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TEUCHILAND : quand la liberté d’expression frise les Assises !

Ou comment un site internet et une marque de vêtements sont interdits par la Police.

Jugement le 12 janvier 2010

Est-ce que le village de Beuzeville doit changer de nom ? Est-ce que la ville de Chenevières-sur-Marne doit changer de blason historique ? Est-ce qu’il est possible d’appeler son chien « Sensi » ou « ganja » ? Peut-on porter un blouson siglé « Teuchiland » comme on porterait un « Avirex » ? Est-ce que l’on peut, comme le chanteur Florent Pagny, reconnaître un usage régulier du cannabis, dans une interview d’un magazine à grand tirage, sans pour autant subir l’affront d’un procès pour avoir fait l’apologie d’une réalité vécue ?

Il est plus que temps de dénoncer cette loi sournoise qui fête son quarantième anniversaire cette année. Auparavant, le L.630 interdisait de présenter le cannabis sous un jour favorable, désormais c’est le L3421-4 du code de santé publique qui s’applique ; l’expérience démontre que l’application de ces lois est discriminatoire et que, de toute évidence, les français ne sont pas égaux lorsque la question de la "provocation à l’usage de stupéfiant" se pose !

La loi du 31 décembre 1970 permet une répression tous azimuts qui, au même titre que l’antiterrorisme, peut placer des individus en situation d’être « coupables » avant leur jugement.

En livrant les propos démagogiques ci-dessous à la presse, Fadela Amara, Ministre de la Ville, explicite cette vision digne des partisans de l’apartheid, lorsqu’elle décrit la situation sociale dans les quartiers populaires :

« Oui, il faut nettoyer au Kärcher, nettoyer cette violence qui tue nos enfants dans les cités. (...) Il existe une vraie insécurité dans certains quartiers populaires, avec des voyous qui prennent en otages les habitants ». Pour la secrétaire d’Etat à la Ville, « le droit à la sécurité n’est pas réservé aux bourgeois », mais « existe d’abord pour les plus pauvres ».

La ministre estime-t-elle que les quartiers populaires sont en dehors du monde ? Les jeunes issus de ces quartiers en difficulté, où la pauvreté et l’exclusion se concentrent, sont-ils les uniques responsables de la situation ? Ne sont-ils pas avant tout les victimes d’un système qui les broient, subissant les réponses simplistes dictées par les tenants de l’ordre sécuritaire ?

Après les propos de Nadine Morano invitant ces jeunes à ne pas porter de casquette (à l’envers et à se lever tôt) pour trouver du travail, c’est une déclaration de plus d’un membre du gouvernement qui, avec des propos scandaleux stigmatisant la jeunesse – en particulier celle des quartiers sensibles – masque l’incurie du gouvernement depuis plusieurs années (décennies ?) à changer la vie de ceux qui habitent et vivent dans ces conditions.

Mais que devient « l’insécurité sociale », instaurée par un gouvernement dont les mesures sont l’une après l’autre votées par un parlement croupion pour satisfaire les nantis et les "bourgeois", tandis que le fardeau de la « crise financière » est supporté par les plus modestes ? Mme Amara est-elle étrangère à ce point au sentiment « d’insécurité sociale » causé par la crise systèmique ?

Depuis 2002, le microflic de la place Bauveau devenu résident au Palais de l’Elysée est en charge des destinées du pays. Il serait même devenu « l’omniprésident ». N’est-ce pas lui le premier responsable, qui avec ses propos, enflamme les esprits et dédouane l’action de certains policiers qui abusent de ce langage provocateur ? N’est-ce pas lors d’un contrôle policier, qu’un jeune orléanais a entendu le flic affirmer : « ah tu viens de Teuchiland », en réaction à la réponse sur son adresse de domicile !

C’est cette adresse de site internet et la marque dédiée « Teuchiland » qui se retrouve en procès devant le Tribunal correctionnel d’Orléans, ce mardi 12 janvier 2010 après-midi.

Il s’agit de savoir si aujourd’hui, la liberté d’expression suscite un débat, un litige, un contentieux, un délit ou un crime au regard des services de l’Etat quand on se permet d’associer les lettres qui forment le mot « teuchiland ». Par avance, le tribunal doit-il délibérer pour les sites et marques « shitland », « pilonland », « ganjaland », « buzzland », etc ... ?

Faut-il désobéir civilement pour permettre que le débat se tienne ?

Car le législateur a prévu d’avance qu’il n’y aurait pas de débat : il l’a interdit !

Cannabis sans Frontières dénonce les effets néfastes de la loi de 1970 et demande l’abrogation de l’article L3421-4 pour enfin envisager la réforme de la politique des drogues.

Tout le peuple du cannabis, avec le peuple de Teuchiland de la planète sans frontière, est appelé à se mobiliser maintenant, devenir partie prenante pour être bénéficiaires d’un projet de légalisation du cannabis !

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