de drogues reste majoritairement le fait des garçons, même si les filles passent en tête pour le tabac et les psychotropes.

Image positive de la cocaïne

Pour l’OFDT, l’expérimentation croissante de la cocaïne n’est pas un phénomène totalement nouveau. Et reste de toute façon minoritaire : autour de 3%. Mais son image, positive, est un réel sujet de préoccupation. Elle est associée aux milieux de la fête, du sport, de la politique, du cinéma et de la télévision, moins chère que par le passé, plus accessible.
A l’inverse l’ecstasy et les champignons hallucinogènes continuent à baisser, comme passés de mode. Tandis que les produits qui s’inhalent, comme le Poppers (vasodilatateur longtemps vendu dans les sex-shops), sont en nette hausse. Mais ce produit-là semble typique d’une expérience furtive qu’on mène entre copains, une fois ou deux, sans pour autant en faire un usage régulier.
L’enquête Escapad a également permis de creuser les motivations de ceux qui ne consomment pas de produits problématiques. La « peur de devenir dépendant » arrive en troisième position, après l’absence d’intérêt et les craintes pour la santé.
Notons que les jeunes français ont généralement tendance à croire l’alcool moins addictif que le tabac et le cannabis. Une vision erronée qui inquiète les professionnels des drogues.

RAVES

Eure : un mort dans une rave
Un jeune homme de 26 ans est décédé d’un arrêt cardiaque samedi après-midi en marge du Teknival qui réunit près de 25.000 personnes.

LIBERATION – 27.05.09 - Par GAËL COGNÉ

Un vaste site, proche d’une boucle de la Seine dans un secteur faiblement peuplé : c’est dans cette ancienne sablière, à Bouafles (Eure), que se déroule depuis vendredi midi une rave sauvage où un jeune Français de 26 ans a été retrouvé mort samedi après-midi. Environ 25.000 personnes, venues de toute la France et de plusieurs pays européens étaient rassemblées samedi après-midi pour participer à ce Teknival, prévu jusqu’à dimanche midi dans cette petite commune de quelque 600 habitants, proche des Andelys. Le jeune homme a été découvert inconscient dans sa voiture à l’intérieur du site, a annoncé la préfecture. "Il était en arrêt cardio-respiratoire". Il a été intubé par les médecins du Smur (Service médical d’urgence) qui, malgré leurs efforts, n’ont pu le ranimer et il est décédé, a indiqué la préfecture. Une autopsie a été demandée.
Le jeune homme décédé est de nationalité française, a précisé le Parquet. Il s’était rendu au teknival en compagnie d’amis qui ont été entendus dans le cadre de l’enquête.

25 000 participants. De 8.000 vendredi matin, le nombre de participants a progressivement gonflé à 25.000, en particulier dans la soirée et la nuit de vendredi à samedi. Percings, treillis, dreadlocks, majoritairement âgés de 20 à 30 ans, certains "teufeurs" sont arrivés seuls, à pied ou en auto-stop. D’autres, en moto ou en voiture, sont venus en groupes, en "tribe", selon leur expression : une vingtaine de personnes accompagnées d’un camion pour le matériel, avec un DJ, un électricien, des porteurs de caissons, ces sonos spécifiques utilisées dans les raves.
Les regroupements autour d’une sono se font fréquemment par nationalités. Beaucoup d’étrangers participent en effet à cette rave, dont de nombreux Britanniques, ainsi que des Allemands, des Italiens, des Espagnols, des Néerlandais et des Belges. Des tentes ont été dressées un peu partout sur le site herbu et assez plat malgré de petits dénivelés. Ensoleillé vendredi, gris samedi, le temps s’est montré jusqu’à présent plutôt clément pour les ravers. Mais les conditions commençaient samedi après-midi à se détériorer en l’absence de sanitaires et de collecte des ordures.
Médecins du monde est présent sur le site de même que la Croix Rouge, mais en nombre insuffisant selon un de ses membres. Les pompiers, qui effectuent des rondes parmi les "teufeurs", sont installés à l’extérieur et espéraient être plus nombreux samedi soir. Cent cinquante gendarmes sont en permanence sur les lieux, de même que des équipes des Douanes et des équipes cynophiles.
Samedi en fin d’après-midi, les services de secours avaient procédé à sept évacuations sanitaires. Une vingtaine de personnes avaient été interpellées et plusieurs placées en garde à vue pour détention de stupéfiants ou conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants.

Les prestataires d’un technival pris au piège

LIBERATION – 27.05.09 - Par GAËL COGNÉ

Justice. La procureure d’Evreux a fait saisir le matériel du festival durant lequel un homme est décédé le 2 mai.

« Le technival ? C’est une histoire de dingue. » Me Forence Diffre bataille depuis trois semaines pour tenter de récupérer le matériel d’une valeur d’un million d’euros confisqué à l’issue du technival du 1er mai, à Bouafles (Eure). Une bonne partie appartient à des prestataires qui sont à deux doigts de mettre la clé sous la porte. David, de l’association L’Eure du son, se demande bien qui veut la peau des teufeurs. Avec un collectif, il a tenté d’organiser le technival. Une institution depuis 1991 qui rassemble des milliers de participants et « a toujours eu lieu ». « L’automne dernier, nous avons pris contact avec Eric Steiger, le chargé de mission au ministère de l’Intérieur. Nous avons envoyé une lettre avec accusé de réception. En avril, nous avons recontacté le ministère, mais on nous a fait comprendre qu’il n’y avait pas de négociations possibles pour trouver un lieu. Si on organisait le rassemblement, on serait réprimandé comme il se doit. » On suggère aux organisateurs de se tourner directement vers les préfectures. Pour David, « personne ne veut d’un technival. Les préfectures prennent souvent des arrêtés préfectoraux pour interdire les rassemblements [ce n’était pas le cas dans l’Eure, ndlr]. Depuis l’amendement Mariani, de 2002 à 2008, il y avait des réunions de travail au ministère de l’Intérieur qui imposait un lieu. »

Sandwichs. « Faux,répond Eric Steiger. Le ministère de l’Intérieur n’a jamais imposé de lieu. D’habitude, il y a un dossier déposé en préfecture au moins un mois avant et ensuite il remonte au ministère de l’Intérieur. Cette année, personne ne s’est concerté. J’ai reçu des coups de fil en avril, mais c’était trop tard. Notre rôle est d’accompagner les grands rassemblements de musique techno, pas de mettre notre veto. »
Le technival s’organise quand même, « à l’ancienne », sans autorisation. Un numéro d’appel est mis en place, puis des points de rendez-vous (à Rouen, Paris…) et un convoi de 5 000 véhicules se met en route. « Les RG étaient là, en arrivant, et quatre gendarmes. Ils n’ont pas tenu une minute trente. » Jeudi 30 avril, 8 000 personnes investissent l’ancienne sablière de Bouafles. Vendredi 1er mai, la fête commence. Elle est endeuillée le lendemain de la mort d’un jeune homme de 26 ans d’un arrêt cardio-respiratoire. Au plus fort de l’événement, 25 000 personnes participent au technival.
Le 2 mai, un arrêté préfectoral interdit, trop tard, la manifestation. Et, le dimanche 3, le rassemblement fini, les camions sont arrêtés, fouillés, le matériel saisi. Curieusement, la réquisition du procureur invite notamment à « rechercher les auteurs d’infractions d’actes de terrorisme ». Au même moment, du matériel est saisi dans l’Aude et dans le Haut-Rhin à l’issue de petits rassemblements.
Dix jours plus tard, David et trois autres personnes sont réveillés à 6 h 30 pour une perquisition et placés en garde à vue. Motif ? Un soupçon de « travail dissimulé », pour des sandwichs et boissons vendus pour le compte de l’association lors du technival. Tous sont relâchés seize heures plus tard sans charges retenues contre eux. L’un d’eux, en période d’essai, perd son emploi.
La saisie du matériel, d’abord administrative, se mue en saisie judiciaire, ce qui permet de le conserver six mois. Insupportable pour les nombreuses entreprises ou personnes qui ont loué leur matériel le temps d’un week-end et ne l’ont plus revu depuis trois semaines. « Je suis dans un étau. Je ne peux plus honorer certaines prestations. Sinon, je dois louer et je perds de l’argent. Je crois que je vais devoir fermer. Je vais tout perdre », se désole Emmanuel Leone qui refuse de se retourner contre ses clients. Une quinzaine de prestataires seraient dans la même situation que lui.

Natura 2000. Florence Diffre, qui défend teufeurs et prestataires, a tenté, en vain de contacter la procureure d’Evreux, Marie-Suzanne Le Quéau. Elle assure ne toujours pas savoir pourquoi le matériel est retenu, malgré ses demandes répétées. Pour la procureure, « 25 000 personnes se sont retrouvées sur un site Natura 2000, sans aucune autorisation et une personne est morte. Quand on loue une voiture, on vérifie que la personne a son permis. Pour louer du matériel d’une valeur certaine, on doit, à mon sens, prendre des garanties. » Elle laisse entendre que rien ne l’oblige à rendre rapidement le matériel. Plusieurs enquêtes sont en cours, notamment pour déterminer qui sont les organisateurs qui pourraient payer une amende et se voir confisquer le matériel. Daniel, prestataire, s’emporte : « On est en train de nous enterrer vivants, j’aimerais bien savoir de quel délit on est punis. » Pour Me Diffre, on cherche clairement « à dresser les teufeurs contre les prestataires. C’est une prise d’otage. Il y a des consignes pour que le technival n’existe plus. »

PRODUITS

GHB, GBL : une drogue qui fait des ravages dans les soirées
LE MONDE | 12.05.09 | par Odile de Plas

Le 7 avril, sept jeunes sont entré dans le coma lors d’une soirée techno à Montpellier. En cause, l’absorption de GBL, un solvant utilisé d’ordinaire pour décaper les jantes de voiture, mais qu’ils avaient détourné de son usage.

L’accident a marqué les esprits. Il est à rapprocher d’un autre événement qui fit la "une" des journaux people en début d’année. Le 4 février, Loana, célèbre depuis son passage dans le jeu de télé-réalité "Loft Story", était retrouvée inconsciente à son domicile parisien. Quelques jours plus tard, la jeune femme reconnaissait avoir pris quelques gouttes de GHB, une drogue très prisée du milieu gay depuis une dizaine d’années.

A la fois euphorisant et calmant, le GHB stimule le désir et rend très docile, ce qui en fait un produit très efficace d’un point de vue sexuel, selon ses consommateurs, lorsqu’il est pris volontairement, mais terriblement dangereux dans le cas contraire. Mis en cause dans de nombreuses affaires d’agressions depuis son apparition dans les années 1990, le GHB est aussi surnommé "drogue du violeur".

Si les initiales sont différentes, le GBL et le GHB sont en réalité une seule et même drogue. En effet, GBL est un "précurseur" du GHB, c’est-à-dire que le corps le transforme en GHB. Interdit depuis 2001, le GHB est classé parmi les stupéfiants. Très fréquemment utilisé dans l’industrie, le GBL, lui, ne l’est pas. Il est même en vente libre sur Internet au prix de 70 euros le litre en moyenne. "Sachant que quelques gouttes suffisent pour un effet de deux ou trois heures, cela en fait une drogue non seulement facile d’accès, mais aussi particulièrement bon marché", explique Thierry Charlois, chef de projet de Fêtez clair, un dispositif de prévention mis en place en 2005 à la suite de plusieurs comas liés au GHB.

Cofinancé par la Mairie de Paris et la préfecture de Paris, Fêtez clair a été réactivé dans les clubs et salles de concerts qui adhèrent à sa charte et lance une campagne, jeudi 14 mai, au Rex Club à Paris, afin de "sensibiliser le public aux dangers du GBL". Un aspect essentiel d’une politique de prévention des risques, seule possibledans le cas de ces pratiques "légales".

"S’ÉCLATER À MOINDRE FRAIS"

Selon la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), les cas d’intoxication au GBL sont en augmentation "notable" depuis le début de l’année. "Le GBL étaitjusqu’alors circonscrit au milieu gay, confirme Thierry Charlois, maisil s’est étendu depuis un an environ à tous les milieux festifs
hétérosexuels et surtout chez les jeunes. Comme c’est un public mal informé, il y a plus d’accidents." Le GBL est d’un dosage très délicat, plus encore que le GHB. La quantité maximale, de 1 à 2 ml par prise, dépend de la morphologie de chacun. 0,1 ml de trop, et c’est le coma assuré. Ce fameux "G-hole", qui dure une demi-heure dans le meilleur des cas. Mélangé à de l’alcool, il peut devenir mortel.

Depuis les événements de Montpellier, l’interdiction de la vente libre du GBL a été évoquée. "Elle n’est pas à l’ordre du jour", selon Etienne Apaire, le président de la Mildt, qui précise que "si les mesures de prévention, de réduction des risques et de répression ne suffisent pas, on pourra imaginer une réglementation pour limiter l’usage de ces produits aux professionnels. Il faut aussi rappeler aux revendeurs de GBL que l’administration de substance nuisible est passible de quinze ans de prison."

Un dispositif semblable à Fêtez clair a été mis en place dans le Languedoc-Roussillon, avec le soutien du préfet et de l’inspecteur d’académie. Pour Thierry Charlois, la mode du GBL est comparable à celle de la "biture express", qui fait des ravages chez les jeunes : "le problème est le même. Il s’agit à chaque fois de s’éclater le plus possible à moindre frais, or dans ce domaine, quand on baisse le coût, en général, on augmente les risques".

TRAFIC, POLICE, JUSTICE

Accord entre Bogota et Paris pour renforcer la lutte antidrogue
AFP 24.04.09 | 21h46

La Colombie et la France ont signé vendredi à Bogota un accord destiné à augmenter les échanges d’informations dans le domaine policier et militaire, en particulier en matière de lutte antidrogue, ont-elles annoncées à l’occasion de la visite à Bogota du ministre français du Budget Eric Woerth. Le ministre, qui est également responsable des douanes et à ce titre de la lutte antidrogue a signé cet accord avec Juan-Manuel Santos, le ministre colombien de la Défense, a annoncé ce dernier dans un communiqué. Eric Woerth est arrivé vendredi à Bogota en provenance de Caracas et a assuré à des journalistes que la Colombie réalisait un "travail exceptionnel" en matière de lutte antidrogue. Pendant son entretien avec Juan-Manuel Santos, il a analysé avec ce dernier les nouvelles routes empruntées par les narcotrafiquants pour acheminer la drogue en Europe, à travers l’Afrique occidentale. Selon Juan-Manuel Santos, les trafiquants recherchent de nouvelles routes, en raison de la surveillance renforcée exercée sur la zone Caraïbe et les pays d’Amérique centrale, traditionnels ports de transit de la cocaïne. Eric Woerth reste jusqu’à dimanche en Colombie, où il doit notamment assister à une opération d’arrachage manuel des plans de coca. Selon la police colombienne, quelque 100.000 hectares sont actuellement consacrés à la culture de la feuille de coca dans le pays et 1.000 aux champs de pavot. La Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne avec une production de 600 tonnes en 2008 soit environ 60% de la production mondiale, selon une estimation des Nations unies. Selon la même source, la superficie des surfaces cultivées a augmenté de 27% cette année-la.

Des producteurs en herbe écroués en plein mois de « joint »
LIBEORLEANS – 11-04-2009 - (avec AFP)

Trois personnes ont été écrouées début juin après le démantèlement d’un réseau de fabrication de cannabis à Châteauvieux (Loir-et-Cher). Les policiers de l’office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) ont saisi, lors d’une intervention sur commission rogatoire d’un juge d’Évry, le 29 mai dernier, 760 plants de cannabis achetés en Hollande et cultivés dans un pavillon isolé en pleine campagne (...)

Outre les plants, les policiers ont également saisi le matériel de production, lampes et système d’irrigation également achetés en Hollande. Pour camoufler l’importante consommation d’eau et d’électricité, les producteurs en herbe auraient réalisé, dans la villa entièrement consacrée à la culture du cannabis, des branchements avant compteurs. Le locataire de la maison figure parmi les personnes écrouées. En plus du démantèlement du laboratoire de Châteauvieux, les enquêteurs ont saisi dans l’Essonne 400 kilos de résine de cannabis, de l’argent et des véhicules. Les cultivateurs obtenaient 100 kilos de cannabis par récolte, à raison de trois récoltes par an. Sur la région parisienne, le kilo se négocierait autour de 1.800 euros.

« Les mafias anticipent les crises »

LIBERATION – 9.05.09.

Entretien avec Roberto Saviano et Misha Glenny. Recueilli par ERIC JOZSEF (à Rome)

Contraint de vivre sous escorte policière permanente depuis la publication de son livre Gomorra, Roberto Saviano a récemment reçu à Rome le soutien de Misha Glenny, auteur de McMafia, une vaste enquête sur l’infiltration de la criminalité organisée dans l’économie mondiale. Le journaliste britannique a ainsi tenu à rappeler que « la situation de Roberto est effrayante et ressemble à celle de Salman Rushdie ». De cette rencontre au siège d’Internazionale, l’hebdomadaire italien dont Roberto Saviano est un collaborateur, est née une discussion sur le crime organisé et son adaptation à la crise. Effondrement du système bancaire, crise des liquidités… Comment les mafias réagissent aux bouleversements du panorama économique mondial.

La crise actuelle affecte-t-elle aussi les mafias ? Ou représente-t-elle, au contraire, une opportunité pour s’infiltrer ultérieurement dans les systèmes économiques ?

Misha Glenny : La criminalité organisée est une industrie opportuniste qui est en mesure de répondre aux changements du marché beaucoup plus rapidement que les industries légales. En ce moment, il y a trois secteurs où elle renforce ses activités. Le premier, c’est l’exploitation de ses énormes flux d’argent. La crise provoque une carence de liquidités dramatique dans les économies légales et les mafias commencent à agir comme des banques informelles dans plusieurs pays européens en pratiquant l’usure. En Grande-Bretagne, par exemple, il y a environ dix millions de personnes qui ne parviennent pas à obtenir des prêts. Elles s’adressent à un marché parallèle que les forces de l’ordre n’arrivent pas à contrôler.
Le deuxième secteur en expansion est celui du crime informatique, de l’escroquerie au vol d’identité. Exemple : deux semaines seulement après l’effondrement de la Northern Rock et sa nationalisation, une organisation criminelle était déjà en possession des noms, des données et des contacts de tous les anciens clients de la banque. Les informations ont été utilisées pour leur proposer de nouveaux investissements en apparence parfaitement licites, mais qui, en réalité, étaient illégaux. C’est très instructif sur la capacité de réaction des groupes criminels.
Le troisième secteur est celui de la contrefaçon, qui vit une période dorée. Il ne s’agit pas seulement de DVD pirates ou de faux sacs à main à la mode. Depuis l’Extrême-Orient, des fausses mousses à raser ou des fausses piles arrivent en Europe. Les gens ont moins d’argent, et s’ils doivent choisir entre un DVD qui coûte 15 euros et un disque identique, mais illégal, qui ne coûte qu’un euro, ils ne se posent pas trop la question de savoir si leur geste va enrichir des criminels et mettre à genoux d’honnêtes commerçants.
Il y a, en revanche, des secteurs où la criminalité ressent les effets de la crise : par exemple ceux de la drogue et de la prostitution, qui ont récemment subi le même sort que les dépenses superflues.

Roberto Saviano : Très récemment, les Nations unies ont lancé un cri d’alarme : l’argent de la drogue pourrait entrer dans le système financier international et les banques sont en danger. Mais pour l’heure, l’information n’a pas été vraiment prise au sérieux par les gouvernements européens et américain. Nous ne disposons pas encore d’enquêtes ou de preuves tangibles. Mais on peut déjà observer certains phénomènes. En Italie, légalement, toutes les banques doivent signaler les mouvements d’argent suspects. L’année dernière, le nombre de ces signalements a chuté de trois quarts. Cela ne signifie pas que la criminalité organisée se désintéresse des banques, au contraire. En étudiant la Camorra et la N’drangheta, je me suis rendu compte qu’en général, elles n’aiment pas trop entrer directement dans le système bancaire, qu’elles considèrent comme un secteur trop fragile. Elles préfèrent investir dans le secteur immobilier ou acheter des actions.
Mais en temps de crise, elles changent de cap. Elles savent qu’en pénétrant aujourd’hui dans les banques, elles pourront déterminer leurs politiques au moment de la reprise. Précisons que quand on parle de l’entrée de capitaux mafieux dans le système bancaire, on pense généralement au recyclage d’argent sale. Mais en réalité, il s’agit très souvent d’argent déjà recyclé. En 2006, la Camorra a tenté de faire rentrer les capitaux d’une entreprise pharmaceutique qu’elle avait achetée en Hongrie à travers le rachat de l’équipe de football de la Lazio de Rome. Cela veut dire que lorsque l’argent revient en Italie, il est déjà nettoyé. Il est très souvent blanchi en Europe de l’Est et rentre au pays immaculé pour finir en banque. Pour bloquer ce phénomène, la seule solution, c’est d’agir en amont à travers l’institution d’un code international de contrôle des capitaux de la part des banques. C’était le grand rêve du juge Falcone : que les banques soient garantes de la transparence du capital.

M.G. : Comme le souligne Roberto Saviano, l’Europe de l’Est est une zone critique. Aujourd’hui, la situation économique y est particulièrement préoccupante. Les banques autrichiennes et allemandes qui ont financé la région s’en vont et rapatrient leurs capitaux. Elles laissent derrière elles des pays avec des institutions encore fragiles et très vulnérables aux mécanismes du recyclage. Dans les années 90, les Balkans étaient aux mains de la criminalité organisée. Si l’Union européenne abandonne le processus d’élargissement vers l’Est, ces pays reviendront sous le contrôle de la criminalité organisée. Notons toutefois que la Bank Medici [un établissement autrichien, ndlr], qui avait beaucoup de fonds provenant de Russie et d’Ukraine, a été emportée par le krach Madoff. Au fond, c’est une bonne nouvelle : cela veut dire que même la criminalité organisée fait parfois de mauvais investissements.

Les mafias interviennent-elles aussi sur le marché monétaire ? Comment les mafias utilisent-elles leurs liquidités ?

M.G. : Nous ne disposons pas d’informations précises concernant des opérations sur le marché monétaire. En revanche, nous savons que le franc suisse et la livre britannique dépendent des industries bancaires de ces deux pays. L’une des raisons pour lesquelles Gordon Brown est si réticent à s’attaquer aux paradis fiscaux offshore et à introduire davantage de régulation, c’est que toute la stratégie économique des son pays reposait sur le fait de promouvoir Londres comme le principal centre bancaire du monde. Ce qui signifiait aussi fermer les yeux sur certaines activités qui passaient par la City.

R.S. :Les organisations criminelles ont depuis peu commencé à produire des faux euros, ce qui aggrave la crise économique du continent. Cet aspect est très souvent sous-estimé. Une enquête, qui vient d’être bouclée à Naples, montre que la Camorra disposait de contacts directs avec l’Hôtel de la Monnaie belge afin d’obtenir les matrices des billets.
La disponibilité d’argent frais est fondamentale pour les organisations criminelles. Celle-ci a eu un rôle clé dans les années 90, par exemple, quand la Nuova Famiglia camorriste l’a emporté contre le clan de Raffaele Cutolo. Celui-ci n’a pas seulement perdu d’un point de vue militaire, mais surtout du point de vue économique parce qu’il avait décidé de faire des investissements à long terme, se retrouvant ainsi sans argent frais pour payer les dépenses quotidiennes. La Nuova Famiglia avait investi dans la cocaïne et elle a réussi, malgré la crise des années 90, à recruter de nouveaux affiliés et à accumuler de l’argent.
Nous sommes face à des structures très attentives à la question des liquidités. Pour elles, c’est une question de vie ou de mort.

En Campanie, sur les terres de Gomorra, comment la crise se manifeste-t-elle ?

R.S. : La situation y est pratiquement apocalyptique. Tous les secteurs traditionnels de l’Europe méridionale, et pas seulement en Italie, sont entrés dans une crise aux proportions inimaginables. Prenons les grands centres commerciaux qui, dans ces régions (Andalousie, Grèce ou Sud d’Italie), ont fait figure de poumon économique de la Méditerranée. Maintenant que les consommateurs ne dépensent plus d’argent, ils sont en train de s’écrouler. Pour les mafias, c’est un coup sévère car elles contrôlaient la construction de ces centres et la gestion des services : du parking à la surveillance en passant par le transport des marchandises. Face à cette situation, elles ont deux options : soit prendre le contrôle de toute la structure et attendre la reprise, soit abandonner le terrain. Si elles choisissent la seconde option, comme cela semble être le cas, où vont-elles investir ?

Historiquement, les mafias ont-elles profité ou subi les crises ? Le panorama mondial de la criminalité est-il en train de changer ?

M.G. : l’économie obscure s’est énormément renforcée grâce à la coïncidence de deux facteurs : la chute du mur de Berlin et la globalisation. Cette économie obscure ne veut pas dire uniquement criminalité organisée, c’est aussi la corruption, l’évasion fiscale, la fraude. Toutes ces activités fondées sur l’illégalité utilisent les mêmes mécanismes pour mettre en circulation l’argent gagné. Elles ont enregistré un boum sans précédent depuis la fin des années 80, en particulier grâce au marché de la cocaïne. Le marché global de la drogue a ainsi vécu une longue phase d’expansion avec un impact géopolitique sans précédent. Il suffit de regarder ce qui se passe en Afrique occidentale. L’assassinat, le 2 mars dernier, du président de la Guinée-Bissau, Joao Bernardo Vieira, est lié au commerce de la cocaïne. En Amérique aussi, la situation est très grave. Au cours des cinq dernières années, le Mexique est devenu une véritable boucherie, avec plus de 1 000 morts depuis le début de l’année. A Vancouver, au Canada, les fusillades se multiplient depuis que la ville est devenue un grand carrefour de l’import-export de la cocaïne. Mais la zone la plus critique est l’Afghanistan. C’est une faillite gigantesque de la politique occidentale.

R.S. :C’est un point central. L’urgence face au terrorisme nous a détournés du trafic de drogue alors que ces deux activités s’entremêlent. Le pouvoir de la mafia nigériane a augmenté de manière vertigineuse depuis que les groupes de Lagos parviennent à gérer le marché du « pétrole blanc », c’est-à-dire de la cocaïne, dans toute l’Afrique occidentale. De tout cela, on ne sait pratiquement rien en Italie. Et pourtant, dans notre pays, il existe une ville, Castel Volturno, entièrement contrôlée par la mafia nigériane. C’est la Camorra, qui est une organisation ouverte aux changements culturels, qui l’a donnée aux Nigérians. Dès la fin des années 90, les parrains ont compris que les vagues migratoires ne pouvaient être arrêtées. Ils ont préféré négocier avec la mafia nigériane pour organiser l’arrivée des flux et surtout faire passer la drogue sur leur territoire. L’Iran est un autre pays important dans le panorama des stupéfiants. Malgré les démentis officiels, c’est un grand consommateur d’héroïne.
L’autre phénomène que l’on observe, c’est les échanges entre mafias. Les Turcs, par exemple, donnent aux Italiens et aux Espagnols des armes contre de la coca. Ces échanges suppléent aux carences du marché. A noter que le terrorisme islamiste a lui aussi tiré avantage du manque d’attention des gouvernements européens au trafic de stupéfiants. Le cas le plus emblématique est celui des attentats de 2004 en Espagne, entièrement financés par le trafic de haschich vendu en Italie et en France. Les terroristes avaient compris que la police espagnole était très sévère avec le trafic destiné à l’Espagne, mais tolérante avec le trafic de transit. Enfin, dernier élément, pour avoir une idée de la situation actuelle, il suffit d’observer les données de la Galicie, aujourd’hui un centre important du commerce de la drogue alors qu’elle était autrefois une terre de petits propriétaires, de commerçants et de pêcheurs. En cinq ans, depuis que l’Afrique et l’Espagne sont devenues le nouvel axe international de la cocaïne, les Galiciens sont arrivés au sommet du monde de l’entreprise espagnol. La question qui se pose est la suivante : est-ce uniquement un problème judiciaire ou est-ce un miroir de l’économie contemporaine ?


L’Union européenne à 27 membres est-elle un frein ou une opportunité pour les mafias ?

R.S. : Une enquête du parquet de Calabre a montré que des hommes de la N’drangheta sont parvenus à pénétrer dans trois pays européens différents, en un seul jour, sans être inquiétés. Le problème, c’est qu’il n’existe pas, en Europe, de législation antimafia unifiée. Quand un mafieux russe veut se cacher, il ne va plus à Haïti ou en République dominicaine, il va en Angleterre ou en Espagne. Il a fallu dix ans pour que le camorriste Antonio La Torre soit extradé depuis l’Angleterre. Pour Rome, c’était un assassin. Pour Londres, c’était un entrepreneur. Le principal problème de l’UE, c’est son incapacité à empêcher l’entrée de capitaux d’origine criminelle. L’Europe ne parvient plus à s’en passer. Le massacre Duisbourg a montré que les Calabrais considèrent désormais l’Allemagne comme leur territoire.

M.G. : Sur le long terme, l’UE est un instrument utile pour éradiquer les bases économiques des mafias. Depuis 2004, l’activité criminelle en Pologne, République tchèque, Slovaquie et Hongrie a changé. S’il n’y avait pas eu Bruxelles, toute l’Europe orientale serait aujourd’hui sous le contrôle du crime organisé. Les parrains étrangers sont tous en Europe depuis 1990. A l’époque, ils avaient déjà des passeports et achetaient des visas d’entrée. Fermer les frontières a uniquement des répercussions sur les citoyens.

L’élection d’Obama peut-elle changer quelque chose dans la politique de lutte contre la drogue ?

M.G : Il a déjà mis en discussion le plan Colombia, l’un des piliers de la guerre aux narcotrafiquants, qui a coûté très cher pour des résultats modestes et discutables. En raison de son expérience personnelle dans le South Side de Chicago, Obama connaît le monde de la toxicomanie et du trafic de stupéfiants bien mieux que ses prédécesseurs. Il n’a probablement pas l’intention de légaliser les drogues, mais il devra affronter le problème d’une réforme de la loi pour en réguler la consommation.

R.S. : Il est temps de penser sérieusement à un plan global de dépénalisation des drogues. Je ne suis pas convaincu par des réponses isolées. Le cas hollandais le démontre. Les groupes criminels italiens y ont commandé des tonnes de drogues douces qu’ils ont rapportées en Italie.


FRANCE. Il n’y a pas eu de « violences urbaines » à La Courneuve

Par Zineb Dryef | Rue89 | 18/05/2009

Dans la nuit de samedi à dimanche, des policiers transfèrent des suspects gardés à vue pour un examen médical à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy. L’un d’eux est connu des services de police pour être l’un des maillons d’un important trafic de drogues. Sur le chemin, deux voitures surgissent, bloquent le fourgon et tirent en rafale en direction des policiers à la kalachnikov. Pour le Parisen de lundi : « C’est la première fois qu’une telle arme est utilisée dans le cadre de violences urbaines. »

Depuis, politiques et médias n’ont de cesse d’évoquer une « escalade » et un « cap franchi » en matière de violences urbaines. Contrairement à ce qui s’est par exemple passé la semaine dernière à Villiers-le-Bel, il n’y pas eu d’affrontements entre forces de l’ordre et jeunes.

Les policiers eux-mêmes mettent en garde contre ce rapprochement et soulignent que cette attaque s’apparente plus à du grand banditisme qu’à l’une de ces manifestations d’agressivité fréquentes en banlieue que l’on nomme « violences urbaines ».

Thierry Mazet, secrétaire national du syndicat Alliance, souligne que ce guet-apens est très certainement lié aux grands trafiquants de stupéfiants installés en Seine-Saint-Denis : « Il y a environ 40 cités très touchées par le trafic de drogues dans le département. La Courneuve, notamment. Nous y allons de plus en plus souvent pour y mettre un terme. Donc eux souhaitent nous intimider avec ce type de traquenards. » Pour Thierry Mazet, cette action spectaculaire ne rend pas compte des rapports entre habitants de banlieues et policiers : « Il s’agit là de voyous. La grande différence entre hier et aujourd’hui, c’est qu’avant, ils avaient le doigt sur la détente et que maintenant ils appuient dessus. Les armes qui viennent des Balkans, il y en a toujours eu, tout le monde le sait mais là, ils s’en servent… »

Dans un excellent article, Mediapart reconstitue les faits et interroge : « C’est le genre d’affaires qui peuvent passer en quelques heures du statut de faits divers à celui d’affaire policiaro-politique. « Tous les ingrédients sont, en apparence, réunis : fusillade, police, drogue, guet-apens, La Courneuve, communiqué du ministère de l’intérieur et syndicats de police sur place. « En un mot, c’est le triptyque bandes, banlieue, banditisme, sujet à toutes les controverses, à toutes les polémiques, à toutes les récupérations. »

C’est bien parce que cette attaque a eu lieu en banlieue, dans la cité que Nicolas Sarkozy a promis de nettoyer au Kärcher, que ce fait divers donne lieu à un débat national et laisse croire que les petits délinquants des cités détiennent des kalachnikov.

Si l’on exclut les affaires de braquage (les armes lourdes y sont légion), ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’une attaque aussi dramatique touche des policiers. En 2001, à Béziers, un jeune homme avait entraîné la police dans une folle course-poursuite. Après avoir tiré une roquette contre les forces de l’ordre et tué le chef de cabinet du maire avec une kalachnikov, le délinquant a été abattu par la police. En 2002, Régis Ryckebusch, lieutenant de police a été tué dans le commissariat de Vannes par un forcené armé d’une kalachnikov.


Stups et armes, la montée en force d’un banditisme de banlieue

Insécurité. Après l’incident de la Courneuve, samedi, le dispositif policier a été renforcé.

LIBERATION – 19.05.09

« Les jeunes sont passés du jet de pierre, du caillassage contre la police au "gomme-cogne" (avec des balles de caoutchouc), au pistolet d’alarme, au fusil de chasse et à des armes à feu qu’ils utilisaient lors d’affrontements entre eux et qu’ils retournent aujourd’hui contre les forces de l’ordre. »

Il y a moins d’un mois, voici comment un commissaire de police analysait pour Libération les nouveaux comportements des bandes en France, dont 80 % sont en Ile-de-France. Le fait divers de samedi soir à la cité des 4 000 de la Courneuve (Seine-Saint-Denis), qui s’est soldé par le tir d’une rafale de kalachnikov sur un fourgon de police, a brutalement confirmé cette analyse.

Week-ends.

Présente à Bobigny hier, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a estimé : « Nous assistons à la criminalisation des bandes sur fond de stupéfiants. »

De fait, cet épisode semble davantage concerner la montée en force d’une forme de banditisme en banlieue plutôt qu’à la dérive des petites bandes qui, tous les week-ends, s’affrontent certes durement mais sans utiliser de telles armes. En mars, la ministre de l’Intérieur a dévoilé une typologie de 222 bandes répertoriées en France, en notant que les véritables bandes armées se comptaient sur les doigts d’une main, et que 44 % d’entre elles étaient « organisées, structurées autour d’un leader, souvent violentes et liées au trafic de stup ».

Les bandes dangereuses augmenteraient donc, et sur fond d’un lien de plus en plus étroit entre trafic de drogues et d’armes. Une note récente de la sous-direction de l’Information générale, la Sdig (ex-Renseignements généraux) s’est alarmée d’une utilisation massive d’armes dans les quartiers, même si le phénomène ne date pas d’hier puisqu’en 1998 déjà, les RG s’inquiétaient, dans un autre rapport, de la recrudescence des incidents où un coup de feu avait été tiré.

La Sdig a relevé que l’usage des armes se banalise dans les cas de refus de contrôle routier ou d’interpellation, ou lors de guets-apens tendus délibérément aux policiers, parfois après une fausse alerte à l’incendie. L’incident de samedi à la Courneuve synthétise ces divers ingrédients : deux jeunes sont d’abord interpellés après une scène de caillassage et de tirs de pistolet à grenaille sur une patrouille ; puis, alors qu’ils sont acheminés vers l’hôpital de Bondy, plusieurs jeunes prennent en chasse le fourgon pour les libérer, l’un d’entre eux ouvrant le feu avec un fusil-mitrailleur de type AK-47. Le suspect, qui était toujours hier en garde à vue, est soupçonné d’être lié à un important trafic de drogue dans la cité des 4 000.

Un autre facteur d’inquiétude tient à la multiplication de ce type d’incidents, et au climat de tension qui semble s’installer à nouveaux dans plusieurs quartiers. En mars, aux Mureaux (Yvelines) et à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), des policiers ont été caillassés par plusieurs dizaines d’habitants. En avril, à Corbeil-Essonnes (Essonne), plusieurs scènes d’affrontements se sont succédées. A Villiers-le-Bel (Val- d’Oise), ville symbole, comme Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), depuis les nuits d’affrontements de 2007, une vive polémique a éclaté il y a deux semaines après le décès d’une jeune femme qui s’est jetée du huitième étage de son immeuble en feu.
Défiance. Des habitants ont accusé les pompiers d’être intervenus trop tard, attendant que leur brigade soit sécurisée par la police. Même si aucun élément n’atteste ce scénario, d’ailleurs démenti par les pompiers, la polémique témoigne du niveau de défiance entre les habitants et les forces de l’ordre.

Depuis dimanche, à la Courneuve, l’important dispositif policier va encore accentuer cette impression de ghettoïsation. Soixante-dix CRS supplémentaires ont été déployés dans le quartier, et des équipes de la Brigade anticriminalité patrouillent sans cesse. Le maire (PCF) de la Courneuve, Gilles Poux, estime que « cette escalade préoccupante dans la violence n’a plus rien à voir avec la petite délinquance mais avec le banditisme. Les trafiquants sentent qu’ils perdent une partie de leur territoire. Cela augmente objectivement les tensions. » Et ce malgré l’installation, il y a un an, d’une Unité territoriale de quartier, la nouvelle police des quartiers.


A La Courneuve, visite de nuit d’Alliot-Marie

LIBERATION – 20.05.09.

La ministre de l’Intérieur a renouvelé son soutien aux policiers qui ont subi une attaque à la Kalachnikov le week-end dernier. Et promet des opérations coups de poing contre le trafic de drogue.

Michèle Alliot-Marie s’est rendue mardi soir au commissariat de La Courneuve, où elle a promis « des opérations coup de poing » contre le trafic de drogue. Effectuant une visite inopinée, La ministre de l’Intérieur est arrivée vers 23 heures au commissariat, où elle a rencontré les policiers en service pour leur apporter son soutien, après les coups de feu tirés à la kalachnikov contre un fourgon de police lors d’un guet-apens dans la nuit de samedi à dimanche. Elle a une nouvelle fois mis en cause dans cette affaire « les trafics de drogue qui sont la plaie de ces régions ». Un « pas de porte pour pouvoir se livrer au trafic sur un territoire donné se négocie 60.000 euros », a expliqué à la ministre un haut fonctionnaire de police du département.

Pour autant, « j’ai bien l’intention de faire un certain nombre d’opérations coup de poing dans les jours qui viennent, qui nous permettront de porter des coups certains à l’ensemble de ces délinquants », a-t-elle déclaré à des journalistes.

Elle s’était auparavant rendue dans la commune voisine de Stains, où elle avait rencontré des policiers, notamment de la brigade anticriminalité puis de la compagnie départementale de sécurisation dans un quartier de la ville. « Il est important pour moi de voir où se passent les choses et de pouvoir parler avec les policiers », a jugé la ministre. Ils « m’ont parlé de leur vie au quotidien, m’ont montré les lieux et là on perçoit mieux la difficulté de lutter contre les trafics de drogue », a-t-elle ajouté.

Ce week-end, quatre policiers convoyant des personnes placées en garde à vue avaient essuyé des tirs de kalachnikov de calibre 7,62 mm après avoir été bloqués par deux voitures. Il n’y avait pas eu de blessés. Les deux individus transportés dans le fourgon avaient été interpellés samedi soir après des tirs de grenaille contre d’autres policiers dans la cité HLM des 4.000. Ils se trouvaient toujours en garde à vue mardi à Bobigny. Alliot-Marie avait assuré lundi à Bobigny qu’elle serait « sans pitié » contre les trafiquants de drogue qu’elle rend responsables de l’attaque.

Mardi à l’Assemblée nationale, la ministre a accusé l’opposition d’user de « contre-vérités » dans ses critiques à l’égard de la politique de sécurité du gouvernement. Répondant à Daniel Goldberg (SRC, Seine-Saint-Denis) qui mettait en cause l’organisation et l’action de la police en général et dans son département, la ministre a affirmé qu’en Seine-Saint-Denis, « la délinquance de proximité a baissé de 4,4% entre 2006 et 2007, puis de 4,5%, entre 2007 et 2008 ». Mardi soir, le PS a estimé « nécessaire de changer de politique » après les incidents à La Courneuve, jugeant qu’« à l’évidence, loin des discours d’autosatisfaction et des gesticulations du président de la République, la situation en terme de sécurité se dégrade dans les quartiers populaires ». En 2005, après la mort d’un garçon de 11 ans dans une fusillade, le président Nicolas Sarkozy avait déclaré qu’il voulait « nettoyer » au « Kärcher » la cité des 4.000 à La Courneuve. (Source AFP)

FRANCE. La Bretagne accro à l’héro ?

LIBE-RENNES – 17/06/2009 - Pierre-Henri ALLAIN

La consommation d’héroïne est t-elle en hausse en Bretagne ? Les coups de filets qui se sont multipliés ces derniers mois pourraient le laisser penser. Policiers et gendarmes restent néammoins prudents.

A Redon, après six mois d’enquête, de filatures, de planques et la mobilisation de dizaines d’hommes, les gendarmes ont démantelé un important trafic. Ils ont saisi environ trois kilos d’héroïne, 110 g de cocaïne, plusieurs grosses cylindrées (BMW, Audi) et plus de 60 000 euros... Depuis janvier, 38 personnes ont été interpellées et dix autres ont été écrouées et mises en examen. Le trafic porterait sur 40 kg d’héroïne sur trois ans pour une valeur de 2 400 000 €. A Brest, quatre kilos de brown sugar et 50 000 euros ont été saisis en mai dernier et deux réseaux de trafiquants ont été démantelés depuis le début de l’année. Un dealer aurait reconnu avoir écoulé entre huit et dix kilos sur cinq mois. En octobre 2008, quatre kilos avaient également été saisis à Brest et Guipavas.

“Il y a eu des opérations récentes avec de belles prises, constate Hervé Penven, commandant de la compagnie de Redon. Ce n’est pas propre à Redon. Il y a eu des affaires semblables à Montfort, Quimper, Guingamp. Quand les gendarmes s’intéressent aux stups et qu’il y a un investissement en hommes et en moyens important, il y a des résultats. On ne peut pas pour autant tirer de conclusions sur une éventuelle augmentation ou pas de la toxicomanie”.

Un enquêteur relève tout de même “la banalisation de certains produits, même dans les campagnes reculées”. Directeur d’enquête, cité par Ouest-France, Frédéric Léonardon juge quant à lui “inédit” “autant de jeunes plongés dans l’héro” à Redon où, depuis mars 2008, 235 toxicomanes dont 142 héroïnomanes ont été interpellés et où les pharmaciens auraient doublé leurs ventes de méthadone.

A Brest, Daniel Kerdraon, commandant du commissariat de police relativise. “Il est vrai que depuis trois ou quatre ans, avec le conflit en Afghanistan, les quantités d’héroïne et de cocaïne qui circulent sont plus importantes, admet-il. Mais le phénomène devrait atteindre un seuil et, si l’on a l’impression qu’il y a davantage d’affaires de stupéfiants, c’est aussi parce que la police communique davantage et que la brigade des stups a vu ses moyens renforcés. Dans le même temps, on remarque une certaine tendance à la baisse chez les jeunes pour la consommation de cannabis, devenu ringard".

A Redon (10 000 habitants), les consommateurs ont entre 18 et 25 ans et les trafiquants “la quarantaine bien tassée”, selon Frédéric Léonardon. “Eux ne consomment pas. Leur drogue, c’est l’argent rapide et facile. Ils exploitent la naïveté et la maladie de ces jeunes” dit-il. Et les enquêteurs ne se font guère d’illusions. “Un certains nombre de ces jeunes sont accros. Ils vont rechercher de la drogue et notre souci est de savoir qui va prendre la relève des trafiquants”.


MEXIQUE, des requins farcis à la cocaïne

LEMONDE.FR, le 18.06.09 – avec AFP

Les trafiquants débordent d’imagination : les autorités mexicaines ont découvert, mercredi 17 juin, une importante cargaison de cocaïne cachée dans... des requins congelés. La marchandise avait été transportée à bord d’un navire en provenance des Etats-Unis, qui venait d’accoster dans la péninsule touristique du Yucatan, sur la côte atlantique. D’après les autorités, il y aurait plus d’une tonne de cocaïne.

La cocaïne se trouvait "l’intérieur de requins congelés" dans un container de douze mètres, selon un communiqué officiel. Un simple contrôle de routine aux rayons X a permis de découvrir la drogue, dissimulée à l’intérieur d’une trentaine de requins, a précisé le quotidien La Reforma, dans son édition de mercredi. Les autorités ont ordonné une inspection complète de toute la cargaison déchargée par le navire battant pavillon des îles Marshall. Le gouvernement du président conservateur Felipe Calderon a lancé depuis 2006 une vaste offensive contre le trafic de drogue, déployant plus de 36 000 militaires dans l’ensemble du territoire.

INTERNATIONAL


AFGHANISTAN : saisie de 3 tonnes de morphine prête à être transformée en héroïne

AFP 21.04.09 | 13h09

La police a saisi dans l’est de l’Afghanistan trois tonnes de morphine prête à être transformée en héroïne destinée à être exportée, a annoncé mardi le vice-ministre afghan de l’Intérieur. La drogue, enterrée dans une cache dans le district d’Achin de la province de Nangarhar, a été mise au jour par une unité de la police chargée de la lutte contre le trafic de stupéfiants dans une opération qui a bénéficié d’un soutien aérien de la force de l’Otan, a expliqué à la presse à Kaboul le général Mohammad Daud Daud. "Nous avons saisi 3.000 kg de morphine qui était prête à être transformée" en 2 tonnes d’héroïne environ et exportée, a précisé le vice-ministre. Le réseau des trafiquants qui l’avait dissimulée là "a été identifié et nous travaillons à leur prochaine arrestation", a-t-il promis. Les autorités afghanes saisissent régulièrement d’importantes quantités de haschisch et surtout d’opium, dont l’Afghanistan est de très très loin le premier producteur mondial, et qui sert de base à la fabrication de l’héroïne. Mais cette prise constitue la plus importante saisie de morphine jamais réalisée, selon le général Daud. Kaboul accuse les talibans d’avoir tiré pour 100 millions de dollars américains de bénéfices du trafic d’opium et d’héroïne en 2008, dont ils se sont servis pour financer leur insurrection. A partir des innombrables champs de pavots qui couvrent notamment le sud et l’est du pays, bastions des talibans, l’Afghanistan produit plus de 90% de l’opium fabriqué dans le monde et, à ce titre, est le principal pourvoyeur de l’héroïne qui y circule.

http://www.rue89.com/droguesnews/2009/05/02/cannabis-therapeutique-le-retard-francais

MEXIQUE : l’Eglise demande une protection contre les cartels de la drogue

AFP 23.04.09 | 23h47

L’Eglise catholique du Mexique a réclamé jeudi la protection de l’Etat, par peur de représailles des cartels de la drogue après les propos d’un archevêque sur le narcotrafiquant le plus recherché du pays. Mgr Hector Gonzalez Martinez, archevêque de Durango (nord), a suscité la panique dans les rangs du clergé en affirmant que Joaquin Guzman, chef du puissant cartel de Sinaloa, s’était établi dans sa région.

"Tout le monde le sait sauf les autorités", avait-il déclaré le week-end dernier, avant de s’excuser depuis. Ces propos interviennent alors que le pays est plongé dans une vague de violence meurtrière liée aux cartels de la cocaïne, qui a causé officiellement plus de 5.300 morts au Mexique en 2008. "Des prêtres ont été intimidés ou menacés dans plusieurs parties du pays, en liaison avec la croissante vague de violence", ont souligné les autorités ecclésiastiques du Mexique dans un communiqué. Le Mexique est le pays d’Amérique latine comptant le plus important nombre de fidèles catholiques après le Brésil.

Après les propos de l’archevêque, deux soldats mexicains ont été tués dans la région de Durango. Des messages faisant allusion au baron de la drogue Joaquin Guzman ont été retrouvés près des corps. Le parquet fédéral a réagi aux rumeurs sur le trafiquant, en indiquant n’avoir "aucun signe" de sa présence dans la région. Joaquin Guzman, en fuite depuis son évasion en 2001 d’une prison de haute sécurité près de Guadalajara (ouest du Mexique), est considéré comme le chef du cartel de Sinaloa, l’une des plus importantes mafias alimentant les Etats-Unis en cocaïne.

ETATS-UNIS. Le Gouverneur Schwarzenegger encourage le débat sur la légalisation du cannabis

Reuters du 6 mai 2009, Associated Press du 5 mai 2009

Le 5 mai, le Gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger a indiqué qu’il envisageait favorablement un débat portant sur la légalisation et l’imposition du cannabis, ce qui pourrait procurer à l’État une nouvelle source de revenus. Lors d’une manifestation dans le nord de la Californie, il avait été demandé au Gouverneur républicain, dont le mandat expire à la fin de l’année prochaine, si le cannabis pouvait être considéré comme l’alcool. « Non, je ne pense pas que ce soit le moment. Par contre, maintenant, il faudrait un débat, » a-t-il dit. « et je crois que nous devons être très attentifs à ce qui se passe dans les pays qui ont légalisé le cannabis et d’autres drogues, aux effets produits et à l’appréciation des résultats qu’en font ces pays. » Les commentaires de Schwarzenegger arrivent après que 56% des électeurs californiens, à la suite d’un scrutin sur le sujet, aient déclaré être favorables à l’idée de la légalisation du cannabis récréatif et à l’imposition de ses recettes. Les partisans indiquent que la taxation pourrait générer plus d’un milliard de dollars (environ 750 millions d’Euros) de revenu pour l’État.

Michael Douglas veut taxer le cannabis, Schwarzenegger y pense

Par Arnaud Aubron | Rue89 | 09/05/2009

Il n’y a pas que le piteux état de l’économie qui appelle à la comparaison entre la situation actuelle et les années 30. En effet, pour sortir de la principale crise économique depuis la Grande dépression, l’idée fait progressivement son chemin en Californie de mettre une nouvelle fois un terme à la prohibition. Des drogues cette fois. C’est d’abord l’élu californien Tom Ammianoa qui a déposé fin février une proposition de loi pour légaliser et surtout taxer la vente de marijuana. Selon lui, une taxe de 50 dollars par once (environ 30 grammes) serait susceptible de rapporter à la seule Californie un pécule de 1 milliard de dollars par an. Il faut dire que l’Etat du sud-ouest américain est peut-être le principal producteur mondial de cannabis.

L’idée qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Selon le site Starpulse, la vedette de Traffic, la super-star Michael Douglas, a en effet invité la semaine dernière l’administration Obama à reconsidérer le système de prohibition des drogues, dans le même esprit qui avait présidé à la fin de la prohbition de l’alcool aux Etats-Unis dans les années 30 : « Regardez, nous essayons de récolter énormément d’argent pour nos problèmes éducatifs et de santé publique et je me demande, en voyant tous ces gangs et en me rappelant le temps de la prohibition, si l’on ne pourrait pas aller explorer d’autres solutions. « Rappelez-vous, avant la deuxième guerre mondiale, l’alcool était interdit et qu’avons nous eu ? Des gangs, et quels gangs ! C’est quelque chose qu’il faut prendre en compte. Officialiser l’usage de la marijuana, est peut être l’une des sorties d’accompagnement vers une issue économique et une réponse à certains problèmes de violence ».

Selon un récent sondage, 56% des Californiens soutiendraient la mesure. Peut-être la raison pour laquelle elle ne laisse pas certains politiciens indifférents. Personnellement opposé à la légalisation de la marijuana dans son Etat, le gouverneur républicain de Californie et ex-acteur Arnold Schwarzenegger a ainsi dû concéder qu’il accepterait un débat sur la taxation : « Le moment est venu d’en débattre. Je suis toujours favorable à un débat ouvert sur des idées permettant d’accroître les recettes de l’Etat. Nous devons dès maintenant étudier de près les pays qui ont légalisé la marijuana et d’autres drogues, et voir exactement l’impact que cela a eu sur leur population. »

Evidemment, le gouverneur risque d’être déçu puisqu’aucun pays au monde n’a « légalisé » et taxé la vente de cannabis pour la simple et bonne raison que les conventions de l’ONU l’interdisent. Aux Pays-Bas, c’est ainsi une simple circulaire policière qui garantit le système de large tolérance.
Reste enfin que la loi fédérale américaine continue à prohiber l’usage et la vente de la marijuana, ce qui constitue encore la principale épine dans le pied des antiprohibitionnistes californiens.


Cannabis en stock

LE MONDE | 23.05.09 par Yves Eudes

Le comté de Humboldt, vaste territoire montagneux et verdoyant, est au coeur du fameux Triangle d’émeraude, première région productrice de marijuana de la Côte ouest américaine. Ici, des gangs organisés cultivent le cannabis à grande échelle : en plein air au fond de vallées inaccessibles, ou dans des containers, des tentes, des hangars, des pavillons de banlieue et même des appartements de centre-ville aux fenêtres condamnées, transformés en pépinières.

A Arcata, jolie bourgade côtière, le cannabis est omniprésent. Régulièrement, des amateurs de joints organisent des "fêtes cannabis" dans un parc, où tout le monde fume, sous l’oeil blasé de la police. La ville compte trois magasins d’outillage spécialement conçu pour la culture et le traitement du cannabis, des boutiques de vêtements et accessoires fabriqués en chanvre. Sur la grand-place, des chômeurs attendent patiemment qu’un cultivateur de cannabis arrive en 4 × 4 et leur propose du travail.

Arcata compte aussi quatre "dispensaires", des boutiques où l’on vend en toute légalité de la "marijuana médicale". En Californie, le cannabis a un double statut. Son usage récréatif reste interdit : la possession d’une petite quantité est un délit passible d’une amende, et les gros trafiquants risquent la prison. Mais depuis le vote par référendum, en 1996, de la Proposition 215, son usage à des fins médicales est autorisé.

Si un médecin estime que la marijuana peut calmer les douleurs ou les angoisses d’un malade chronique, il peut lui prescrire de fumer un ou plusieurs joints par jour, ou de manger des fleurs de cannabis dans un gâteau. Muni de son ordonnance, le patient se fait délivrer par les services municipaux une carte cannabis, qui l’autorise à en transporter pour son usage personnel.

La Proposition 215 a permis le développement d’une puissante industrie, à la lisière de la légalité. Dans tout l’Etat, des cabinets médicaux spécialisés rédigent des ordonnances de complaisance à la chaîne, pour 100 ou 200 dollars. Trois cent mille Californiens possèdent aujourd’hui une carte cannabis.
Certains le font pousser eux-mêmes, d’autres délèguent la culture à un soignant officiel, qui devient producteur légal pour le compte d’autrui. Le soignant peut sous-traiter la culture à un agriculteur, et ouvrir un dispensaire. Ailleurs, des groupes vivant en communauté louent des terres agricoles et cultivent le cannabis dans des fermes collectives. Ils distribuent gratuitement une partie de leur récolte à leurs patients encartés, et vendent le reste au marché noir.

Il existe plus de cinq cents dispensaires en Californie, surtout dans les villes gérées par le Parti démocrate. Certains sont d’authentiques centres de soins, d’autres des vitrines légales pour les militants de la légalisation, ou encore de pures entreprises commerciales. Dans les villes conservatrices, les autorités locales utilisent tous les moyens pour décourager leur implantation. Procès et contre-procès se multiplient, intentés par les militants procannabis contre des collectivités locales, et vice versa. La situation est encore compliquée par le fait que le gouvernement fédéral de Washington ne reconnaît pas la Proposition 215, et mène une répression sporadique contre les dispensaires.

A Arcata, le dispensaire baptisé Patient Resource Center est géré par une femme d’affaires énergique. Les clients font la queue devant un petit guichet, choisissent leur variété préférée sur catalogue, et paient entre 30 et 40 dollars le sachet de 3,5 grammes. Derrière la boutique, une vaste serre abrite plus de mille plantes, cultivées sous lampe et irriguées au goutte-à-goutte. A l’étage, des milliers de jeunes pousses attendent d’être mises en terre. Ce système de rotation, contrôlé par ordinateur, permet une récolte tous les dix jours, tout au long de l’année.

Dans la même rue d’Arcata, un autre dispensaire, Humboldt Coop, tenu par un expert en gestion des collectivités locales, fournit à lui seul près de 8 000 patients dans tout l’Etat. Il sous-traite la culture à des agriculteurs de la région, qui arrondissent ainsi leurs fins de mois.

Face à cette situation inextricable, les autorités du comté cherchent une solution. Paul Gallegos, le district attorney du comté ("chef procureur") installé dans le port d’Eureka, à 10 km d’Arcata, continue à pourchasser les trafiquants. Pourtant, il en est arrivé à la conclusion que le mieux serait de légaliser le cannabis : "Je ne parle pas de demi-mesures comme la dépénalisation, il faudrait que la marijuana soit complètement légale, et que l’administration puisse surveiller la production. En lui-même, le cannabis ne pose pas de problèmes de sûreté, seulement des problèmes d’éducation et de santé."

M. Gallegos rêve de supprimer l’immense gaspillage provoqué par cette guerre sans fin de l’Etat contre le cannabis, et surtout de mettre fin à l’hypocrisie générale : "Le maintien de ces lois inapplicables sape l’autorité de l’Etat. La justice devient une farce, la population perd tout respect envers les institutions."

la légalisation aurait selon lui un autre avantage : "Le prix du cannabis s’effondrerait, les trafiquants se retrouveraient au chômage. En fait, les deux seuls groupes vraiment opposés à la légalisation sont les forces de l’ordre, pour des raisons culturelles, et les dealers, pour des raisons économiques."
Même au sein de la police, les mentalités changent. Le détective Wayne Cox, qui travaille sous les ordres de Paul Gallegos, semble être du même avis que son patron. Cette évolution ne s’est pas faite sans déchirement, car M. Cox est un ancien de la brigade des stups : "Une chose est sûre, plus jamais je ne risquerai ma peau en allant défoncer la porte d’un trafiquant de cannabis, ça n’a plus de sens. Récemment, j’ai contrôlé un adolescent qui conduisait un 4 × 4 tout neuf, il venait de l’acheter cash, 70 000 dollars. Dans la voiture, j’ai trouvé une facture pour un équipement stéréo à 30 000 dollars. Les jeunes du comté n’ont plus d’autre ambition que de cultiver du cannabis." A demi-mot, le policier et le magistrat reconnaissent que l’industrie du cannabis apporte une certaine prospérité à la région, durement touchée par le déclin de la pêche et de l’exploitation forestière.


ETATS-UNIS. Obama veut que la justice traite le crack comme la cocaïne

Par Guillemette Faure | Eco89 | 11/05/2009

Le gouvernement Obama souhaite que les peines de prison appliquées au crack soient alignées sur celles de la cocaïne. Il répond là à une vieille revendication de la communauté noire, qui estime que la drogue des pauvres est sanctionnée par des peines bien plus lourdes que la drogue des riches.

Aux Etats-Unis, la justice fédérale promet la même peine plancher (cinq ans de prison) à celui qui vend cinq grammes de crack qu’à celui qui vend 500 grammes de cocaïne. Or cinq grammes de crack se vendent environ 150 dollars tandis que la valeur d d’un demi kilo de cocaine serait de l’ordre de 14 000 dollars, à en croire les déclarations de John Timoney, chef de la police de Miami, lors d’auditions organisées sur le sujet le 29 avril par le comité judiciaire du Sénat : « Si j’arrête un type avec cinq grammes de crack, je me dis que c’est un petit vendeur de coin de la rue ou que c’est pour sa consommation personnelle alors que si j’arrête quelqu’un avec 500 grammes de cocaine, je me dis que c’est un sérieux trafiquant. L’idée que ces deux types méritent la même sanction est scandaleuse. »

La diabolisation du crack

L’énorme disparité des peines de prison entre les deux drogues remonte à une loi de 1986 (Federal Anti-Drug Abuse Act). Asa Hutchison, ancien patron de l’agence anti-drogue américaine (Drug Enforcement Agency) a expliqué que cet écart avait été justifié à l’époque par l’idée à l’époque que le crack était infiniment plus addictif que la cocaïne. « J’ai voté pour cette loi, le crack (à l’époque) était considéré comme un fléau », a reconnu le sénateur démocrate Richard Durbin. « A la réflexion aujourd’hui, on se dit que c’était une mauvaise décision. » Depuis les années 1980, des groupes de défense des droits civiques, des associations noires, des associations d’avocats demandent que l’on revienne sur ces lois. Elles se sont regroupées en une coalition, crackthedisparity.

La Maison-Blanche pour un assouplissement

Par la voix de Larry Breuer, responsable des affaires criminelles au ministère de la justice américain, la Maison-Blanche de Barack Obama les a appuyés pour la première fois. « Le gouvernement estime que l’objectif du Congrès devrait être d’éliminer complètement les écarts de peine de prison entre le crack et la cocaïne », a déclaré Lanny Breuer devant ce même comité. La différence de peines est indéfendable selon lui, vu la similitude chimique des deux drogues et l’incidence des peines minimales obligatoires sur la communauté noire.

Les Noirs, qui constituent 12,3% de la population américaine, représentent 81,8% des condamnations liées au crack. Pour aligner les peines plancher des deux drogues, le gouvernement Obama souhaite que celles appliquées au crack soient allégées, contrairement aux voeux des grandes associations de la police (Association of Chiefs of Police et le Fraternal Order of Police) qui recommandent que l’alignement se fasse via un durcissement des condamnations pour possession ou trafic de cocaïne.

Quid des détenus actuels en cas de réforme ?

Au ministère de la justice, Larry Breuer dit n’avoir entendu « aucun argument convaincant » qui justifierait d’élever les peines sanctionnant la possession ou distribution de cocaïne. Tandis que le ministère de la justice du gouvernement Obama réfléchit à un nouveau système de peines de prison pour drogue, reste une question : la nouvelle loi sera-t-elle rétroactive ? Aux Etats-Unis, où plus de la moitié (52%) des détenus des prisons fédérales sont derrière les barreaux pour des crimes liés à la drogue, cela créerait un sacré remue-ménage pour le système judiciaire et le système carcéral.

BELGIQUE : Pour Laurette Onkelinx, il faut tester sa drogue avant de la consommer

Première Ligne - 06.05.2009 - Source : (belga/cb)

La ministre de la Santé Laurette Onkelinx va permettre aux consommateurs de drogue de tester gratuitement la qualité de leur cocaïne. Elle lance ce projet-pilote parce que de plus en plus de consommateurs subissent un empoisonnement à cause de leur drogue, dont la qualité est de moins en moins bonne. Un test de qualité pour les drogues “festives” peut donc éviter de nombreux problèmes. Neuf centres d’aide en Flandre son prêts à mener ces premiers tests : le consommateur confie ses pilules au médecin de service, qui les envoie au laboratoire. Peu après, le consommateur sait si la marchandise qu’il ingère est sûre ou pas. La ministre est “une grande partisane” du projet-pilote et le défendra dans deux semaines lors d’une réunion spéciale.

ALGERIE - La consommation de cannabis explose

Courrier International – Liberté – 06.05.2009

Le cannabis reste en tête du trafic et de la consommation de drogue en Algérie, tout d’abord à cause de la proximité du Maroc, premier producteur de cannabis au monde. Selon l’Office national de prévention et de lutte contre la drogue et la toxicomanie, son usage aurait quadruplé en un an. Le cannabis en provenance du Maroc est très facile à trouver dans la mesure où les frontières européennes sont de moins en moins perméables au trafic. Les stocks qui transitaient par l’Algérie restent maintenant sur place. Le phénomène est d’autant plus inquiétant que 80 % des consommateurs ont entre 16 et 30 ans. Or, "c’est au sein de la jeunesse algérienne contaminée par les maux que sont la violence, le suicide et la drogue, que se niche peut-être la plus grande menace sur la stabilité du pays", estime le quotidien Liberté.


L’IRAN compte 1,2 million de toxicomanes

Première Ligne - 11.05.2009 - Source : AFP

TEHERAN - L’Iran compte 1,2 million de toxicomanes dont l’âge moyen est de 32 ans, selon des statistiques officielles citées vendredi par l’agence Irna.
“Selon les dernières statistiques de la commission de la lutte anti-drogue, le nombre de toxicomanes en Iran a atteint 1,2 million”, a indiqué un responsable de cette instance, Houman Narenjiha, cité par Irna. “La moyenne d’âge des drogués est de 32 ans”. Selon lui, ces personnes ont commencé à se droguer en moyenne à 23 ans. Il n’a pas précisé les drogues utilisées, mais ces statistiques normalement évoquent l’opium et l’héroïne.

Les autorités iraniennes tentent de faire face à un important problème de drogue. Le ministère de la Santé affirme que l’injection de drogue par intraveineuse est la principale cause d’infection chez les malades atteints du virus HIV, estimant que 77,5% des 19.435 personnes infectées le sont de cette manière. L’est de l’Iran, frontalier de l’Afghanistan et du Pakistan, est régulièrement le théâtre de combats sanglants entre les forces de sécurité et de police iraniennes et des trafiquants de drogue. Une grande partie de la drogue produite en Afghanistan transite par l’Iran pour être acheminée vers l’Europe ou les pays arabes. Une partie de cette drogue est distribuée en Iran même, qui compte environ deux millions de toxicomanes ou consommateurs irréguliers, selon les chiffres officiels.

En avril, la police iranienne a annoncé que 7.700 tonnes d’opium avaient été produits en Afghanistan en 2008, dont 3.000 acheminées clandestinement en Iran. La police a réussi à en saisir 1.000 tonnes. Chaque année, plusieurs dizaines de trafiquants sont condamnés à la peine capitale et pendus en Iran.

ALLEMAGNE. La prescription d’héroïne est autorisée

BERLIN (AFP) — Les députés allemands ont adopté jeudi [28.05.09], à l’issue de plusieurs années de débat, un projet de loi autorisant la prescription médicale d’héroïne pour les malades très fortement dépendants de cette drogue.
La diamorphine, dénomination scientifique de l’héroïne, aura désormais le statut de "stupéfiant pouvant être délivré sur ordonnance". Elle ne pourra toutefois être prescrite qu’à des patients de plus de 23 ans, dépendants au moins depuis cinq ans de l’héroïne et qui ont déjà tenté au moins deux thérapies pour décrocher. Entre 2.000 et 3.000 personnes pourraient être concernées par un tel traitement, selon la porte-parole des sociaux-démocrates pour les questions de politique de santé, Carola Reimann. "C’est une avancée dans le traitement des malades lourdement dépendants pour lesquels nous nous sommes longtemps battus", s’est félicité la déléguée du gouvernement pour la lutte contre les drogues, Sabine Bätzing, citée dans un communiqué. "Nous leur offrons ainsi une perspective pour leur vie", a-t-elle ajouté. Une étude menée dans sept villes d’Allemagne par le ministère de la Santé et plusieurs Etats régionaux avait permis de montrer que dans certains cas, la prescription de diamorphine était plus efficace que des traitements de substitution du type méthadone. Certains conservateurs de la CDU qui s’étaient dans un premier temps opposés à ce projet avaient fini par s’y rallier en raison des résultats probants livrés par cette étude.

SUISSE. Base légale pour la prescription d’héroïne en vigueur en 2010
Première Ligne - 25.05.2009 - Source : ATS

Les nouvelles bases légales pour la prescription d’héroïne, plébiscitées par le peuple en novembre, entreront en vigueur début 2010. Le reste de la révision de la loi sur les stupéfiants attendra l’année suivante, a décidé le Conseil fédéral.

Le traitement avec l’héroïne est réglementé de façon limitée jusqu’à la fin de l’année. Il est donc nécessaire d’appliquer les nouvelles dispositions au plus tard en janvier pour éviter un vide juridique.

En revanche, les autres articles de la loi sur les stupéfiants requièrent des profonds remaniements au niveau des ordonnances d’application. Ils seront donc mis en vigueur plus tard, probablement en janvier 2011.

La loi, adopté par 68% des votants, ancre la politique dite “des quatre piliers” (prévention, réduction des risques, thérapie et répression). Les programmes de distribution de drogue restent soumis à des conditions strictes. Quant au cannabis, il est autorisé à des fins scientifiques, pour le développement de médicaments ou pour une application médicale limitée.


Les PAYS-BAS limitent l’accès aux coffee shops à la frontière belge

LIBERATION – 13.05.09.


Les Pays-Bas ont annoncé hier que l’accès aux coffee shops allait être plus règlementé. Une carte de membre sera désormais nécessaire.

Plus question d’acheter librement de la drogue dans les coffee shops au Pays-Bas. Face aux nuisances générées par le tourisme de la drogue, le pays revoit sa politique de tolérance : les acheteurs de cannabis vont devoir présenter une carte d’accès pour s’approvisionner dans les coffee shops à la frontière belge. « Nous allons transformer les coffee shops, d’établissements ouverts, accessibles à tous, en établissements fermés dont il faudra devenir membre », a annoncé hier le maire de Maastricht, Gerd Leers.

L’objectif de la mesure, qui sera mise en place dès le 1er janvier 2010 dans la trentaine de coffee shops de la province du Limbourg (sud-est), est de « décourager la majorité des touristes de la drogue », a-t-il précisé. En effet, chaque année, c’est près de quatre millions d’étrangers qui vont acheter du cannabis dans le Limbourg. La moitié d’entre eux se rendent à Maastricht. « Nous luttons depuis des années contre l’attrait qu’exercent sur les étrangers les coffee shops du Limbourg en tant que région frontalière et les nuisances liées à la venue de nombreux Belges, Français et Allemands », a souligné Gerd Leers. Ces nuisances se traduisent par des dégradations, un intense trafic routier, du trafic de drogue et d’autres faits criminels.

Une carte d’accès individuelle obligatoire

Le projet pilote, soutenu par le gouvernement, prévoit que pour acheter du cannabis, il faudra être titulaire d’une carte d’accès individuelle, délivrée par les coffee shops. Cette carte, sur base d’une donnée biométrique, permettra d’identifier les clients qui ne pourront plus acheter que 3 grammes de cannabis maximum par jour, contre 5 grammes actuellement. Et l’achat de cannabis ne sera possible que par carte ou virement bancaire.

« Les petits approvisionnements des coffee shops, à l’origine conçus pour répondre aux besoins locaux, sont devenus un grand business dont beaucoup veulent profiter, notamment des revendeurs illégaux dépendant souvent d’organisations criminelles », a affirmé le maire de Maastricht. Les 702 coffee shops néerlandais disposent d’une licence municipale pour vendre la marijuana mais ne sont pas autorisés à en stocker plus de 500 grammes. La culture et la vente en gros sont actuellement interdites.

« Une approche plus dure de l’illégalité »

Le projet présenté mardi prévoit également une « approche plus dure de l’illégalité » par la police et la justice, qui devront en faire leur priorité, a insisté la ministre de l’Intérieur, Guusje Ter Horst. Par ailleurs, le Conseil d’Etat néerlandais a posé une question préjudicielle à la Cour européenne de justice sur la possibilité de limiter l’accès de coffee shops aux seuls Néerlandais. Une réponse n’est pas attendue avant un an et demi.

Deux communes néerlandaises, Roosendaal et Bergen-op-Zoom (sud-ouest), également proches de la frontière belge, avaient annoncé en mars la fermeture définitive, à partir de septembre, de leurs huit « coffee shops », pour mettre fin aux nuisances de quelque 25 000 touristes qui viennent acheter chaque semaine du cannabis. Ces fermetures ne sont cependant pas « une réelle alternative », a estimé le mairie de Maastricht, elles « risquent de chasser les clients dans l’illégalité ». (Source AFP)


CANADA. Les bidasses canadiens portés sur les drogues
Par Arnaud Aubron | Rue89 | 10/06/2009

Mauvaise nouvelle pour le Canada : 3% de ses soldats se droguent. Bonne nouvelle : c’est moins que la moyenne des Canadiens. Ce qui est tout de même rassurant.

Selon un rapport interne des Forces armées canadiennes que s’est procurée la Presse canadienne, 170 des 5920 soldtas testés (notamment ceux participant aux opérations en Afghanistan), soit 3%, avaient consommé cannabis, cocaïne ou amphétamines. Un porte-parole de l’armée canadienne plein de bon sens rappelle que : « La consommation de drogues illicites altère l’état de préparation opérationnelle et n’est pas compatible avec la mission des Forces canadiennes. »


CANADA. Sites d’injection supervisée - Québec aussi doit agir en faveur des toxicomanes
Première Ligne - 17.06.2009 - Source : Le Devoir

Les Québécois pourraient savoir dès cet automne si la province se dotera de sites d’injection supervisée pour venir en aide aux 23 000 usagers de drogues injectables de la métropole. La rédaction de l’avis sur la question qui a été demandé à l’Institut national de santé publique (INSP) par le ministre de la Santé, Yves Bolduc, est pratiquement terminée et cet avis devrait lui être remis incessamment.

Cela signifie qu’il devrait être rendu public au plus tard cet automne, précise Nathalie Hudon, de la direction des communications de l’INSP.
Médecin-chef du service de la médecine des toxicomanies au CHUM, la Dre Suzanne Brissette suit le dossier de près. Bien qu’elle ignore la teneur de la recommandation de l’INSP, elle ne serait pas surprise qu’il soit favorable à l’implantation d’un site d’injection supervisée, puisque le Programme national de santé publique 2003-2012 l’envisageait déjà. En effet, la mise à jour du plan, faite en 2008, inscrit dans les « activités à déployer » d’ici 2012, en matière de « lutte contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang », la création de « services d’injection supervisée pour les utilisateurs de drogues dans les régions visées ». En supervisant les usagers, ces services permettent en effet de limiter la transmission du VIH et de l’hépatite C attribuable au partage de seringues. À Montréal, environ 20 % des usagers seraient porteurs du VIH et environ 90 %, du virus de l’hépatite C. Les études sur les sites d’injection supervisée font aussi état de la prévention des décès grâce à l’intervention rapide en cas de surdose ou de problèmes de santé, d’un taux plus élevé d’accès aux ressources médicales ou sociales, d’une diminution de la criminalité et des seringues souillées dans les lieux publics environnants.
Les partisans d’un tel service croyaient que ça y était en juin 2008, lorsque Philippe Couillard, ancien ministre de la Santé, avait exprimé son appui. Le mois suivant, Alain Poirier, directeur de la santé publique, a même affirmé qu’un site pourrait voir le jour dès l’automne 2008 à Montréal. Mais, en août, le ministre Bolduc a jeté une douche d’eau froide sur les espoirs de tout le monde.
Les protestations ont été immédiates, y compris dans le milieu de la santé. La Coalition de réduction des méfaits a aussitôt vu le jour. Elle a obtenu l’appui d’environ 80 organisations et d’une centaine de personnalités. Et, le 19 mai dernier, sa pétition de 5000 noms, récoltés en mars, a été déposée à l’Assemblée nationale par le député péquiste Bernard Drainville.

Nécessaire. « Toutes les études montrent la pertinence de mettre sur pied un site d’injection supervisée, y compris pour le système de santé et l’ensemble de la société. C’est une question de santé publique pure et dure », insiste Nicole McNeil, porte-parole de la coalition et directrice d’ANONYME, l’unité d’intervention mobile d’aide aux jeunes en difficulté. Mme McNeil est d’autant plus déterminée que l’élaboration d’un modèle de fonctionnement était déjà bien avancée quand le Dr Bolduc a tout mis sur la glace. En mai 2008, une délégation réunissant six représentants du milieu de la santé publique et six représentants d’organismes communautaires s’est même rendue à Barcelone pour y étudier le modèle mis en place il y a longtemps.

« Leur situation ressemble davantage à celle de Montréal. Les usagers sont dispersés sur le territoire et la drogue de choix est la cocaïne, alors qu’à Vancouver les usagers sont concentrés dans un quartier et l’héroïne est la drogue la plus utilisée. Pour qu’un tel service soit efficace à Montréal, sa mise en place doit être modulée en fonction de la réalité sur le terrain », explique-t-elle.

Elle donne en exemple les organismes de distribution de seringues propres. À Montréal, ils sont actifs dans plusieurs quartiers et ANONYME offre un service mobile. « Nous voulons utiliser le même principe de répartition sur le territoire pour les sites d’injection supervisée », dit Mme McNeil.

La Coalition a invité le ministre à venir sur le terrain pour rencontrer les intervenants et les usagers afin d’avoir un aperçu de la situation. Le ministre n’a pas encore répondu à son invitation.

[CANADA. Sites d’injection supervisée] - Un trou dans les nuages
Première Ligne - 17.06.2009 - Source : Le Devoir

Le gouvernement Harper n’a jamais affiché une grande sympathie pour les toxicomanes, surtout lorsqu’il est question de permettre l’injection supervisée de drogues. Il tente présentement de faire fermer le seul site d’injection supervisée au Canada, celui d’InSite, à Vancouver. Visite d’un projet honni, qui est toutefois susceptible de ne pas rester isolé.

Vancouver — Il n’y a pas dix pâtés de maisons qui séparent la chic boutique Escada située rue Hastings, à Vancouver, des locaux du site d’injection supervisée InSite, situé dans la même rue. Parcouru à pied, ce court trajet se transforme en voyage accéléré vers la misère. En moins de 15 minutes, on passe des vitrines rutilantes aux façades placardées et empreintes d’une persistante odeur d’urine.

Bienvenue dans le Downtown Eastside, l’un des quartiers les plus paumés en Amérique du Nord, un petit kilomètre carré où se côtoient junkies, prostituées, itinérants et personnes souffrant de troubles mentaux. C’est là que se trouve InSite, un centre où les usagers de drogues intraveineuses peuvent se piquer sous la supervision de deux infirmières et de deux employés, recevoir des soins en cas de surdose, mais aussi obtenir de l’aide pour accéder aux services sociaux, traitements et programmes de désintoxication. Aucune drogue n’est offerte sur place.

La tâche est lourde. Au début du mois de mai, comme chaque mois, InSite se préparait pour quelques dures journées. Le quartier héberge la plus forte concentration d’héroïnomanes au Canada. Quand les chèques d’aide sociale entrent, la consommation explose et InSite le sait. « Au début du mois, il se fait entre 1000 et 1200 injections par jour ici, ce qui est très exigeant pour le personnel », raconte Ross Maynard, coordonnateur d’InSite. En temps normal, il se fait quotidiennement entre 700 et 800 injections.

InSite est plus qu’un site d’injection supervisée. C’est un maillon d’une démarche qui vise à réduire les méfaits des drogues illégales en venant en aide aux usagers. Pour y parvenir, il faut les rejoindre. InSite sert de porte d’entrée pour la clientèle la plus lourde. « Nous sommes leur dernier arrêt », rappelle Ross Maynard.

Une multitude d’études soulignent les bénéfices d’InSite et de 70 sites similaires ailleurs dans le monde. Les toxicomanes qui les fréquentent acceptent plus volontiers des soins médicaux, se montrent plus disposés à suivre des traitements. La transmission de maladies est réduite, tout comme le nombre des seringues souillées qui sont abandonnées dans les lieux publics. Facteur plus important encore, plusieurs vies sont épargnées par une intervention rapide en cas de surdose, ce qui diminue d’autant les coûts de santé qui en découlent. À InSite, on a vécu environ 1000 surdoses depuis l’ouverture. Seulement 6 % ont exigé un transfert vers un hôpital et aucune personne n’en est morte, souligne M. Maynard.

Une chaîne. Le site est ouvert tous les jours de l’année, de 10h à 4h le matin. À l’étage, une douzaine de chambres servent à la désintoxication et, juste au-dessus, 18 autres accueillent ceux qui ont traversé cette première étape et attendent leur admission dans un service de réhabilitation. « Nous avons ouvert ces deux étages — Onsite 2 et 3 — en même temps qu’InSite, en 2003, afin d’assurer la continuité des soins », explique M. Maynard.

En 2006, une clinique s’ajoute. « Durant la première année d’activité, nous avons constaté que les usagers souffrant d’infections sérieuses qu’on dirigeait à l’hôpital n’y restaient pas. Ils quittaient avant la fin de leur traitement d’antibiotiques parce qu’ils avaient besoin de leur dose. Mais cela entraînait la multiplication d’infections de plus en plus résistantes et dévastatrices », note Ross Maynard. À la clinique, qui occupe un étage d’un autre édifice fraîchement rénové avec l’aide financière de la province et du fédéral, ces toxicomanes sont maintenant accueillis après un bref passage à l’hôpital. Ils sont soignés, logés et nourris, mais peuvent entrer et sortir, ce qu’ils font généralement pour consommer leur dose. Vanessa, qui y travaille, constate que la stabilité offerte amène la plupart d’entre eux à diminuer de beaucoup leur consommation, à accepter de passer des tests et même de se faire soigner pour l’hépatite C ou le VIH. « Souvent, ils n’ont jamais connu la sécurité et le respect qu’ils retrouvent ici, et le changement a un effet bénéfique sur leur état », dit-elle. L’équipe va d’ailleurs toujours tenter de leur trouver un logis où ils pourront s’installer à leur sortie.

La crise qui fait bouger. InSite est parrainé par la Vancouver Coastal Health Authority (VCHA), qui en a confié la gestion à un organisme communautaire bien implanté dans le quartier, le Portland Hotel Service Community Services (PHS). Cette organisation gère aussi plusieurs maisons de chambres supervisées. C’est durant les années 1990 que VCHA s’est ralliée au projet de site d’injection supervisée que concoctaient PHS et d’autres groupes. Il faut dire que la situation ne cessait de s’aggraver. Au début des années 1990, c’est en effet l’explosion du nombre de morts par surdose. D’une quarantaine par année, elles passent à 360 en moins de dix ans. On assiste aussi à une montée en flèche du taux d’infection au VIH parmi les toxicomanes. Les organismes communautaires, qui font déjà un travail de rue, l’échange de seringues et la distribution de condoms, sont sur le qui-vive. Commence alors à germer le projet de site d’injection supervisée.

Les autorités sanitaires, elles aussi inquiètes, déclarent qu’il s’agit d’une crise de santé publique, ce qui permet de rallier les autorités policières et la province. Mais il reste à surmonter la résistance d’Ottawa. Pour que les junkies acceptent de venir au site d’injection, il ne faut pas qu’ils craignent d’être cueillis à la porte avec leur drogue en poche. L’exemption nécessaire à la Loi sur les drogues, demandée par VCHA, arrive finalement… en 2003.

InSite a fonctionné pendant cinq ans grâce à cette exemption offerte par Ottawa. Celle-ci est arrivée à échéance en juin 2008 et le gouvernement Harper n’entendait pas la renouveler. PHS s’est adressé aux tribunaux et la Cour supérieure de la Colombie-Britannique a conclu qu’InSite était un service de santé auquel les toxicomanes avaient droit en vertu de la Charte.

Le juge Ian Pitfield a alors statué que les dispositions de la Loi sur les drogues concernant la possession et le trafic niaient aux usagers l’accès à un service de santé et étaient donc contraires au droit « à la vie, à la liberté et à la sécurité » protégé par la Charte et, par ricochet, inconstitutionnelles. Le juge a aussi présenté le sort d’Insite comme un enjeu de santé publique, en faisant ainsi une responsabilité provinciale.

Sans ce jugement, InSite aurait fermé ses portes en juin l’an dernier. Il survit en attendant une nouvelle décision des tribunaux. Ottawa, qui avait une année pour changer la loi, a préféré porter le jugement en appel. Lors de l’audition de la cause à la fin d’avril, une batterie d’avocats ont défilé devant les trois juges de la Cour d’appel de la Colombie-Britannique. Tous, sauf ceux du fédéral, y défendaient InSite, les droits à la santé et à la sécurité des toxicomanes, ainsi que les pouvoirs de la province en matière de santé. Le jugement est attendu d’ici l’automne.

Ottawa a financé des recherches sur InSite, mais n’a jamais contribué à son fonctionnement, dont le coût annuel atteint environ 2,5 millions. Ce dernier est entièrement épongé par le gouvernement de la Colombie-Britannique

DROGUES LEGALES


ALCOOL. Coup de débourre au boulot

LIBERATION – 04.05.09 - PEYRET Emmanuèle

Trucs et astuces. L’art de survivre sur son lieu de travail un lendemain de cuite.

Et voilà, c’est malin. Pire qu’un syndrome du lundi matin. L’œil en bordure de jambon, la tronche en travaux, une seule envie plutôt que le bureau : rester tapie au fond de son lit en attendant que ça passe. Le petit apéro entre copines s’est transformé en 22 margaritas, le pot entre collègues en biture homérique, les copains qui pourtant eux aussi ont école à 8 h 20 tutoyaient toujours le cubi à 2 heures du mat, la liste des traquenards possibles n’est pas exhaustive.

Seulement voilà, le lendemain de bamboche en semaine se paye cher quand on a dépassé la « trente-cinquaine ». Et quand faut y aller faut y aller : gueule de bois ou pas, manque de sommeil ou pas, le grand capital s’en fout, le salarié doit tenir sa caisse. Il faudra se taper les camarades goguenards, les rendez-vous de boulot, le déjeuner d’affaires, la réunion matinale. Survivre à l’après-midi postprandial, où dans la vraie vie on irait dormir jusqu’à l’heure de l’apéro. Et quoi dire ? Avouer sa nuit orgiaque ou prétexter une gastro d’enfer ? Est-ce si bien vu que ça d’être un gros fêtard ? Quelles stratégies de survie adopter pour ressembler à un humain et arriver à bosser ? Plusieurs débauchés témoignent et fournissent quelques pistes.

Constance, 31 ans, Professeure

« La gueule de bois, j’ai plutôt tendance à m’en vanter, au risque de conforter ma réputation justifiée de vieille alcoolo. La j’évite la cuite en semaine mais du coup je surcompense le week-end et après grosse culpabilité et lundi assez minable. En règle générale, je mange comme quatre pour m’en remettre. »

Sylvain, 39 ans, Employé à la poste

« Ah ben justement, je suis en train de l’expérimenter en ce moment même, le lendemain de cuite au bureau. En général, c’est rigolo le matin, quand t’as encore des restes de la veille (attention aux pulsions communicatives à ce moment-là). Mais ça se gâte après le repas, lorsque la digestion reptilienne s’installe. Et là, j’avoue qu’il m’arrive de me trouver un endroit peinard pour fermer les yeux une demi-heure. Si je ne suis pas trop minable, je peux aller courir (ce que je vais faire tout à l’heure). Mais ça, c’est depuis que je suis un warrior. Et puis je ne m’en suis pas pris une énorme hier non plus. »

Hélène, 44 ans, Fonctionnaire internationale

« Ça dépend des fois. Si je vois que l’ambiance est bonne, j’arrive en me tenant le foie et la tête et j’en rajoute du style "fouyou quelle soirée de dingue". Sinon, si grosse réunion avec superchef, je prends un air grave et je fais une discrète allusion sur l’otite du petit et SOS médecins à 3 heures du matin. Je bois des litres de thé vert que j’emmène froid au bureau, et je vais à mon club de gym à midi avant d’aller au chinois (gras et salé). »

Jean-Luc, 41 ans, Traducteur

« J’en parle et je dis tout, le pourquoi du comment, je parle de mon père alcoolo, de la mauvaise conscience de boire comme un trou, je trouve des excuses pour moi et pour mon comportement, je prends une aspirine le plus souvent pour faire passer le tout et je bois beaucoup d’eau. »

Liliane, 32 ans, Journaliste

« J’ai pas de trucs. J’essaie juste de passer la journée, en prenant le matin une aspirine, point. Seul truc, je ne cache pas mon état de gueule de bois avancée. Ça fait passer mes conneries au taf et puis ça fait marrer mes collègues. Surtout la fois où ils ont su que j’arrivais au bureau grâce à la persistante traînée de vodka qui flottait dans l’air. Pourtant j’avais pris une douche, lavé les dents tout ça, mais faut dire que quand tu suintes l’alcool, y’a rien à faire. »

Patrick, 49 ans, Ingénieur consultant

« Moi je le dis toujours : "J’ai la casquette", ou "je me suis couché très tard". Ça sort un peu du personnage d’informaticien. On se dit « tiens, il a une vie ». Mon truc, c’est le micrododo aux toilettes après manger. Beaucoup manger, parce que j’ai faim vu que souvent on boit plus qu’on ne mange. Je me lave les cheveux le matin, j’essaie de soigner ma tenue vestimentaire pour cacher ma sale gueule, je mange des clémentines, je prends l’air. »

Marianne, 53 ans, Informaticienne

« Je ne dis jamais au bureau que j’ai fait des excès, je travaille avec un intéressant stock de culs coincés. Si je dois justifier d’une baisse de régime, j’invoque un virus, une insomnie, un truc un peu chic, quoi. Et je m’avale un cocktail Nurofen 400 plus aspirine plus café, et à midi la soupe chinoise ultra pimentée. Ça marche bien. »

Franck, 41 ans, Fonctionnaire

« L’énorme avantage que j’ai, c’est que je peux me planquer derrière mon ordinateur toute la journée si je veux, sans voir personne. Avant, quand j’étais un jeune con, j’avais plutôt tendance à la ramener les lendemains de cuite. Maintenant, je fais moins le malin, et j’essaye plutôt de me fondre dans le mur. Les jours de gueule de bois, j’ai envie de sauter sur toutes mes collègues féminines. Ça passe après le repas, en général. »

Matthieu, 34 ans, Fonctionnaire :

« Au bureau pas besoin d’en parler, y’à qu’à voir ma trogne décalquée, la peau qui suinte le vin, le regard éteint. Ensuite, pour survivre, j’ai un rite très au point. Je commence par un Aspro 500 effervescent vitaminé C (pastille orange), quelques grands verres de Coca Light, un café, je me lave les dents deux fois, ensuite dans le bus ou le métro je suce des pastilles Ricola nature. Le midi des légumes et des fruits frais, genre salades de fruits ou d’ananas, et ça passe tranquillement. »

Laura, 34 ans, Documentariste :

« Oh que oui, ça se fait de dire qu’on est en gueule de bois : ça énerve les bien-pensants et ça amuse les marrants. En plus, selon la réaction des uns et des autres, ça te permet d’affiner ton réseau en entreprise. On va pas devenir copain avec tout le monde non plus. Mais ma technique, si j’ai oublié le Doliprane la veille : c’est de rester chez moi. Comme hier. »


Du houblon sur les talons.

LIBERATION – 24.04.09 - GROS Marie-Joëlle

Net. Sur Facebook, un groupe de filles revendique son goût pour la bière.

Blonde, brune ou rousse, c’est au choix. Mais perchée sur des bottines, des sandales ou des escarpins over féminins, c’est la condition. Le « Club des buveuses de bière à talons aiguilles », sur Facebook, comptait vendredi 1 127 membres, qui se donnent parfois rendez-vous dans la vraie vie, pour déguster, par exemple, une petite mousse de printemps. Revendiquer féminité et élégance, une chope à la main, ne tombe pas sous le sens. En France, en tout cas, où 70 % des femmes ne boivent jamais de bière. Côté boissons alcoolisées, elles lui préfèrent le champagne, le vin blanc, le rosé, voire un cocktail. Question d’image avant tout. Et celle de la bière fermente, à leurs yeux, entre beaufitude et testostérone. C’est dommage. Surtout si l’on considère en prime que la bière, c’est un peu l’anti-bling-bling.

Hérésie. C’est la styliste Stella Cadente qui a eu l’idée de fonder ce club virtuel. Surtout pour mettre les pieds dans le plat et prouver qu’on peut être élégante et aimer la bière. Quelques aficionados l’ont rejointe et s’amusent à désarçonner les garçons de café trop prompts à leur proposer un thé : « Non merci, un demi s’il vous plaît. » Ça marche à tous les coups. Sur Facebook, les nouvelles recrues s’emballent : « Je suis gold member d’office », écrit l’une ; « En ballerines, ça marche aussi », selon une autre. Notons que ce club intègre quelques membres qui ont directement à voir avec le métier de brasseur. Comme Marie-Lorraine Muller, ex-présidente de la brasserie alsacienne Schutzenberger qui, élevée au houblon, assure que le divorce entre les Françaises et les mousses est une hérésie, puisque « historiquement, la bière était une affaire de femmes ». Experte en la matière, elle raconte que depuis les origines de la cervoise, et jusqu’à la pasteurisation, la bière, loin d’être une industrie, était servie comme breuvage ordinaire dans les tavernes et les restaurants : « C’était une production domestique, associée à la cuisine. Et seules les femmes brassaient. » Puis on a découvert que le houblon aidait à la conservation. C’est le tournant vers l’industrialisation et brasser devient une affaire d’hommes.

Comme la France est majoritairement vinophile, la consommation de bière reste minoritaire. Même dans les rangs masculins : aujourd’hui, 34 % des hommes se déclarent « buveurs réguliers » (une mousse deux à trois fois par semaine). Petits buveurs, donc. Surtout comparés aux voisins d’Allemagne, des pays du Nord ou de Grande-Bretagne.

Marta, 34 ans, bottines rouges à talons aiguilles et polonaise d’origine, glisse que « c’est peut-être pour ça » qu’elle aime tant la bière : « En Pologne, il n’y a pas de vin. Juste de la vodka ou de la bière. » Pour elle, c’est le choix numéro 2, parce que « ça saoule beaucoup moins vite, ça désaltère, c’est léger et ça rafraîchit, surtout après un effort physique, quand on est toute suintante ». Elle travaille au ministère de l’Agriculture et n’a pas du tout un ventre en forme de barrique. Elle se présente volontiers comme un globe-trotter et remarque que « la quasi-totalité des pays brassent de la bière. Donc on peut en boire un peu n’importe où, et c’est souvent plus sûr que l’eau, d’un point de vue sanitaire, dans les pays chauds. » D’autant que le houblon aurait des vertus antiseptiques. A la croire, qu’on soit dans un bar pourri au fond d’un trou perdu ou dans une ville ultrachic, « la qualité de la bière reste stable ». Et d’un point de vue économique, « même la marque la plus chère reste abordable ».Cette Polonaise ne manque pas de tchatche.

Terrasse.« J’ai rien contre les blondes, mais je préfère les rousses », déclare pour sa part Renée, 56 ans, responsable marketing en escarpins. Son moment préféré, c’est quand elle prend le temps de se poser au soleil : « Bière et terrasse, ça marche ensemble. C’est une rupture dans mon rythme, une pose, un moment délicieux où je regarde les gens en prenant mon temps. » C’est sans doute plus facile pour une femme de commander un demi en terrasse qu’au comptoir. « Les bistrots sont des lieux hautement masculins en France, alors qu’en Allemagne ou en Irlande, on voit des tablées de femmes dans les pubs », poursuit Ysabel, en bottes sombres sur talons hauts. Elle travaille chez Guy Savoy. Pour elle, la bière, c’est avant tout « la boisson du brassage social, de la parité ». En version pinte pour les hommes s’ils y tiennent. Et dans des verres fins pour les femmes. On apprend au contact de cette petite bande que bière et milieux sociaux ont à voir. D’après des études de marché, les gens modestes et ceux qui, à l’inverse, sont très fortunés n’ont aucun problème avec l’image de la bière. Tandis que les strates du milieu font une sorte de blocage.

Au terme de plusieurs tournées, les buveuses de bières à talons aiguilles ne tanguent pas. Elles sont juste de plus en plus lyriques. Ou délurées. Comme celle-ci, qui lance : « Le summum du chic, ce serait de débouler dans un hôtel super classe et de commander un demi. Le champagne, c’est tellement plouc. »


Le Sénat interdit la vente d’alcool sur autoroute

LIBERATION – 6.05.09 – Source AFP.

Les sénateurs se sont prononcés ce mercredi, dans le cadre de la loi Bachelot, pour l’interdiction de la vente après 20 heures dans les autres stations-services.

Interdiction totale de vente d’alcool dans les stations services d’autoroute et de routes à quatre voies. C’est ce qu’a décidé aujourd’hui le Sénat en commission des Affaires sociales, dans le cadre du projet de loi Bachelot sur l’hôpital, inscrit en procédure accélérée (soit une seule lecture par chaque chambre). (...) Pour les autres stations-services, les sénateurs ont reporté de 18 heures à 20 heures l’horaire limite d’autorisation de vente d’alcool. Les députés avaient interdit cette vente en stations-service entre 18 heures et 8 heures (contre 22 heures à 6 heures dans la loi actuelle). Ils ont également maintenu l’interdiction de toute vente d’alcool et de tabac aux moins de 18 ans.

TABAC

Cigarettes légères : l’industrie du tabac a dupé les fumeurs

LIBERATION – 23.05.09.

C’est le jugement rendu par une cour d’appel fédérale américaine qui a souligné que les cigarettiers « connaissaient les conséquences nocives pour la santé » du tabac.

Une cour d’appel fédérale américaine a estimé vendredi que l’industrie du tabac avait sciemment trompé les fumeurs en s’entendant pour labelliser des cigarettes « légères » alors qu’elles étaient aussi nocives pour la santé.
La cour d’appel, qui ne se prononce que sur la forme, a confirmé un jugement de première instance rendu en août 2006, selon lequel les cigarettiers ont menti, en concertation et en connaissance de cause, pendant des dizaines d’années sur les effets nocifs du tabac.

Le tribunal de première instance « n’a pas commis de faute juridique en estimant que les hauts responsables [de l’industrie du tabac] avaient pleine connaissance de la fausseté de leurs déclarations, estime la cour d’appel de Washington. La cour a devant elle suffisamment de preuves que les responsables de l’industrie du tabac connaissaient les conséquences nocives pour la santé de la cigarette, les risques d’addiction (...), le phénomène de compensation qui ne rend pas les cigarettes légères moins nocives pour les fumeurs et parfois plus. »

Elle a également confirmé la décision de la juge fédérale de première instance de les obliger à retirer les mentions « trompeuses » comme « légères » ou « naturelles » des paquets de cigarettes.

La cour d’appel a en revanche refusé de contraindre les plaignants à financer une campagne nationale de prévention contre le tabac, ainsi que d’associer à sa décision l’obligation qu’ils s’acquittent d’une amende équivalente aux bénéfices enregistrés grâce à la tromperie sur les cigarettes légères.
Le dossier va très probablement faire l’objet d’un recours devant la Cour suprême des Etats-Unis.

L’affaire opposait l’Etat américain à plusieurs industriels du tabac, dont le puissant Philip Morris et Reynolds. Le groupe Altria, qui fabrique des cigarette Marlboro, a indiqué qu’il continuerait à contester cette décision. « Nous croyons toujours que les conclusions de la cour ne sont pas soutenues par la loi ou par les éléments présentés au procès », a souligné son responsable juridique Murray Garnick.

En décembre, la Cour suprême a déjà opposé un revers cinglant aux représentants de l’industrie du tabac en autorisant des fumeurs à les poursuivre directement pour tromperie, le label « lights » ayant été présenté comme moins nocif pour la santé. Cette décision avait ouvert la voie à des milliers d’actions en justice et des millions de dollars de dommages et intérêts pour l’industrie du tabac. (Source AFP)

Les clopes mettent le paquet pour faire peur

Santé . Un décret est en cours de rédaction pour apposer des images chocs sur les emballages de cigarettes.

LIBERATION – 27.05.09 - Par CATHERINE MALLAVAL

Un cliché de dents cariées à vous clouer le bec, l’image d’un malade sous assistance respiratoire à couper le souffle ou encore une cigarette molle comme un sexe frappé d’impuissance… Voilà ce que l’on devrait voir d’ici à la fin de l’année sur les paquets de cigarettes. Roselyne Bachelot l’avait annoncé en janvier. Un décret est maintenant en cours de rédaction et une concertation « menée avec les fabricants sur les délais d’application », assure-t-on au ministère de la Santé.

Grisâtres. L’effet recherché est clair comme un air sans fumée : flanquer une bonne trouille. Aller beaucoup plus loin que les simples messages qui sur les paquets rappellent à qui veut bien les lire que « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage ». De longue date, ces clichés chocs sont réclamés par de nombreuses associations antitabac, décidées à faire encore monter la pression dimanche, journée mondiale sans tabac. Et à réclamer au passage, une augmentation du prix du tabac à rouler « moitié moins cher que celui de la cigarette », selon Yves Martinet, président de l’Alliance contre le tabac. La tactique des illustrations repoussantes (42 images ont été mises à disposition par l’Union européenne) est déjà utilisée dans 18 pays dans le monde, dont le Canada, la Belgique ou encore le Royaume-Uni. Efficace ? « L’apposition d’images chocs casse l’univers de séduction », assure le Pr.Daniel Thomas de la Fédération française de cardiologie, qui prône de surcroît l’avènement de paquets de clopes génériques, sans logo, banalisés, grisâtres, avec pour seule distinction le nom de la marque en petits caractères.
« L’effet d’un avertissement visuel a encore plus d’impact quand le paquet est neutre », renchérit Karine Gallopel-Morvan, chercheure en marketing social de l’université de Rennes, auteure des premières études d’impact de ces visuels en France. Quid alors de l’efficacité de ces images sur les paquets actuels ? Le rapport de la chercheure remis à l’Institut national du cancer (INCa) confirme qu’elles sont de toute façon plus efficaces que du texte seul, frappant davantage les esprits et suscitant des émotions négatives propres à susciter un arrêt ou au moins à ne pas inciter à commencer. Mais ça marche avec tout le monde ? Les femmes et les jeunes seraient les plus réceptifs. Intéressant quand on saura que plus d’un tiers des adolescents de 11 à 15 ans et 9 % des 9-10 ans ont déjà fumé au moins une fois, et qu’un adolescent sur deux continue après avoir essayé, selon le baromètre de la Fédération française de cardiologie publié hier.

Boulot. Qui dit image dit ciblage, et si les jeunes « sont plus sensibles à l’aspect social (denture peu avenante, tumeur de la gorge…) qu’à des photos de l’intérieur du corps », les femmes seraient plus touchées par les informations sur la grossesse, tandis que les hommes s’arrêtent sur les visuels sur l’impuissance et les maladies graves. A noter enfin qu’une image s’use et qu’au bout d’un moment la frousse s’émousse. L’Organisation mondiale de la santé recommande d’ailleurs de les renouveler tous les quatre ans. Bref, faire peur, c’est du boulot. D’autant que « si on utilise la peur, il faut vraiment aider à soutenir les fumeurs », précise la chercheure qui insiste sur la nécessité d’associer à ces images des informations rassurantes sur l’aide au sevrage…

DOPAGE

A l’insu de son Gasquet

Le Français porte plainte contre X et continue d’affirmer qu’il n’a pas pris volontairement la cocaïne retrouvée dans ses urines.

LIBERATION – 6/06/09.

Le 27 mars, au Set de Miami, Richard Gasquet ne s’est mis dans le cornet que deux vodkas pomme et une bouteille d’eau. Et pas un microgramme de cocaïne. Du moins pas volontairement. C’est ce qu’il affirme dans le cadre d’une vaste contre-offensive lancée vendredi par son clan, le Team Lagardère, un mois après l’annonce de son contrôle positif au tournoi de Miami.
Contre-offensive judiciaire, d’abord, puisque le joueur a déposé plainte contre X avec constitution de partie civile auprès du procureur de Paris pour « administration éventuellement aggravée de substance nuisible ayant porté atteinte à l’intégrité physique ». L’axe de défense est clair : il ne s’agit pas de contester la positivité du contrôle effectué à Miami, alors que Gasquet avait déclaré forfait, mais de plaider que, s’il y a eu prise de cocaïne, elle s’est faite à l’insu du joueur. Après avoir appris le résultat du contrôle, Gasquet a fait effectuer un test capillaire, dont le résultat négatif, selon lui, prouve qu’il n’est pas un consommateur régulier. Il a même obtenu de la Fédération internationale de tennis (ITF) une dérogation aux usages en demandant une identification par test ADN des échantillons d’urine contrôlés positifs. Il a eu il y a quelques jours confirmation qu’il s’agissait bien des siens.

Contre-offensive médiatique ensuite, avec grande interview dans l’Equipe de vendredi, à Europe 1 (propriété de Lagardère) ; le tout sévèrement cornaqué par Ramzi Khiroun, spécialiste de la communication de crise, qui a notamment œuvré auprès de Dominique Strauss-Kahn. « Je n’ai jamais pris de cette merde », martèle Gasquet, quitte à jouer Oui-Oui au pays des nightclubbers. « Je sais maintenant une chose capitale : l’une des personnes présentes ce soir-là [au Set, ndlr] m’a appris que de la cocaïne avait circulé à notre table », déclare le joueur dont l’entourage argue du très faible taux de cocaïne retrouvé dans ses urines.

Suspendu trois mois à titre conservatoire, Richard Gasquet sera entendu le 29 juin par le tribunal antidopage de l’ITF. Il risque deux ans de suspension.


Richard Gasquet, cocaïnomane d’un soir

Par GÉRARD CLAVAIROLY journaliste santé, ALAIN MOREL psychiatre, JEAN-FRANÇOIS VALLETTE directeur d’Aides Alcool, JEAN-PIERRE COUTERON association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie.

LIBERATION – 27.05.09

Richard Gasquet a fait ce que font des milliers d’anonymes, d’artistes, de stars, de traders, de journalistes vedettes, de cadres supérieurs… : il a pris de la cocaïne. Occasionnellement. C’est-à-dire qu’il a eu recours à une substance psycho-active d’action rapide, intense, comme d’autres absorbent… une forte dose de whisky. Avec guère moins de risques. Un terrible déluge médiatique s’est abattu sur le sportif alors que l’usage de drogues, légales ou pas, est une des caractéristiques de nombreux métiers où les accès de stress peuvent être aussi intenses que difficiles à gérer.

Gasquet serait fautif mais pas condamnable, car il ne serait pas dans une consommation régulière… Le « mal » serait de consommer des produits interdits, certes, mais plus encore d’être dépendant d’un psychotrope. Les personnes alcooliques connaissent bien cette discrimination. Incapable de s’interroger sur elle-même et sur les drogues, notre société s’avère incapable d’en penser la complexité. Les récentes poussées d’urticaire sur l’alcool le prouvent : face à l’accroissement (relatif mais inquiétant) des ivresses chez les jeunes, la seule réponse est d’interdire la vente aux moins de 18 ans au lieu de 16. La loi « Santé, Territoire » ne fait pas mieux que l’insipide rapport Chabalier ou le plan gouvernemental de la Mission interministérielle de lutte contre les toxicomanies. On ajoute des interdits supplémentaires. Et puis… le vide.

Les politiques concernant l’offre de substances dans le monde ne reposent pas sur des différences de dangerosité mais sur des croyances et sur l’histoire. La « guerre à la drogue », malgré les sommes englouties, est un échec. La plupart des experts reconnaissent que les slogans appelant à « une société sans drogue » sont irréalistes et qu’ils génèrent plus de problèmes de santé qu’ils n’en résolvent…

Or la demande ne peut se réguler par une surenchère de législations de plus en plus liberticides, dont les résultats durables sont faibles, discutables. Les plus grands changements de comportements favorables à la santé n’ont pas été obtenus par la contrainte. Ainsi, depuis les années soixante, sans y être contraints, les Français ont divisé par trois la quantité d’alcool qu’ils consomment en moyenne par an, diminuant d’autant les dégâts sanitaires liés à l’alcoolisme. Les usagers de drogues par injection sont moins nombreux et en bien meilleure santé depuis qu’on a facilité l’accès à des seringues stériles.
Il est urgent de cesser de chercher des boucs émissaires : nous sommes tous des usagers ! Les psychotropes nous aident à vivre parce qu’ils nous donnent du plaisir, nous aident à lutter contre la souffrance et à supporter les aléas de la vie. Ils sont depuis des temps immémoriaux les marqueurs de nos civilisations (le vin est depuis longtemps lié à nos croyances occidentales). Ils nous aident à signifier notre identité sociale (imagine-t-on la convivialité sans champagne ?) Eléments de notre bien-être et de notre vivre ensemble, ils n’en sont pas pour autant dénués de dangers, risque addictogène, toxicité… Il s’agit donc d’apprendre à vivre avec eux, toujours avec vigilance. Sans les adorer, ni les diaboliser.

Une première mesure simple pourrait être suggérée à toutes les listes aux élections européennes : que l’on mette autant d’argent dans des actions de prévention éducative que dans l’arsenal de plus en plus sophistiqué des mesures de contrôle… Et que l’on commence par appliquer ce principe en France où les trois quarts de l’argent public dépensé vont à la répression. Pourquoi n’y a-t-il aucun lobby de professeurs de médecine et de santé publique pour promouvoir la prévention, l’éducation pour la santé et la réduction des risques, parents pauvres des politiques de santé ? Pourquoi aucun parti ne s’efforce-t-il de mettre la prévention par l’éducation au cœur du débat ? La hausse de la consommation des drogues a plus à voir avec le diktat de la compétition et de la performance, l’hypernarcissisme et l’hyperindividualisme comme valeurs dominantes, ou encore la hausse du chômage, la précarité, la rupture de liens communautaires, l’inhumanité des conditions de vie des banlieues, qu’avec leur relative accessibilité, la volonté de « tricher » ou l’ignorance de leur dangerosité par les consommateurs…


"Nous étions jeunes et insouciants", de Laurent Fignon : l’âge d’or de Laurent Fignon

LE MONDE | 20.06.09

Le vainqueur des Tours de France 1983 et 1984 préfère plutôt s’appesantir sur les copains, les virées en voiture, les fêtes, les filles : "J’ai le sentiment d’avoir traversé le court intermède hippie du vélo." Un intermède dans lequel Laurent Fignon aura connu à la fois la gloire de gagner le Tour de France dès ses 23 ans et la "tristesse insensée" de perdre la Grande Boucle pour huit secondes en 1989, les instants de plénitude et de longues périodes de doute, les moments où l’"on pense que le soleil tourne autour de soi" et de violents retours à l’anonymat du peloton.
Il a longtemps renvoyé l’image d’un être froid, calculateur et méprisant. On le découvre à la fois jouisseur et tourmenté, insoumis et fidèle. Avec une pointe de mélancolie : "J’ai vécu sans le savoir la fin d’un âge d’or. Le point ultime de la dignité."
Dans son autobiographie, Nous étions jeunes et insouciants - achevée juste avant qu’il n’apprenne qu’il était atteint d’un cancer des voies digestives -, Laurent Fignon ne cache pourtant pas les vicissitudes du cyclisme des années 1980 : les petites courses arrangées, la cocaïne qui circule dans le sillage des coureurs colombiens, l’explosion des salaires avec l’arrivée de Bernard Tapie dans le vélo... Et le dopage, déjà, sous forme d’amphétamines ou de cortisone : "Tout le monde le faisait ! Moi, je ne prenais jamais de risque. Ni physiquement ni sportivement. J’étais dans le système, à ma manière."
Et puis, l’EPO est arrivée au tout début des années 1990 et tout s’est cassé. Du jour au lendemain, par la magie de la pharmacopée, un modeste porteur d’eau devenait capable d’exploser un peloton à lui tout seul : "Des gars que je voyais rouler tous les jours à mes côtés changèrent du tout au tout." Et Laurent Fignon, alors en toute fin de carrière, de s’interroger : "Comment aurais-je agi si j’avais eu cinq ou six ans de moins et un palmarès à aller chercher ?"
On aurait aimé en apprendre plus sur la façon dont Laurent Fignon a eu recours à des produits dopants - sujet tout juste effleuré dans le livre. On aurait aussi voulu ne pas se lasser du couplet "c’était mieux avant" ou ne pas avoir le sentiment que le double vainqueur règle quelques comptes - avec l’ex-champion du monde Luc Leblanc, une "pleureuse", ou avec la Société du Tour de France... Mais l’ouvrage regorge toutefois de belles histoires de jambes qui brûlent, de rage de vaincre, de défaillances et d’orgueil. De cyclisme, tout simplement.


« Il peut exister un lien entre dopage et cancer »

LIBERATION 15/06/2009 – Interview

Patrick Laure est médecin de santé publique, rattaché à l’université de Metz, et spécialiste des conduites dopantes. Après les révélations de Laurent Fignon, il revient sur la corrélation entre dopage et cancer.

Quelle connexion y a-t-il entre les produits dopants et le risque de cancers ?
On se pose la question depuis le début des années 80, mais il n’y a pour ainsi dire rien d’écrit sur ce sujet. La dernière étude sur le thème « produits dopants et cancers » date de 2007. On a montré des liens entre la prise prolongée et à forte dose de stéroïdes anabolisants et le cancer du foie, voire du colon. D’autres cas suggèrent que la testostérone à forte dose et prise par voie orale favorise le cancer de la prostate.

Il n’y aurait donc aucun exemple type…
Quelques observations médicales portent sur des sportifs. En 1999, il y a eu un cas de cancer des testicules chez un sportif qui, dès 18 ans, avait pris à forte dose et pendant quatre à cinq ans de la testostérone du même type que celle utilisée en Allemagne de l’Est. Il a développé un cancer particulier des testicules. Ce qui a surpris les médecins, à l’époque, c’est qu’il n’avait qu’une trentaine d’années alors que ce type de cancer frappe habituellement les hommes âgés. Du coup, ils ont fait le lien, mais sans en avoir la preuve formelle

Comment le dopage pourrait-il favoriser le cancer ?
Tout est lié à l’effet des anabolisants. Par définition, ces produits favorisent le développement des tissus, donc la reproduction de toutes les cellules. Et les cellules cancéreuses ne demandent que ça.

Et concernant d’autres types de produits dopants ?
L’hormone de croissance et l’IGF1, qui permet de l’activer, sont soupçonnés de favoriser le cancer du colon, du sein et de la prostate. D’ailleurs, même chez les enfants qui ont été traités par hormone de croissance, notamment pour des problèmes de taille, des études suggèrent que le risque de cancer serait un peu plus important. Or les sportifs utilisent des doses largement supérieures, par exemple 10 à 20 fois.

Ce ne sont pas les seuls risques ?

Ces produits sont réputés indétectables aux contrôles et relativement faciles à acquérir illégalement sur le marché clandestin (dont l’Internet). La question est de savoir exactement ce qu’il y a dans les flacons. Une saisie en Pologne, il y a une quinzaine d’années, a montré que dans les ampoules d’hormone de croissance il n’y avait quasiment rien, sinon de l’eau et le virus de l’hépatite B. Les sportifs se faisaient doublement avoir.


En ce qui concerne l’EPO ?

Un travail publié en 2007 note que cette hormone pourrait effectivement favoriser le développement d’un certain nombre de tumeurs, ou en tout cas le développement de leur agressivité. Dans cette étude, l’auteur propose d’ailleurs une action d’information auprès des athlètes sur les risques de cancers liés à ces produits dopants. En revanche, il n’y a aucune donnée qui concerne l’usage de sang en tant que produit dopant.


Dans le cas de Laurent Fignon ou de Lance Armstrong…

Soulignons déjà le courage de ces hommes, car l’annonce d’un cancer est très douloureuse. Pour le cancer du pancréas, rien ne permet de faire le lien avec les produits interdits aux sportifs. Ses causes les plus courantes sont l’alcool et le tabac. Quant au cancer des testicules, on soupçonne ces dernières années une influence négative de l’activité physique intense. Des médecins pensent que, contrairement à d’autres cancers dont celui du sein et du colon, l’activité physique n’a pas d’effet protecteur sur les testicules, voire pourrait favoriser un cancer. La question n’est pas tranchée.

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