Menu

Accueil > Paroles Libres

Gilets FLUO : Tout au bout de la liste des exclus, un ovni de normalité

La première réunion avec les membres de la liste Fluo va emporter définitivement son adhésion. Elle a lieu dans une cave, « où l’en entendait la chasse d’eau qui passait », raconte-t-il, avec un brin de tendresse pour cette pauvreté de moyens. C’est surtout l’histoire personnelle et le volontarisme de Maîtresse Gilda qui va le marquer. Personne trans’ et prostituée, elle est cofondatrice du Strass (Syndicat du travail sexuel) et tête de liste dans les Hauts-de-Seine. « J’ai bien vu que la rencontre avec les personnes prostituées l’avait extrêmement touché », se souvient son amie. « Ce qui m’a plu, c’est le sentiment d’humanité très profond de ces gens. Je savais avant qu’il y avait des personnes démunies, et j’étais conscient de ces situations. Mais que des personnes démunies trouvent le courage et le temps de s’impliquer pour d’autres, oui, cela m’a impressionné. Si eux le font, alors oui, moi aussi je peux le faire », raconte-il, disant ressentir une « très grande fierté » d’appartenir à ce groupe. « Je suis bien conscient que j’apporte une caution de normalité à cette liste. Mais en fait, la question que l’on devrait se poser est inverse, elle est plutôt : comment se fait-il que des gens au parcours aussi exceptionnel m’acceptent ? » dit-il, humblement.

L’open source, un sujet qui lui tient à coeur
D’où lui vient cette ouverture d’esprit ? Né en Algérie, de parents qui faisaient la coopération, il a beaucoup vécu à l’étranger. Ses parents, dit-il, lui ont inculqué des valeurs d’humanité. « Durant seize ans en Afrique et en Polynésie française, je n’ai jamais entendu mon père émettre un seul jugement ou formuler des généralités sur les populations locales des pays où il vivait. » Travailleur, il a brûlé les étapes dans sa carrière, a été embauché chez Thales après un bachelor en aéronautique et un MBA en management, puis est devenu ingénieur système au bout de six mois d’un travail acharné où il a « très peu dormi », quand d’autre franchissent ce cap après quinze ans de carrière.

Même s’il a tout d’un homme très normal, comme il se plaît à le répéter, ses proches ne sont pas si surpris de le voir s’engager auprès d’une telle liste. Il aime d’ailleurs lui-même surprendre. En 2003, alors toute nouvelle recrue dans l’entreprise Thales, il a raflé un appel d’offres lancé par la mairie de Pais, un marché que tous jugeaient perdu d’avance. La recette : il a remplacé les logiciels payants par des logiciels libres, une vraie révolution à cette époque, qu’il n’aurait sans doute « jamais pu accomplir s’il avait été sous la supervision étroite d’un responsable », tant le geste était audacieux. L’open source est devenu un de ses combats, et c’est ce qui l’a aussi attiré chez Fluo, qui a fait venir dans ses rangs le Parti pirate, très actif sur ces sujets. Arnaud Ceyzeriat a pu lui aussi y mettre sa patte de spécialiste.

Pas fumeur de cannabis
À Colas Rail, l’entreprise ferroviaire où il travaille désormais, il a réussi à convaincre sa direction de mettre sous licence libre les logiciels qu’elle développe, faisant ainsi le pari que les clients préféreront les entreprises qui ne les obligent pas à être captifs. Et cela a marché. La « plateforme », comme l’appelle les employés, où se trouvent des techniciens qui gèrent à distance la vidéosurveillance des lignes de rail, fonctionne aujourd’hui en grande partie grâce à des outils dont tout le monde peut s’inspirer.

« Si un jour il était vraiment élu, ça m’embêterait de le perdre ! » dit son ex-responsable technique qui passe là par hasard. L’homme ne partage visiblement pas toutes les idées de Fluo, qu’il estime un peu « guignolesque ». Devant lui, Arnaud Ceyzeriat reconnaît d’ailleurs que l’insistance sur le cannabis le gêne un peu, lui qui n’est pas fumeur du tout mais souhaiterait néanmoins une légalisation « pour éradiquer les mafias ».

Dans l’entreprise Colas Rail, avec les employés de la plateforme.

« Un jour ma fille autiste pourra être autonome »
L’autre grand combat de sa vie, c’est l’autisme, dont une de ses filles est atteinte. Il a d’ailleurs là aussi contribué à la rédaction d’un document sur le sujet pour Fluo, qui a été intégré comme proposition du programme des régionales. Cette proposition demande de « favoriser l’inclusion et la scolarisation en milieu ordinaire des enfants handicapés, y compris dans les activités périscolaires », de « faciliter la prise en charge de tous les enfants en situation de handicap et des enfants autistes » et de « suivre les préconisations de la Haute Autorité de santé (HAS) pour la prise en charge du handicap ». Des propositions « pas révolutionnaires », selon lui, mais qui ne sont tout simplement pas ou mal appliquées aujourd’hui.

Voir en ligne : Slate.fr

Un message, un commentaire ?

Soutenir par un don