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Dominique Broc : Portrait dans Libération

Par WILLY LE DEVIN

Portrait Le chef de file des Cannabis Social Clubs français est « révulsé de filer du fric à des mafias » et prône une agriculture « ultrabio ».

Dans le salon du leader du plus puissant mouvement antiprohibition français, il y a plein de jouets d’enfants. Dominique Broc en a deux, mais ils vivent avec leur mère. Hormis une discrète affiche annonçant « l’appel du 18 joint », la grande manifestation annuelle des accros au pétard, rien ne laisse deviner que l’on se trouve dans la plantation de cannabis la plus célèbre de France.

A 44 ans, ce jardinier (ça tombe bien !) n’a presque plus le temps d’élaguer les cimes de la campagne tourangelle. La popularité incongrue des Cannabis Social Clubs le dépasse. « Les gens attendent de moi des informations sur le cannabis et sa consommation. Je me rends compte que la prévention ne marche absolument pas. La France n’est pas prête pour une légalisation éventuelle, c’est une certitude », murmure-t-il.

« Ultrabio »

Broc est l’antithèse du fumeur loufoque et apathique. S’il concède consommer du cannabis « pour l’aspect récréatif », il avoue que la plante agit sur lui « comme une béquille sociale »  : « Je suis assez réservé et parfois mélancolique. Le cannabis m’aide à me détendre. Si je ne fumais pas, peut-être que j’avalerais du Lexomil. Je ne suis pas sûr que ce soit mieux. »

Son premier joint, il l’a fumé « bien trop tôt », à 12 ans. A l’époque, ça ne lui a pas trop plu. Il ne s’y est remis que vers 19 ans avec deux commandements : réguler sa conso et ne jamais alimenter le marché noir. « Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours été super radical sur cette question. Ça me fait chier, pire même, ça me révulse de filer du fric à des mafias. Je veux savoir ce que je fume. En la faisant pousser, au moins je sais qu’elle est ultrabio. »

L’autoculture, il ne s’y est pourtant lancé que sur le tard. Un tantinet naïf, il s’est fait pincer en 1992 à la frontière franco-belge avec 3 kilos d’herbe : « Je revenais d’Amsterdam. J’y allais tous les trois mois pour acheter 700 grammes. Cette fois-là, ma boîte venait de couler et j’avais touché des indemnités. Alors, plutôt que de faire mes 1 500 bornes tous les trois mois, je me suis dit que j’allais acheter ma consommation annuelle d’un coup. » A l’audience, il espère attendrir la proc en lui sortant sa marotte sur le trafic illicite de stups. « Elle m’a brisé les jambes en me disant : "Mais Monsieur Broc, vous croyez quoi  ? L’argent que vous dépensez aux Pays-Bas tombe de la même façon dans les poches des mafias que vous dénoncez." Je me suis senti complètement idiot. »
« Pondération »

Broc prend 18 mois ferme. Un jour, un maton lui tend un Polaroid. « C’était la photo de mon fils, il venait de naître et moi j’étais en taule. Je me suis juré que jamais plus je ne tomberais pour ce type de connerie. » Chétif, des airs de Richard Bohringer, Dominique Broc est un leader respecté au sein du mouvement des CSC, pour « sa pondération, la solidité de son argumentaire et sa sensibilité pour la prévention des risques ». C’est lui qui a mis au point le règlement intérieur très strict. Militant libertaire, fan de rap français –  de Scalpel en particulier  –, il n’est pourtant pas rétif à un « encadrement sécuritaire des CSC. Si le gouvernement tolère le modèle et veut l’encadrer. J’y serai totalement favorable. »

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