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Le cas Bernard Rappaz au coeur d’un débat éthique.

Le Temps
8 novembre 2010
par Jean-Claude Péclet

Débat éthique autour de Bernard Rappaz

Faut-il nourrir le détenu malgré lui ?

Tandis que le chanvrier valaisan Bernard Rappaz entame ce lundi son 75e jour de grève de la faim à l’Hôpital de Genève, où les médecins refusent de le nourrir contre son gré malgré les injonctions du Tribunal fédéral (TF) et du Tribunal cantonal valaisan (LT du 06.11.2010), le débat enfle entre éthiciens et juristes.

Dans 24 Heures de samedi, Alex Mauron, directeur de l’institut d’éthique biomédicale de l’Université de Genève, déclare que les médecins « n’ont pas à faire le jeu du pouvoir judiciaire ». Le jugement du TF, « assez étrange et incohérent », exprime « la protection un peu panique de l’Etat, comme si la crédibilité de la justice était attachée au destin d’un seul homme ». Dans Le Matin Dimanche, l’avocat genevois Marc Bonnant critique aussi l’arrêt du TF : les juges ont estimé que la crédibilité de la justice l’emporte sur « le droit sacré de mourir ». La Fédération des médecins suisses a « pris très courageusement position » en rejetant cette décision, qui exprime « une vengeance collective » et la rigidité de juges « jaloux de leurs prérogatives ».

Le même journal revient sur l’état de santé de Bernard Rappaz, qu’une photographie montre amaigri. Sa rédactrice en chef (valaisanne) Ariane Dayer s’indigne de la mort désormais possible du chanvrier ; son avis est à l’opposé de celui de Marc Bonnant : « La liberté de mourir ? Quelle liberté quand on est prisonnier ? Pourquoi établit-on mille surveillances pour éviter que les détenus ne se suicident si c’est pour laisser celui-là le faire ? » Pour elle, c’est aux instances valaisannes – politiques, religieuses – d’agir. Jusqu’ici, aucune ne l’a fait. Le Grand Conseil se prononcera sur la demande de grâce du chanvrier le 18 novembre, pas avant.

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Le Temps
8 novembre 2010 - 14h08
par Xavier Filliez

Pour Philippe Roch, Bernard Rappaz mérite la grâce

L’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement implore le Grand Conseil de gracier le chanvrier, un « sage » sur qui la justice valaisanne « a eu la main trop lourde »

Qui, des juristes ou des médecins, céderont en premier pour sauver la vie du chanvrier ? Le cas de conscience posé par l’affaire Rappaz, à cheval entre droit et éthique médicale, alimente tous les débats mais éclipse l’essentiel : la responsabilité pénale du chanvrier. Un homme prend aujourd’hui ouvertement position en faveur du condamné Rappaz en implorant le Grand Conseil de lui accorder la grâce : c’est Philippe Roch, l’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement.

Dans un courrier adressé aux députés valaisans, Philippe Roch anticipe les débats du 18 novembre et devance les préavis de la Commission de justice (COJU) et du Conseil d’Etat qui attendront les parlementaires sur leur bureau pour le vote à huis clos. « Votre haute autorité est la seule qui puisse sortir le cas de Bernard Rappaz de son impasse. Je vous en prie, au nom de la raison, et de l’humanisme, graciez-le. Vous sauverez ainsi une vie, vous ne mettrez personne en danger, et nos consciences s’en porteront mieux », demande-t-il. « La justice a fait son travail avec un zèle inhabituel, elle a eu la main trop lourde ».

Cette missive est, jusqu’à présent, et selon la présidente de la COJU Anne-Marie Sauthier-Luyet, l’unique demande de soutien à Bernard Rappaz qui soit parvenue aux élus valaisans mais elle n’a pas tardé à faire réagir. S’il siège ce jour-là, le député suppléant socialiste Gaël Bourgeois n’accordera pas la grâce au chanvrier qui a « transgressé la loi à plusieurs reprises et a été jugé pour ses actes. » Il a par ailleurs « utilisé les voies de recours possibles ». « Il est inadmissible qu’il prenne en otage le système pénitentiaire, politique, judiciaire et médical dans le seul but de voir sa peine réduite ou annulée », poursuit l’élu.

La bienveillance témoignée par Philippe Roch dans son courrier aux députés valaisans – il considère Bernard Rappaz comme un « rebelle, qui a joué sur la frontière de la loi » mais aussi un « sage inspiré de sentiments humanistes et pacifiques » pour qui la grève est un « appel au pardon » – s’apparente, pour certains, à de la candeur. Le député radical et président de la Société médicale du Valais Marc-Henri Gauchat rappelle que le condamné avait autrefois braqué une banque. Pour lui, « ni la justice, ni les médecins ne doivent aujourd’hui céder à son chantage. Il est le seul à pouvoir sortir de l’impasse. » Marc-Henri Gauchat estime nulles les chances que Bernard Rappaz obtienne la grâce la semaine prochaine.

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Le Temps
5 novembre 2010
par Xavier Filliez

L’insoluble cas Rappaz prend au piège les médecins et défie le droit

En refusant d’alimenter de force le chanvrier Bernard Rappaz, les médecins des HUG transgressent-ils la loi ? Le débat entre droit et éthique médicale prend une dimension polémique

Ça y est. Bernard Rappaz n’est plus que l’ombre de lui-même. « Je ne l’ai jamais vu aussi maigre, il voit flou, mais il ne renoncera pas au jeûne… » résume son avocat Aba Neeman. C’est le paradoxe de « l’affaire Rappaz » : une inéluctable dégradation physique associée à une volonté de fer d’aller au bout du combat.

(Suite pour les abonnés ...)

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