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Cannabis : Un Siècle de Mise sous Silence — Voix pour les Cent Prochaines Années

En 2025, le monde atteint un jalon historique : le centenaire de la prohibition internationale du Cannabis. Cela fait cent ans que la Convention de Genève sur l’opium de 1925 a intégré pour la première fois le Cannabis dans l’édifice grandissant du contrôle mondial des drogues — un acte motivé non par des considérations scientifiques ou de santé publique, mais par des impératifs géopolitiques, de contrôle colonial et de disparition culturelle. Cent ans également depuis que l’Accord de la Pharmacopée Internationale de Bruxelles de 1925 a reconnu l’herbe, l’extrait et la teinture de Cannabis comme des médicaments dignes d’une harmonisation transnationale.

Ces deux traités centenaires ont tracé une double voie : celle de la criminalisation et celle de la standardisation — deux processus imposés, aucun d’entre eux véritablement inclusif. Ces traités ne furent pas le fruit d’un consentement universel, mais des instruments de contrôle rédigés dans des salles où la majorité du monde — en particulier les peuples colonisés, les nations autochtones, mais aussi les communautés rurales, urbaines et périurbaines — a été systématiquement exclue.

L’histoire qui s’est ensuite déroulée n’a pas été linéaire, mais systémique. En 1961, la Convention unique sur les stupéfiants renforça et étendit la logique de 1925, plaçant le Cannabis dans la Liste IV — une classification qui fonctionna moins comme une mesure de régulation que comme un bannissement symbolique (aujourd’hui, grâce aux efforts citoyens de la proto-Ambassade du Cannabis, la plante a été retirée de cette liste). Tandis que de nombreuses cultures et communautés continuaient à vivre en symbiose respectueuse avec la plante, la communauté internationale persista dans un modèle punitif, effaçant des millénaires de pratiques et de savoirs.

Pourtant, bien avant 1925, le Cannabis était déjà une espèce compagne de l’humanité. Sur tous les continents, dans toutes les langues et traditions culturelles et spirituelles, il était nourriture, fibre, médecine, sacrement, culture et loisir. Du bhang en Inde au dagga de l’Afrique australe, du ma de Chine au cáñamo des Pyrénées, du kif méditerranéen au konopí d’Europe centrale ou à la marihuana des Amériques, le Cannabis était un outil de survie et un vecteur de sens. Fermiers, guérisseurs, herboristes, médecins, artistes et leaders spirituels — nombre d’entre eux étant des femmes — ont transmis oralement leurs savoirs de génération en génération. La relation n’était jamais uniquement botanique ; elle était écologique, sociale et profondément culturelle. Pendant la majeure partie de notre histoire, le cannabis n’a pas été un objet de droit, mais un sujet de vie.

La rupture est survenue avec la prohibition. Pendant cent ans, un régime mondial a criminalisé les plantes et persécuté les individus, et a transformé les savoirs ancestraux en contrebande et leurs gardiens et sachants en criminels. Les dégâts ont été universels : aucun État, peuple ou territoire n’a échappé au stigmate, à la violence et à l’effacement infligés en vertu de la volonté d’un “monde sans drogues” — alors même que les plantes et champignons psychoactifs font partie intégrante de l’humanité. Même si la légalisation se répand, les fantômes de la prohibition hantent encore ceux qui ont préservé les traditions cannabiques dans leurs mains et leurs cœurs. Pis encore, les réformes juridiques ont trop souvent reproduit les injustices qu’elles étaient censées réparer, excluant précisément ceux qui ont le plus souffert de l’héritage de la prohibition.

C’est dans ce contexte qu’émerge le « Centenaire 5R : 2025–2125 » — non seulement comme une commémoration d’un siècle de politiques erronées, mais comme une feuille de route pour un avenir façonné par la Re-légalisation et la Régulation du Cannabis, ainsi que par le Respect, les Ressources et les Réparations pour les communautés concernées. Au cœur de cette initiative se trouve un changement de narration : du répressif à la préservation. Du silence imposé aux cultures cannabiques à leur reconnaissance en tant que patrimoine culturel immatériel digne de protection, de conservation et de sauvegarde. De l’exclusion à la co-création de nouveaux paradigmes de régulation.

Une telle reconnaissance n’est pas symbolique. Elle peut offrir un bouclier juridique et politique contre les violations des droits humains, la répression, la stigmatisation, la marginalisation, mais aussi contre la biopiraterie et l’expropriation continue des savoirs liés aux plantes. Elle peut être un pont entre le passé et l’avenir, entre les communautés cannabiques et le grand public, et entre les États et les peuples qu’ils ont criminalisés pendant si longtemps.

Le centenaire de la prohibition du Cannabis n’est pas une célébration. C’est un rappel grave de ce qui se produit lorsque le droit international s’éloigne de la justice et de l’empathie. Mais c’est aussi une occasion rare de faire le point — et d’ouvrir de nouvelles voies de tolérance et de compréhension mutuelle.

Les cent prochaines années doivent être différentes. Elles doivent commencer non pas par le silence, mais par l’écoute. Non pas par une régulation au service du profit, mais par des réparations pour la douleur infligée. Et non pas par davantage de contrôle, mais par l’épanouissement libre et complet des cultures cannabiques et de leurs peuples.

Bienvenue dans le Centenaire 5R. Légalisons avec sagesse, régulons avec justice, réparons avec urgence et restaurons avec équité.

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