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Propos sur les élections à venir

En ces temps électoraux, se vouloir le champion de l’anti prohibition cannabique peut procurer une "minute de gloire" plus ou moins locale, chère à Beuys et Warhol…

Mais qu’est ce que la prohibition ? Si ce n’est une interdiction légalisée, engendrée par la morale (enfin ce qui en tient lieu) ou l’économique, et très souvent l’interférence des deux.

Cela s’applique aux drogues et au cannabis. Mais cela imprègne aussi l’état d’esprit ambiant. Le traitement réservé aux sans papiers fait partie de cette pensée prohibitionniste, la manière dont l’état français traite les conséquences de l’éclatement des bulles financières, relève aussi de cet état d’esprit.
Se contenter de honnir les banlieues ramassis d’incapables affiliés à la mafia en est également l’émanation. Conseiller à des SDF de rester chez eux s’y apparente. Comme revendiquer une hiérarchie de civilisation. En ceci que ressort alors combien est censurée mentalement une juste appréciation du monde au profit d’une pensée unique voulant contrôler la société.

La prohibition revendiquée c’est penser peu mais bien. Ce contre quoi s’élève Cannabis Sans Frontières.

Parce que le cannabis n’est qu’un épiphénomène de la société.
En réalité, ce n’est qu’une plante dont les effets de relaxation sont utilisés depuis la nuit des temps et dont la toxicité largement étudiée s’est révélée d’autant plus inoffensive que la fleur est utilisée seule.
Le fait de l’avoir interdit en la parant d’une aura maléfique contribue par contre vraisemblablement à provoquer un certain attrait.

Surtout cela a donné l’idée aux laissés-pour-compte de la commercer pour se procurer le superflu ou le nécessaire, les deux étant liés depuis Voltaire.
C’est bien parce que l’état n’a rien fait pour permettre aux plus vulnérables de s’insérer vaille que vaille dans la société, que ceux-ci se sont débrouillés par eux-mêmes, avec les moyens qu’on leur laissait.

Parce que lorsque on vit dans certaines conditions fragiles, en butte à une méfiance souvent agressive à cause d’un faciès dont on n’est pas responsable, donc que l’interdit serait limite d’être juste soi-même, les condamnations légales n’ont plus grand poids.

Pour Cannabis Sans Frontières, légaliser le cannabis est particulièrement emblématique, mais ne masque pas les autres aspects sociétaux entraînés par l’encadrement dogmatique et autoritaire d’une oligarchie qui prétend appliquer aux autres ce dont elle se dispense. La coke par exemple ne sert pas que pour dynamiser les teufs ou les ouvriers démoralisés. Observons également que les grands commerçants de hasch coulent des jours tranquilles pendant que les cages d’escaliers HLM servent de pâture à une police inadaptée.

L’arrogance actuelle de l’Etat, qui ne peut envisager de se préoccuper de ce qu’il méprise visiblement, à savoir la survie du plus grand nombre de ses citoyens est une forme de proscription, à l’égal de celle du cannabis.

La population concernée étant aussi peu pathogène que la fleur de chanvre. Elle ne fait que devenir ce qu’on la force à paraître.

C’est pourquoi, Cannabis Sans Frontières souhaite que les candidats prennent en compte cette revendication sur le cannabis, mais ne la séparent pas des désordres sociaux que cela révèle.

Il faut permettre aux petits dealers banlieusards ou assimilés, les plus nombreux, de se retrouver dans un système éducatif qui ne se fera pas au rabais, qui sera basé sur la culture générale au lieu de l’évincer, et leur permettra de se construire au lieu d’être des égarés dans un système où rien ne peut leur parler sauf la technologie basique. Il faut réhabiliter les valeurs républicaines, de justice égalitaire, de fraternité, de liberté, celles qui originellement concernent et intègrent tout le monde, et ne pas cautionner les dérives d’une république qui écarte ceux qu’elle laisse à la traîne par indifférence et dédain.

C’est bien dans ce sens que Sans Frontières définit Cannabis, et c’est aussi sur une rénovation sociale que se rassemble la mouvance qui nous soutient.

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