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"Justice partout, police nulle part"

par Fabrice Bonnet

A force de surfer sur les thèses racistes du FN et de ses tentaculaires ramifications xénophobes dans l’appareil d’état, depuis 2002, il ne se passe pas une semaine sans que les thèmes de l’insécurité, de l’immigration, de la délinquance ne soient amalgamés pour toujours plus en rajouter... sur un mode sécuritaire, comme un aveu d’échec ! (Cf. Laurent Bonelli in Le Monde Diplomatique - septembre 2010). Auparavant nous désignions la "sûreté publique", aujourd’hui la modernisation du langage nous fait dire "sécurité intérieure". Une évolution sémantique qui en dit long sur le glissement idéologique opéré.

Une politique de la sécurité prétendument devenue "premier droit des français" qui doit être interprétée comme un aveu d’échec du contrat social - et républicain serait-on tenté d’ajouter tant le niveau atteint par la surenchère démagogique gouvernementale devient inquiétante. Réformer les inégalités scandaleuses, donner un cadre valorisant à chaque jeune issu de familles démunies aussi bien en banlieue qu’au fond d’un village rural. mais aussi aux étudiants, aux retraités, aux travailleurs, aux sans papiers, aux gens du voyage, aux ouvriers grévistes en lutte contre les délocalisations.... Leur donner de l’espoir au lieu de distribuer des coups de matraque, seule méthode privilégiée pour augmenter l’indice de satisfaction sécuritaire ou pour diminuer le "sentiment d’insécurité". La sécurité c’est simplement se sentir en phase avec la société dans laquelle on vit.

Mais ça, c’est une politique de préoccupation sociale, de travail et d’investissement, tout le contraire de ce que nous propose ce gouvernement qui démantèle jour après jour les emplois, les services et l’espace publics.

Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.” (Benjamin Franklin)

Il est grand temps de sortir de ce constat dramatique, et de trouver la voie d’une société ouverte, attentive aux besoins de tous ses citoyens et qui reposerait sur la justice partout et la police nulle part.

PS : Au moment où je poste ce texte, je découvre l’affiche du prochain Congrès du FN... où sur fond de drapeau tricolore, Marianne semble faire le salut fasciste ou nazi.

C’est sans doute une reprise de la "Liberté guidant le peuple" de Delacroix, ou une réminiscence de la "statue de la Liberté" et l’effet est là, 100% récupération. Mais aussi, une énorme provocation de la République détournée de son sens par les partis d’extrême droite, comme si eux seuls étaient légitimes dans la filiation : A l’image de cette silhouette blanche, bras tendu sur le fond bleu symbolisant la droite, tournant le dos au rouge du drapeau. Au delà de discours nocifs qui encombrent un paysage politique suffisamment brouillé en ces temps post démocratiques.

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