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EFUS : La résolution Démocratie, Villes et Drogues

La résolution de Vienne, présentée par l’Efus lors de la conférence DC&D II

Depuis sa création, l’Efus travaille sur la question des drogues en milieu urbain et il a coordonné différents projets sur la prévention de la consommation de drogue et la prévention des risques. Le Forum a mis cette expérience de plus de vingt ans au profit du projet européen “Démocratie, villes et drogues”, qui a été à deux reprises co-financé par la Commission européenne dans le cadre de son programme de Santé publique.

Ce projet s’est conclu par la conférence “New Challenges, NEW SOLUTIONS”, les 23, 24 et 25 février derniers à Vienne (Autriche). Elle a rassemblé plus de 140 participants, représentant 105 villes et institutions de 19 pays européens.

L’un des objectifs de cette conférence a été l’adoption d’un manifeste politique destiné à tous les responsables impliqués à l’échelle locale, nationale et internationale dans le domaine de la drogue.

Vous retrouverez cette résolution ci-dessous, ou ici, en PDF. Nous vous invitons à nous faire part de vos commentaires en bas de cette page. Nous espérons que ce document vous sera utile dans vos réflexions sur la mise en place de politiques de prévention et que vous aurez la possibilité de le diffuser auprès de votre réseau.

La résolution Démocratie, Villes et Drogues

La vente et la consommation des drogues sont des phénomènes profondément inscrits dans les espaces publics de nos villes. En tant qu’élus représentant le bien commun, nous devons prendre acte de cette réalité et faire en sorte d’en limiter les effets nocifs pour les personnes, les familles et le public. Toute démarche doit être fondée non sur l’idéologie, mais sur le réalisme et l’analyse des faits, et particulièrement sur les résultats de l’évaluation scientifique ordonnée par la Commission européenne [1].

Un certain consensus existe déjà en la matière. Il se retrouve notamment dans le Manifeste de Saragosse (2006), la Déclaration de Vienne (2010) et la Déclaration de Prague (2010) qui énoncent certains principes et recommandations que nous souhaiterions rappeler ici.

Les questions de sécurité et de santé publique ne doivent pas être vues comme contradictoires en la matière, mais bien complémentaires et interdépendantes l’une de l’autre.

Dans ce cadre, il est particulièrement nécessaire de veiller à ce que les droits humains fondamentaux soient garantis pour les personnes souffrant de détresses sévères liées à l’usage de drogues. En effet, ces détresses doivent avant tout être considérées comme des maladies.

Les politiques essentiellement répressives envers les consommateurs se sont révélées clairement inadaptées. Elles accentuent la stigmatisation et maximisent les risques. Pour les personnes. Pour les communautés.

La lutte contre le trafic, notamment au niveau international, et l’organisation du marché sont les priorités de ces politiques et non les consommateurs.

Les politiques locales sont reconnues comme celles ayant l’impact le plus direct sur la situation en matière de drogues. Le niveau local s’avère également indispensable à la récolte d’informations et au développement d’expériences novatrices.

Il revient aux autorités locales de favoriser les conditions permettant le développement du « mieux vivre ensemble », chacun pouvant affirmer sa citoyenneté et contribuer à la construction d’une cohésion sociale ; cela concerne aussi les consommateurs et les personnes souffrant d’addiction aux substances psychotropes.

Ces politiques locales doivent s’inscrire dans un cadre national et international déterminé mais doivent absolument être adaptées à chaque situation spécifique. Il est donc essentiel que les autorités locales soient dotées des moyens et des marges de manœuvres nécessaires à l’expérimentation de réponses innovantes. La répartition des dépense publiques doit marquer une volonté affichée d’équilibre entre réduction de l’offre, réduction de la demande et réduction des dommages.

Les conventions internationales doivent elles aussi reconnaître cet équilibre. Elles doivent être revues à la lumière de ladite évaluation de la Commission européenne constatant leur échec tant dans le domaine de la sécurité publique que de la santé publique.

Le réalisme et le pragmatisme doivent s’accorder avec les droits et libertés de chacun.

En référence aux textes précédemment cités et suite au projet Démocratie, Villes et Drogues, les villes européennes engagées dans le Forum européen pour la Sécurité urbaine ainsi que les partenaires de ce projet se lient autour des principes suivants :

1. Renforcer, encore et toujours, les partenariats et les formes de coopération afin de permettre à chacun – y compris les usagers - d’apporter une contribution à cette démarche commune ;

2. Encourager un débat global sur la décriminalisation maîtrisée de ces questions de santé que sont les consommations de drogues et particulièrement l’addiction aux produits psychotropes ;

3. Orienter, de ce fait, plus clairement l’appareil répressif vers le contrôle des marchés notamment internationaux et ainsi reconnaître les trafics de drogues et l’économie souterraine qui y est liée comme un des principaux éléments destructeurs de la cohésion sociale et du vivre ensemble dans nos villes ;

4. Toujours essayer de renforcer la coopération et le dialogue entre les mondes scientifique, politique et technique ;

5. Faciliter la tâche des responsables locaux lorsqu’il s’agit d’adapter l’offre de soins aux réalités des citoyens concernés et pour développer des politiques de prévention, notamment à destination de la jeunesse.

6. Porter une attention particulière lors de toute démarche préventive ou thérapeutique au public féminin.

Les groupes vulnérables doivent également bénéficier de politiques spécifiques et adaptées.

7. Envisager le suivi thérapeutique comme une alternative crédible à l’incarcération. Mais veiller également à ce que les personnes incarcérées bénéficient d’une offre de soins adaptées.

8. Garder à l’esprit, dans toute démarche nationale ou internationale, que les trafics et la consommation de drogues ne sont pas seulement une affaire de métropoles et qu’il existe partout en Europe des villes, petites et moyennes, qui cumulent les difficultés et sont victimes d’inégalités flagrantes en termes de moyens et d’offre de soins.

Voir en ligne : Le site de l’EFUS


[1Reuter, Peter (RAND) and Trautmann, Franz (Trimbos Institute) (Editors) : A report on Global Illicit Drugs Markets 1998- 200, European Communities, 2009

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