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Rentrée bouillante

Il y a urgence, car, si les syndicats et les citoyens se mobilisent sur les retraites le 7 septembre, en se calquant sur la session extraordinaire de l’assemblée Nationale, décrétée le 27 juillet, en fait, le jour même, commence au Sénat les séances qui examineront les projets de lois votés par l’ Assemblée concernant "la performance de la sécurité intérieure" (sic)

On peut faire l’hypothèse que le Sénat n’a pas choisi innocemment cette même date de rentrée. Les débats sur les retraites laisseront également dans l’ombre les autres lois qui vont être examinées rapidement à la suite, comme les retoquements de la loi Besson sur les étrangers.

C’est aux lois Loppsi 2 sur la sécurité intérieure, ou à la loi sur l’immigration, l’intégration et la nationalité que seront vraisemblablement ajoutés dans les jours qui viennent les amendements annoncés cet été. Or, la date limite pour les amendements de séance pour la loi Loppsi 2 est fixée, apparemment, au 2 septembre.

Que la date du 7 septembre soit commune à ces deux évènements fait courir le risque que certains parlementaires se joignent aux manifestations syndicales et populaires laissant ainsi leur chaise vide pour ces relectures de loi, très importantes puisque le sénat est l’instance décisionnelle en fin de parcours . En tout cas, leur examen débute le 7 et se prolongera jusqu’au 9 septembre au Sénat : ne serait il pas envisageable de constituer une veille citoyenne, avec une groupe de manifestants présents en permanence ?

Or c’est par leur fonction que les parlementaires vont être en première ligne pour agir. Vont-ils entériner les projets gouvernementaux, ou sauront-ils défendre leur droit à un temps d’examen nécessaire à ces lois complexes et controversées, et surtout entendre les contestations qui montent de toute part contre cette évolution contraire aux valeurs fondatrices de notre pays ?

C’est une question de responsabilité collective.

Un autre élément qui pourrait cristalliser davantage certaines divisions au sein de la population : l’article 37 quater de la loi sur la sécurité intérieure est consacré au développement de la réserve civile de la police, et au service volontaire citoyen de la police.

Même s’il est bien précisé qu’il ne s’agit pas de confier à ces volontaires des fonctions de maintien de l’ordre, il n’empêche que l’on peut se demander quelle conséquence pourrait avoir le fait pour certains, d’avoir, par exemple, un rôle officiel d’"éducation à la loi" au sein d’une population civile. On imagine le pire, type milices para-policières...

Surtout s’il advenait un jour un pouvoir sans légitimité populaire en état d’urgence !

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Loi LOPPSI : le Gouvernement demande la pénalisation et l’expulsion expéditive et arbitraire à l’encontre des squatters, des occupants de bidonvilles ou d’un “habitat choisi” ...

Réunion unitaire en urgence mercredi 8/09/10 soir à 20h (lieu non défini)

L’examen au Sénat a commencé mardi soir et doit se terminer dans la nuit de jeudi vendredi ... Il faut donc faire vite.

Nous découvrons ce soir l’article 32 ter A de la loi LOPPSI, en cours d’examen au Sénat (du mardi 7 au jeudi 9 sept ), complété par un amendement gouvernemental (n° 404) dans lequel est prévu la mise en place d’une procédure expéditive et arbitraire diligentée par le Préfet pour expulser les squatters de logements, de locaux et de terrains. Il écarte l’intyervention du juge, habituellement gardien du “domicile du citoyen”, ou de la “résidence principale”.

Le Préfet pourra expulser sans jugement, contre l’avis du propriétaire ou à sa place, en piétinant la trêve hivernale des expulsions, la loi DALO, sans obligation de relogement ni même d’hébergement ...

Sur une simple “mise en demeure” du Préfet, l’occupant aura 48h minimum pour quitter les lieux, faute de quoi il serait passible d’une amende de 3750 euros . Il s’agit là de forcer l’occupant à partir de lui même.
Certes, un recours est créé, par le biais du Tribunal administratif, mais par essence il est complexe, et difficilement accessibles aux personnes en situation d’exclusion par le logement.

Le Préfet se substituerait au propriétaire du terrain, même contre son gré, s’appuyant sur des motivations très vagues de salubrité publique, de sécurité publique ou de tranquillité publique. Ces notions sont extensibles à merci, et applicables à toute situation que le Préfet aura décidé d’éradiquer. De nombreux abus de pouvoir en perspective ...

Le gouvernement a trouvé un moyen pervers d’expulser des personnes et familles en général sans logis, en situation de précarité, qui n’ont d’autre solution que d’occuper des logements, des locaux ou des terrains vacants.
Une nouvelle fois la justice est évincée, au profit des pouvoirs de police du Préfet.

Des exemples concrets :

- Pour les roms, et les gens du voyage qui ont été stigmatisés par le chef de l’État cet été, cet article prévoit l’évacuation arbitraire, sur la simple appréciation du Préfet, de terrains appartenant à d’autres personnes que l’État, ainsi que la destruction des constructions édifiées, et des caravanes, assortie d’une amende de 3750 euros.

- Les occupants de locaux, ou squatters de logements et locaux vides. Artistes, mal logés, alternatifs ... Là aussi la notion de “réunion” est suffisamment floue, tout comme les motifs ou “prétextes”, que le Préfet invoquera.

- Habitants de yourtes, de cabanes ou de tipis, dont les habitations pourront être détruites , (y compris lorsque les occupants sont eux même propriétaires dudit terrain) sont aussi visés par cet article .

- Les sans abris du bois de Vincennes, par exemple, si le Préfet démontre qu’ils se sont installés “en réunion”, (il suffit de trois personnes pour agir en réunion) ...

Dans tout les cas d’occupation sans titre d’un terrain ou d’un logement (un logement c’est un immeuble), cet article pourrait s’appliquer, y compris sur des occupation antérieures à la Loi ....

Pour info : le rapporteur du projet de loi est sénateur maire de Macon .

Projet de loi, et en gras l’amendement 404 présenté par le Gouvernement :

Article 32 ter A (nouveau)

I. - Lorsqu’une installation illicite en réunion sur un terrain ou dans tout local appartenant à une personne publique ou privée en vue d’y établir des habitations comporte de graves risques pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques, le représentant de l’État dans le département, ou, à Paris, le préfet de police, peut mettre les occupants en demeure de quitter les lieux.

La mise en demeure est assortie d’un délai d’exécution qui ne peut être inférieur à quarante-huit heures. Elle est notifiée aux occupants et publiée sous forme d’affichage en mairie et sur les lieux. Le cas échéant, elle est notifiée au propriétaire ou titulaire du droit d’usage du terrain ou du local.

Lorsque la mise en demeure de quitter les lieux n’a pas été suivie d’effet dans le délai fixé et n’a pas fait l’objet d’un recours dans les conditions prévues au II, le préfet peut procéder à l’évacuation forcée des lieux, sauf opposition du propriétaire ou du titulaire du droit d’usage du terrain ou du local dans le délai fixé pour l’exécution de la mise en demeure. Le cas échéant, le préfet saisit le président du tribunal de grande instance d’une demande d’autorisation de procéder à la destruction des constructions illicites édifiées pour permettre l’installation en réunion sur les lieux (terrain) faisant l’objet de la mesure d’évacuation. Le président du tribunal ou son délégué statue, en la forme des référés, dans un délai de 48 heures.

Lorsque le propriétaire ou le titulaire du droit d’usage du terrain ou du local fait obstacle à l’exécution de la mise en demeure, le préfet peut lui demander de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser l’atteinte à la salubrité, à la sécurité et à la tranquillité publiques, dans un délai qu’il fixe.

Le fait de ne pas se conformer à l’arrêté pris en application de l’alinéa précédent est puni de 3 750 euros d’amende.

II. - Les personnes destinataires de la décision de mise en demeure prévue au I, ainsi que le propriétaire ou le titulaire du droit d’usage (du terrain) des lieux peuvent, dans le délai fixé par celle-ci, demander son annulation au tribunal administratif. Le recours suspend l’exécution de la décision du préfet à leur égard. Le président du tribunal ou son délégué statue dans un délai de soixante-douze heures à compter de sa saisine.

Objet :

Lorsque des terrains appartenant à une personne publique ou privée sont occupés de façon illicite par des campements présentant de graves risques pour la salubrité, la sécurité ou de la tranquillité publiques, l’article 32 ter A permet au représentant de l’Etat dans le département, et à Paris le préfet de police, de mettre les occupants en demeure de quitter les lieux et de procéder à leur évacuation d’office.

L’amendement proposé a pour objet d’étendre ce dispositif, non seulement aux différents types de terrains extérieurs, mais aussi aux sites bâtis.

L’expérience montre en effet que des bâtiments font souvent l’objet d’occupations illicites ; c’est la raison pour laquelle il est proposé de les inclure dans le dispositif d’évacuation d’office.

Commentaire :

Le Gouvernement vient de décider de sang froid d’éradiquer toute formes d’habitat de fortune dont dispose les personnes vulnérables, lorsque la location privée, l’accès au HLM ,et les dispositifs d’hébergement sont rendus impossibles, ou de logement/lieu de vie alternatif .

Ou devront ils aller se cacher pour dormir, survivre, se chauffer ? Sous terre ? Sur les trottoirs ? Dans les espaces publics ?, dans les caves et les taudis aux mains des marchands de sommeil ?
Il fut un temps où l’on éradiquait les bidonvilles en relogeant les occupants dans les HLM, où l’on relogeait les squatters plutôt que de les jeter sur la voie publique, où l’on appliquait la loi de réquisition. ..

Aujourd’hui les exclus du logement, les précaires, les artistes squatters, sont réprimés et le Droit au logement est bafoué, comme en témoigne le non respect de la loi DALO .

DAL

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