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Le Pérou demande la libération de Bernard Rappaz.

Madame,

Je reviens précisément de Neuchâtel où j’ai donné une conférence à l’Institut d’Ethnologie de l’Université qui avec la publication récente d’un ouvrage intitulé "Des Plantes Psychotropes" est à l’avant-garde de la réflexion sur le sujet des avantages et risques de l’usage de plantes enthéogènes. Il est malheureux qu’alors la réflexion francophone scientifique en ce domaine se tourne vers Neuchâtel, dans le même temps, la politique de "guerre à la drogue" qui a amplement démontrée non seulement son inefficacité -mais sa réelle dangérosité, devienne l’instrument de mise à mort d’un homme appelé Bernard Rappaz.

Je suis médecin fondateur et directeur de Takiwasi, un Centre de Traitement des Toxicomanes au Pérou et qui par ses aspects novateurs fait référence actuellement en Amérique du Sud et au-delà, reconnu par le Ministère de la Santé du Pérou et doté de diverses reconnaissances internationales. J’ai participé aux réunions des représentants d’ONG auprès des NU pour leur dernières Assemblées Générales (1998 et 2008).

Je ne partage pas la "passion" de M. Rappaz pour le chanvre et je considère qu’il y a des effets de dépendances avérés chez certaines personnes... puisque j’en traite régulièrement. Mais la Cannabis sativa est une plante médicinale de premier ordre et surtout mal utilisée dans le contexte ludique "festif" contemporain. Je vous joins en référence un article que j’ai publié sur ce sujet. Cependant, je crois tout à fait injuste et abusif de condamner pratiquement un homme à mort pour défendre ardemment sa conception des bienfaits du cannabis. Si M. Rappaz a peut-être passé la limite dans le domaine de la production de cannabis, le gouvernement valais la passerait certainement bien plus en osant accepter mort d’homme pour un tel fait. Ce serait de l’indécence et une marque de recul dans la mesure des peines proportionnelles, une dégradation de l’éthique et à vrai dire un outrage au bon sens et à la dignité humaine.

Sachez, Madame, qu’à travers nos réseaux, la communauté académique américaine sera tenue au courant de votre position et largemment informée de votre décision. Nous avons suffisamment d’amis suisses très chers pour ne pas souhaiter avoir à leur faire honte d’une décision politique injuste, hideuse, indigne d’une culture civilisée et qui présente des relents de barbarie inacceptables.

Nous vous demandons instamment de libérer M. Rappaz et de démontrer par ce fait que cette politique de la guerre à la drogue est une infamie qui ne saurait emporter l’adhésion du peuple suisse, peuple instruit, mesuré et prudent. Tous nos amis péruviens nous accompagnent dans cette démarche : le Pérou réclame la libération de Bernard Rappaz.

Dr. Jacques Mabit, médecin

Fondateur et Président du Centre Takiwasi

Membre honoraire du Collège des Psychologues du Pérou

Professeur extraordinaire, Université Scientifique du Sud, Lima

Fellow Fondation Internationale Ashoka

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Date : Mon, 29 Nov 2010 23:04:23 -0500

Subject : Le Pérou demande la libération de Bernard Rappaz

From : jakmaby(@)gmail.com

To : esther.waeber(@)bluewin.ch

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