Menu

Accueil > Paroles Libres

Faut-il croire aveuglément toutes les enquêtes ?

L’AFP met en ligne le 21 juin à 15h 40 les résultats d’une enquête de l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies.

L’enquête, datant de Décembre 2008, concerne 2300 personnes, sélectionnées aléatoirement et questionnées par téléphone.

Et ce qui est particulièrement intéressant, ce sont les conclusions de cette enquête.
A savoir qu’elle prouve bien que les Français sont de plus en plus conscients de la dangerosité de toutes les drogues, même les licites comme le tabac et l’alcool, et sont de moins en moins "conciliants vis à vis des consommateurs".

Car, effectivement, avec application, 92% pensent que l’héroïne est dangereuse dès la première expérimentation, 89% pour la cocaïne ( ah bon), 62% pour le cannabis, 43% pour le tabac, alors que seulement 10% pensent que l’alcool est dangereux dès la première expérimentation !

Or les ravages de l’alcool et de l’addiction qu’il entraîne, avec plus ou moins de force, de l’alcoolisme mondain plus retenu, à celui dit populaire, plus utilitaire et parfois moins maîtrisé dans ses manifestations, sont tout aussi reconnus médicalement que ceux de la coke par exemple.

Alors pourquoi cette différence extraordinaire d’appréciation ?
Très probablement parce que l’alcool ne subit en presque rien les foudres de la loi, à part les contrôles routiers, grâce à la puissance des lobbies qui circonviennent régulièrement, sous divers prétextes, le corps législatif de notre cher pays ou les commissions européennes.

Que répondriez-vous si par téléphone l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies vous questionnait sur votre perception de toutes ces calamités sur lesquelles, de plus en plus régulièrement, les sacro-saintes infos se lamentent ?
Et bien il y a fort à parier que vous aussi, ardent partisan de petites fumettes, vous affirmeriez votre réprobation. Avoue-t-on ses faiblesses à n’importe qui dans le contexte hyper répressif en cours actuellement ? Y compris pour le tabac dont le prix a tellement augmenté, que vous savez bien que le gouvernement réprouve son usage, en théorie pure ...
Par contre pour l’alcool, simplement interdit aux mineurs et peu recommandé pour les femmes enceintes, comme vous ne voyez pas particulièrement ce qu’il convient de dire pour plaire, vous laissez plus facilement la sincérité innocente l’emporter.
D’où l’ahurissante différence de perception de la dangerosité.

Si l’on ajoute à ça la probable rédaction légèrement insidieuse des questions, le résultat devient tout à fait conforme aux espérances.
Ce qui tombe bien, parce que Madame la Ministre a spécifié qu’elle attendait, entre autre, cette enquête pour décisionner sur la question des drogues et du cannabis en particulier, en dépit des actions d’Act Up, des rapports d’ASUD, des sollicitations des cellules de réflexion de l’Assemblée, etc...
La boucle est donc bouclée.

Pourtant ne désespérons pas totalement, il y a les avancées des pays limitrophes, qui eux cherchent véritablement des solutions réalistes en prenant appui sur les faillites des prohibitions (Cf l’alcool, justement, aux USA). Il se peut qu’il y ait tout de même quelques expérimentations accordées. La France sarkozienne est "vertueuse" avant tout, au mépris total d’un grand nombre de ses citoyens, bien que la fracture sociale existe aussi dans ce domaine, les exemples abondent, cependant elle risque d’hésiter à paraître complètement bornée .

Néanmoins, les rares arbustes décharnés -une petite salle de consommation accordée par-ci, par-là, temporairement- ne doivent pas cacher la forêt prohibitioniste. La mobilisation ne doit pas céder au découragement. Et puis, l’illégalité ne touche pas encore les vitamines qui boostent les efforts...

Un message, un commentaire ?

Soutenir par un don